🌳 L’Oiseau Chie Son Propre Malheur

Turdus ipse sibi malum cacat


« Tu trouveras dans les forĂȘts plus que dans les livres. Les arbres et les rochers t’enseigneront les choses qu’aucun maĂźtre ne te dira. » Saint Bernard De Clairvaux. 

Gui est lĂ  ? À l’approche de la Saint Sylvestre je vais recueillir des infos sur…- devinez quoi ? Je viens de tomber la dessus en cherchant la grive…

https://tamanoirs.jimdo.com/fiches-oiseaux/ 👈 Cute…

Le Gui, la Grive draine et la Fauvette Ă  tĂȘte noire

L’histoire d’un pied de gui commence par le transport de ses semences par les oiseaux frugivores, plus prĂ©cisĂ©ment amateurs de baies. Curieusement, alors que les baies sont rares en hiver, peu d’oiseaux consomment celles du Gui. Les ornithologues qui ont Ă©tudiĂ© le rĂŽle des oiseaux dans la dispersion du parasite en note deux : la Grive draine et la Fauvette Ă  tĂȘte noire. Ces deux espĂšces ne se nourrissent pas uniquement de baies de gui : elles prĂ©sentent un rĂ©gime alimentaire gĂ©nĂ©raliste. La Grive draine avale 7 Ă  8 baies entiĂšres. Lors du transit intestinal, la pulpe est digĂ©rĂ©e, puis les graines enrobĂ©es de viscine sont rejetĂ©es dans les fientes.  Les dĂ©jections peuvent avoir lieu en vol ou Ă  l’occasion d’un arrĂȘt de la grive sur un nouvel arbre. Un tel mĂ©canisme de dissĂ©mination est appelĂ© endozoochorie. On observe dans la nature ces chapelets de graines blanc-verdĂątres, accrochĂ©s aux branches par les fils gluants de viscine. Le nom latin de la grive, signifie d’ailleurs « mange gui », Cette dissĂ©mination par les fientes est connue depuis l’antiquitĂ© : un proverbe dit : « l’oiseau chie son propre malheur », allusion Ă  l’emploi des baies de gui pour confectionner la glu, utilisĂ©e justement pour capturer l’oiseau.

Grive draine

Turdus viscivorus & Fauvette Ă  tĂȘte noire Sylvia atricapilla âŹ‡ïžŽ

Un spécialiste du Gui: https://mistletoediary.com/2008/12/

https://mistletoediary.com/2017/12/12/birdlime-1-sticky-ends/?fbclid=IwAR0tXp85OcxEr1Pj3kM21jD0p3SH7dDj5akwmW9fpfMK5zDfbZ7YLS3QnGQ


ÇA TOURNE ?

LA SUITE TRÈS VITE…

Loki prit un bĂąton de gui, le donna Ă  Höd, le dieu aveugle, et guida son bras pour qu’il le jette sur Baldr, qui fut transpercĂ© et mourut aussitĂŽt.

Je vais me mettre Ă  fouiller tout ça… WikipĂ©dia est une encyclopĂ©die pratique mais pas assez fiable c’est vraiment dommage …

Cute : Tout ce que Panoramix ne nous a pas dit sur le gui


Le gui, la plante mythique des Gaulois, est toujours aussi prisĂ©e en fin d’annĂ©e pour dĂ©corer les lieux du rĂ©veillon, afin de porter chance pour la nouvelle annĂ©e.  Souvent associĂ© au rĂ©veillon du Nouvel An, le gui est une plante symbole d’immortalitĂ© car ses feuilles sont toujours vertes mĂȘme si l’arbre qui le porte semble mort. Ce drĂŽle de vĂ©gĂ©tal n’a en plus aucun contact avec le sol ! Botaniquement, il fait parti de la famille des Loranthaceae, et se nomme Â« Viscum album Â».

Le gui, une plante toxique qui guérit

Le gui est un semi-parasite qui se fixe sur la branche d’un arbre dont il pompe la sĂšve, puis transforme cette derniĂšre avec la chlorophylle de ses propres tiges et feuilles. Il prend la forme de touffes ramifiĂ©es et arrondies, de couleur vert jaunĂątre. DĂšs l’époque gauloise, on a exploitĂ© les propriĂ©tĂ©s thĂ©rapeutiques de cette plante atypique, suspendue entre ciel et terre. Le gui Ă©tait appelĂ© « plante qui guĂ©rit tous les maux » par les druides. Si les baies peuvent se rĂ©vĂ©ler toxiques pour les enfants, le gui a de nombreuses qualitĂ©s thĂ©rapeutiques. En particulier celle de ralentir le processus cancĂ©reux


Au gui l’an neuf

Chez les Celtes, le gui Ă©tait Ă©galement prisĂ© comme Ă©tant une plante Ă©cartant les dĂ©mons le jour du solstice d’hiver. Les druides allaient couper le gui avec une serpette d’or en s’exclamant : Â« O Ghel an Heu Â», une expression qui signifie « Que le blĂ© germe ! Â» Les druides le dĂ©posaient dans un linge pour qu’il ne touche pas le sol, afin de respecter son origine « extra-terrestre Â». Il est aussi considĂ©rĂ© comme un trait d’union entre le ciel et la terre, le sacrĂ© et le concret, et forme ainsi un symbole d’unitĂ©.  Cette union de deux ĂȘtres vivants, l’arbre et le gui, oĂč chacun se nourrit de l’autre, est considĂ©rĂ©e comme un porte-bonheur lorsqu’il dĂ©core une maison auquel il promet l’harmonie.

Le Gui. Sa biologie, ses usages et sa destruction.

🌳 https://www.persee.fr/doc/jatba_0370-3681_1923_num_3_22_4082

🌳 https://www.affo-nature.org/docs/letacq/pdf/369.pdf

🌳 https://krapooarboricole.wordpress.com/2008/12/11/le-gui-une-lumiere-sylvestre/

🌳 ://fr.wikipedia.org/wiki/Gui_(plante)

Sources :

Pline l’ancien, l’Histoire naturelle, livre XVI,
Jacques Brosse, la mythologie des arbres,
James Frazer, le rameau d’or,
Christian Guyonvarc’hles Druides, p.138-141,
Un portrait du Gui dressé par la mission agrobioscience (ici)
Un excellent dossier sur le Gui réalisé par un bucheron-sylviculteur passionné (ici)

Loki, the god of mistletoe mischief

Loki – the mischief-maker

The Norse God Loki is, usually, considered a major mischief maker, often evil, and the primary baddie in mistletoe-themed slaying of his fellow-god Baldr.

But he is also often portrayed as helpful and useful, though somewhat mischievous, so what is the truth (can you have a truth about a mythical god?).

Baldr slain with a mistletoe-spear, with Hod brandishing the weapon, overlooked by Loki (looking over Hod’s shoulder)

The Baldr story is fairly damning: Baldr, whose death has been foretold, has been given special protection by his mother (Frigg) who has made all animals, birds and all plants that grow in the soil swear never to harm him.

His fellow gods then amuse themselves by attacking him with weapons that cannot hurt him – until Loki makes a weapon from mistletoe. Mistletoe, which does not grow in soil, did not take the vow, and so can kill Baldr. That’s bad enough, but Loki makes it worse by persuading Hod, Baldr’s blind brother, to innocently make the fatal blow with the mistletoe-tipped weapon, ensuring that Hod gets the blame for Baldr’s death, at least initially.

Many accounts claim that this was Loki’s last act – his ultimate folly, and that he was imprisoned as a result.

But what of his career before this? What did Loki do, and was he good, bad or a bit of both? If you research the details online you’re likely to get very confused – as there are so many differing versions, and traditions, relating to Loki and his fellow gods. Even Wikipedia, normally such a reassuring source for information, has an instantly confusing entry for him – here’s the first paragraph:

In Norse mythology, Loki, Loptr, or HveĂ°rungr is a god or jötunn (or both). Loki is the son of FĂĄrbauti and Laufey, and the brother of Helblindi andBĂœleistr. By the jötunn AngrboĂ°a, Loki is the father of Hel, the wolf Fenrir, and the world serpent Jörmungandr. By his wife Sigyn, Loki is the father ofNarfi and/or Nari. By the stallion SvaĂ°ilfari, Loki is the mother—giving birth in the form of a mare—to the eight-legged horse Sleipnir. In addition, Loki is referred to as the father of VĂĄli in the Prose Edda.

The Mistletoe Myth of Lindow Man

Druidic links to mistletoe (see recent posts) are often, these days, considered established as fact, despite very little evidence. The Druids left no written records – and the only accounts we have are written by Romans (Pliny and Caesar) who may not have had direct knowledge, and who may also have had an interest in sensationalist propaganda about the natives of their conquered territories. Or maybe they wrote with absolute accuracy. We just don’t know.*

So we don’t really know that the Druids of northern Europe (France and Britain) worshipped mistletoe. And if they did we don’t really know why, or what form that worship took.

But it’s a good story, and it makes an interesting tradition for Druidry.  

Un spĂ©cialiste assez incroyable sur le gui, j’ai pas eu le temps de tout survoler sur son blog, ses pages et ses sites, incroyablement riche:👉 https://www.facebook.com/Mistletoe-Matters-119355398121215/

* La citation suivante prend du sens ici aussi: Tant que les lapins n’auront pas d’historien, l’histoire sera racontĂ©e par les chasseurs Howard Zinn.


Gui est là :👉 https://www.guiestla.org/img/gui-est-la-cahier-pedagogique-2016.pdf

Le gui (nom vulgaire Viscum album) est un arbrisseau parasite de la famille des loranthacĂ©es. DĂ©posĂ© par les oiseaux (principalement par les grives) qui frottent leur bec, chargĂ©s de graines, sur les rameaux, il Ă©met des petites racines nommĂ©s suçoirs qui pĂ©nĂštrent dans l’écorce et se rĂ©pande dans l’épiderme et les vaisseaux du bois. Ainsi le gui se nourrit de la sĂšve de son support et l’épuise. Il Ă©tait utilisĂ© autrefois en herboristerie pour soigner Ă©pilepsie, problĂšmes nerveux ainsi que la la coqueluche. Toxique Ă  forte dose il fait aujourd’hui l’objet de nombreuses recherches scientifiques pour dĂ©montrer ses bienfaits sur le systĂšme immunitaire et contre l’hypertension. Le gui aurait aussi la capacitĂ© d’inhiber les tumeurs cancĂ©reuses. Et si nos ancĂȘtres gaulois et leurs druides avaient raison !!!.


http://www.lesartsdurythme.fr/le-gui-plante-dun-autre-monde/
Med

http://biologie.ens-lyon.fr/ressources/Biodiversite/Documents/la-plante-du-mois/le-gui-une-plante-parasite-au-cycle-de-vie-original/

http://www.humanite-biodiversite.fr/temoignage-oasis/le-gui

Med

Welcome to Archibald :

SyncrĂ©tisme en cours…

Je suis tombĂ© sur une confĂ©rence exceptionnelle d’un vieux mĂ©decin trĂšs sage… Je vais la relire plusieurs fois et vous en ferait un rĂ©sumĂ©.

À signer : https://www.leslignesbougent.org/petitions/rendez-nous-le-gui-fermente/?fbclid=IwAR3nJC60ogYHs1dSh_l2M5EK1AJrNQa7OMNdbCP10I5XHzdFUf1iZbCDiiY

Je vais retirer un fil sur les Ă©vĂ©nements de la semaine passĂ©e, vu de ma fenĂȘtre :
M’enfin j’ai bien compris que j’avais plus trop de suiveurs, alors je fais ça pour l’honneur.
En France : On est mal question mĂ©decines alternatives, complĂ©mentaires, intĂ©gratives et traditionnelles, rien de neuf…
je viens de me faire une revue de presse sur les thérapies à base de Gui.
(Viscum Therapie – Mistletoe Therapy – Iscador Therapy).
En Angleterre les gens guérissent avec ça et le marché mondial des demandes
alternatives et intégratives en essais cliniques est en pleine croissance. La science avance et cherche.
Les plus grands hĂŽpitaux du monde cherchent et pratiquent et trouvent des trucs super positifs, il y a des cliniques hospitaliĂšres
qui font ça trĂšs bien en Europe. Ils cherchent et veulent trouver car ce qu’ils ont dĂ©jĂ  trouvĂ© leur dit que c’est forcĂ©ment ajustable.

For fun : https://theconversation.com/mistletoe-might-be-festive-but-


For fun : https://www.edp24.co.uk/
/keith-skipper-still-searching-for


Serious : https://statsflash.com/alternative-cancer-treatment-mark
/
/

Serious : https://www.dailymail.co.uk/
/Wife-51-says-297-year-MISTLET


Il y en a deux autres sympas Ă  signer :
https://www.leslignesbougent.org/
/rendez-nous-le-gui-fer
/

Et celle là:https://www.change.org/p/s-il-vous-pla%C3%AEt-a
/u/24978353


Et je mets Ă  jour deux articles et un truc du cousin :
https://twitter.com/ArchibaldMacke5

Inutile d’aller accrocher des commentaires sur Science et Avenir ; le journaliste est un furoncle, rien ne tient.
J’ai vu que Doctissimo avait aussi posĂ© sa crotte, j’irai pas
 Allez-y si ça vous chante et servez vous de mes trucs.
Sinon restez assis tranquille ou dĂ©corez le sapin, c’est bien aussi.
(Orthographe en cours de réparation
)

SantĂ© – Signez la pĂ©tition : LibĂ©rez les herboristes français !

🌳 Le spĂ©cialiste Français botanique.

« Chaque fois que les arbres se dĂ©pouillent de leurs feuilles mortes, le gui reparaĂźt vert et porteur de fruits. Il appartient au dĂ©cor su solstice d’hiver. AccrochĂ© aux branches dont le tissu sclĂ©reux prolonge, dans l’air, le rĂšgne de la Terre, le Gui ne cesse de surprendre par sa vie dĂ©ployĂ©e dans l’apparence hivernale de la mort Â».

🌳 LE GUI, PLANTE D’ UN AUTRE MONDE

ETUDE BOTANIQUE 

Dr Jean Hubert GUEGUEN

Le gui appartient à la famille des Viscacées.

Pour FOURNIER, le nom français ‘‘gui’’ dĂ©rive du latin viscum, du viscus = ‘‘glu’’ que l’on extrait de la plante (cf. le Grand Albert). Selon le « Dictionnaire universel de MatiĂšre MĂ©dicale et de ThĂ©rapeutique gĂ©nĂ©rale Â» de MERAT, le nom français viendrait du gaulois gwid = « arbuste Â», comme pour dire ‘ Â« arbuste par excellence Â».

Selon BEZANGER-BEAUQUESNE citant HATZFELD et DARMESTETER, le nom latin Viscum album viendrait de viscus = ‘‘glu’’ (en grec ixos, ou ixas chez ThĂ©ophraste) et de albus = ‘‘blanc’’ Ă  cause de la couleur des fruits. Le nom français ‘‘Gui’’ viendrait du latin viscum devenu wiscum sous l’influence de l’ancien haut-allemand wiz = ‘‘blanc’’.  Au XIVe siĂšcle, le Gui s’appelait « vist de pommier Â».

  • Description

Le Gui est un sous-arbrisseau dioĂŻque de 20 Ă  100 cm de long, formant de grosses touffes aux branches des arbres sur lesquelles il est fixĂ© et se dĂ©veloppant d’une maniĂšre grossiĂšrement arrondie.

A partir d’une graine dĂ©posĂ©e sur une branche, la plante Ă©met une pseudo-racine ou suçoit conique et envoie des cordons se dĂ©veloppant dans le liber et dans le parenchyme de l’écorce de la plante-hĂŽte, et pouvant Ă©mettre par endroits d’autres suçoirs. La tige verte ou vert jaunĂątre, ligneuse, arrondie, se ramifie en de nombreux rameaux, flexibles, articulĂ©s, pseudo-dichotomes. Les rameaux sont munis Ă  la base d’une paire de bractĂ©es squamiformes. La tige est recouverte d’une cuticule trĂšs Ă©paisse qui augmente avec l’ñge par formation de nouvelles couches cuticulaires Ă  l’intĂ©rieur des prĂ©cĂ©dentes. L’épiderme est persistant et suit la croissance en Ă©paisseur de la tige. Le faisceau libĂ©ro-ligneux est formĂ© d’environ cinq faisceaux ovales.

Les feuilles vertes ou vert jaunĂątre sont gĂ©nĂ©ralement opposĂ©es, sessiles, simples, entiĂšres, Ă©paisses, persistantes, coriaces, oblongues, obtuses, plus ou moins longuement rĂ©trĂ©cies vers la base. Le limbe est parcouru par trois Ă  sept nervures parallĂšles, plus apparentes sur la plante sĂšche que sur la plante vivante. Au point de vue histologique, la feuille est formĂ©e d’un Ă©piderme recouvert d’une cuticule trĂšs Ă©paisse ; les deux faces sont munies de gros stomates entourĂ©s par deux cellules disposĂ©es en croissant parallĂšlement au grand axe de l’ouverture : ces stomates rĂ©alisent le type paracytique. Le mĂ©sophylle homogĂšne non palissadique, riche en cristaux Ă©toilĂ©s d’oxalate de calcium, se compose de cellules chlorophylliennes globuleuses ou ovoĂŻdes.

Les fleurs d’un vert  jaunĂątres sont situĂ©es en groupes de trois Ă  six, aux bifurcations des ramifications ou Ă  l’extrĂ©mitĂ© des rameaux. UnisexuĂ©es et dioĂŻques, elles sont apparentes, car apĂ©tales. Les fleurs mĂąles ont quatre sĂ©pales, quatre Ă©tamines Ă  nombreux sacs polliniques intimement soudĂ©s aux sĂ©pales, au point qu’ils paraissent incrustĂ©s dans ces derniers. A la face interne des sĂ©pales, on voit, appliquĂ©e, une anthĂšre, qui s’ouvre en dedans par un grand nombre de petits pores. Les fleurs terminant l’axe ont six pĂ©tales. Les fleurs femelles sont encore plus curieuses : petites, Ă  ovaire infĂšre adhĂšrent surmontĂ© s’un style court Ă  petite tĂȘte stigmatifĂšre, elles sont composĂ©es de quatre petits sĂ©pales charnus soudĂ©s Ă  l’ovaire et de deux carpelles soudĂ©s entre eux par leur face interne, ce qui dĂ©termine l’absence de cavitĂ© ovarienne. Il n’y a pas d’ovules proprement dit. Ils sont rĂ©duits Ă  deux cavitĂ©s Ă©troites et allongĂ©es, un peu arquĂ©es : les sacs embryonnaires. Les tissus nectarifĂšres sont dĂ©veloppĂ©s au sommet de l’ovaire dans les fleurs pistilĂ©es et Ă  l’endroit qui lui correspond dans les fleurs staminĂ©s.

Le fruit est une baie globuleuse, blanche, plus rarement jaunĂątre, charnue, translucide. La baie est couronnĂ©e des cicatrices des sĂ©pales et du style ; le pĂ©ricarpe est pulpeux et visqueux et entoure un albumen renfermant un, deux ou jusqu’à trois embryons verts, obliques, Ă  deux cotylĂ©dons et Ă  radicule supĂšre, dont le sommet dilatĂ© et obtus fait saillie hors de la semence. La glu est prĂ©parĂ©e Ă  partir des tiges de Viscum album et des baies de Loranthus europaeus.

Il existe des Viscum Ă  fleurs monoĂŻques. Certains d’entre eux ont la fleur trimĂšre.

Pour Fournier, le gui a une odeur et une saveur dĂ©sagrĂ©ables. Planchon et Collin considĂšrent la plante fraĂźche comme inodore, de saveur Ăącre et amĂšre : ils attribuent Ă  la plante sĂšche une odeur dĂ©sagrĂ©able.

  • L’arbre, terrain nourricier du Gui.

Rudolf Steiner, dans son premier Cours aux mĂ©decins (25 mars 1920), dĂ©finit le tronc des arbres comme des « excroissances de la terre Â»1. Le tronc de l’arbre et ses grosses branches constituent ainsi « une sorte de terre Â» pour ce qui y pousse. A la diffĂ©rence de Nuytsia floribunda, LoranthacĂ©e d’Australie, le Viscum album d’Europe n’a pas la possibilitĂ© de prendre racine ni de faire un tronc ; aussi, pour son dĂ©veloppement et sa croissance, s’insĂšre t’il obligatoirement sur un arbre porteur ou arbre-hĂŽte. Le Gui vit en semi-parasite sur une quantitĂ© impressionnante d’arbres.

Extrait de l’ouvrage « LE GUI ET LE CANCER Â»

🌳 LE GUI, PLANTE D’UN AUTRE MONDE  

MYTHOLOGIE, FOLKLORE ET SYMBOLISME DU GUI

Dr Jean Hubert GUEGUEN

« Tout, dans l’histoire du Gui, est matiĂšre Ă  surprise Â». J. CONSTANTIN

De tous temps, le Gui a impressionnĂ© l’homme. Dans le GrĂšce la plus antique, la plante possĂšde la rĂ©putation mystĂ©rieuse de pouvoir ouvrir les portes des mondes infĂ©rieurs. De la NorvĂšge Ă  la Sicile, de l’Espagne au Caucase, au Japon, en Afrique, en AmĂ©rique, il fut utilisĂ© comme remĂšde contre toutes sortes de malĂ©fices.

  1. LE GUI DANS LA TRADITION CELTIQUE
  • LES DRUIDES

Les Druides ont Ă©tĂ© les dĂ©tenteurs de la seule forme de tradition que l’Occident ait jamais connue et c’est finalement tout ce qui fait l’intĂ©rĂȘt de leur Ă©tude.

Avant d’étudier le Gui dans la tradition celtique, il nous paraĂźt intĂ©ressant d’essayer  de cerner la dĂ©finition et l’origine si controversĂ©e du mot druide. Des chercheurs et des amateurs ont proposĂ© des Ă©tymologies sans connaĂźtre une seule des langues celtiques.

« Le nom de druide est propre au monde celtique, explicable par les seules langes celtiques avec des Ă©lĂ©ments constitutifs indo-europĂ©ens : la forme gauloise druide (druis au singulier) utilisĂ©e par CĂ©sar dans le « De bello gallico Â», de mĂȘme que l’irlandais druid, remontent Ă  un prototype  dru wid-es« Les trĂšs savants Â», Les trĂšs voyants Â», « Les clairs voyants Â» qui contient la mĂȘme racine que le latin videre « voir Â» le gothique witoir, l’allemand wissen, « savoir Â». Il n’existe aucune possibilitĂ© de relier le nom des druides Ă  celui du chĂȘne (gaulois dervo, irlandais daur, dar, gallois derw, breton derv) Â»

Les fonctions druidiques sont plus vastes que la seule  vĂ©nĂ©ration du chĂȘne. Il est le prĂȘtre investi de l’autoritĂ© spirituelle, dĂ©tenteur de la science sacrĂ©e, ministre de la religion et gardien de la tradition. Il est l’initiĂ©, l’intermĂ©diaire entre les dieux et les hommes.

Pour Patrice GENTY, les druides furent chez les Celtes ce que furent les prophĂšes chez les HĂ©breux.

Selon A.SAVORET, le nom Viddon ou Gwyddon renferme celui de la plante sacrĂ©e : le Gui. Le terme vidubium, la faucille Ă  Gui, est dĂ©rivĂ© de vidu, bois, homonyme de science. Le nom mĂȘme du Gui signifiait « herbe de science Â» (de Sapience).

A.SAVORET (Ab Gwalwys) Ă©met l’idĂ©e que, pour les druides, le Gui, panacĂ©e universelle (plĂ©onasme consacrĂ© par l’usage),  grand purificateur, Ă©tait semblable Ă  ce que « les alchimistes authentiques entendaient par Pierre Philosophale, celle-ci Ă©tant considĂ©rĂ©e comme la pierre de la Sagesse, propre Ă  guĂ©rir tous les maux de l’humanitĂ©. Le fameux breuvage du savoir, tirĂ© du Gui, n’était pas seulement un symbole, mais aussi une rĂ©alitĂ©, un remĂšde extrĂȘmement efficace, un purificateur physiologique et mĂȘme psychique sous certaines conditions. Il pouvait prĂ©parer certaines natures d’élite Ă  la rĂ©ception du vivant savoir des druides, Ă  l’illumination.

  • LE DRUIDISME

Le druidisme peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une Ă©cole de vie qui tend Ă  dĂ©velopper en l’ĂȘtre humain le respect de tous les rĂšgnes de la nature :

Un Ɠil qui sache voir la nature

Un cƓur qui aime ressentir la nature

Un esprit qui puisse penser la nature

Une volonté qui ose suivre la nature.

L’unitĂ© fonciĂšre des Celtes n’est pas celle d’un centralisme politique ou administratif, pas plus qu’une unitĂ© linguistique, mais une unitĂ© traditionnelle ou religieuse profonde.

« Alors que Rome privilĂ©giait le pouvoir politique et militaire, les Celtes ont respectĂ© la primautĂ© de l’autoritĂ© spirituelle, et le religieux, avec le Druide, l’a emportĂ© sur le profane
 Les Druides prohibaient l’emploi religieux ou intellectuel de l’écriture Â»

La relation intime avec la nature et la maĂźtrise des Ă©lĂ©ments : Le Druide et le « file Â» (poĂšte) sont maĂźtres de l’eau. Maints rĂ©cits montrent ce pouvoir. Voici un court passage d’Aed Mac Ainine : « Le poĂšte fut arrĂȘtĂ© par ordre de Conchobar et il demanda Ă  mourir noyĂ©. Conchobar le lui accorda. On l’emmena donc successivement Ă  tous les lacs d’Irlande, mais il incantait l’eau et frappait chaque grĂšve de sorte qu’il n’y avait plus une goutte d’eau, ni riviĂšre, ni lac, oĂč le noyer Â».

Dans le dialogue des Deux Sages, un file a pouvoir sur les vagues de la mer. Ceci s’explique en partie par le fait que l’eau est le moyen de passage ordinaire dans l’Autre Monde – Monde des Dieux, des ĂȘtres surnaturels ou fĂ©Ă©riques – dont justement le druide est le passeur, l’intermĂ©diaire avec notre monde.

Si l’eau est le plus souvent dĂ©volue au file, le feu est bien l’élĂ©ment du druide. C’est le feu du druide le plus puissant, le plus habile en magie qui l’emporte. A la fĂȘte de Beltaine (feu de Bel) on amenait les troupeaux Ă  ces feux pour les protĂ©ger des Ă©pidĂ©mies.

Le « vent druidique Â» est le troisiĂšme aspect de l’action sur les Ă©lĂ©ments. Par ce moyen, les druides de Tuatha DĂ© Danaan auraient tentĂ© d’empĂȘcher les fils de Mil de dĂ©barquer en Irlande. Ou encore : Mogh Ruith dit « Mon Dieu m’a promis que je les transformerais en pierres quand je les aurai Ă  ma portĂ©e, si seulement je parviens Ă  souffler sur eux Â». Il leur envoya un souffle druidique, et il les transforma en pierres.

Le druide a Ă©galement pouvoir sur la terre. Il fait s’affaisser collines et montagnes.

Le pouvoir de druide s’étend aux quatre Ă©lĂ©ments. C’est bien ainsi qu’est dĂ©crit le chef des druides d’Ulster, Cathbad : « Quel est lĂ -bas cet homme, ĂŽ Fergus Â» ? dit Ailill.

« Je le sais, dit Fergus, c’est le fondement de la science, celui qui commande aux Ă©lĂ©ments, celui qui monte au ciel, qui aveugle les yeux, qui paralyse les pouvoirs Ă©trangers par son intelligence druidique, c’est Cathbad, le druide aimable Â».

  • LES FÊTES DRUIDIQUES

Quatre fĂȘtes partagent l’annĂ©e, formant une croix de Saint-AndrĂ© qui, comparĂ©e Ă  la croix verticale-horizontale, plus statique, plus physique, paraĂźt dynamique et comme « Ă©thĂ©rique Â».

Imbolc (1er fĂ©vrier). FĂȘte de la fĂ©conditĂ© et surtout fĂȘte lustrale aprĂšs les rigueurs et les souillures de l’hiver.

Beltaine (1er mai) littĂ©ralement : « feu de mai Â».

Cette fĂȘte est l’exaltation de l’élĂ©ment feu, fĂȘte sacerdotale, druidique par excellence. Les druides veillaient sur le caractĂšre solaire, ignĂ© de leur fĂȘte propre.

Lugnasad (1er aoĂ»t) ou la fĂȘte du Roi. « AssemblĂ©e en l’honneur de Lug Â» fĂȘte royale protectrice, garantissant la paix et l’abondance. Toutes les classes sociales y participent.

Samain (1er novembre) dĂ©but et fin de l’annĂ©e, banquet militaire et fĂȘte totale. C’est toujours Ă  Samain que le roi subit la mort rituelle, que meurent les dieux et les hĂ©ros.

Le temps entier s’y rĂ©sume. Moment redoutable oĂč « tout le surnaturel se prĂ©cipite, prĂȘt Ă  envahir le monde humain Â» (M.L. Sjoested).

« Fin et dĂ©but de l’annĂ©e, n’appartenant pas Ă  celle qui se termine et pas davantage Ă  celle qui commence, fin de la saison claire et commencement de la saison sombre, Samain est en dehors du temps».

Aujourd’hui fĂȘte de tous les saints : la saintetĂ©, n’est-ce pas aussi vivre dans le temps et hors du temps – dans l’éternel prĂ©sent de Dieu ?

Samain et Beltaine sont les deux pĂŽles de l’annĂ©e celtique partagĂ©e entre la lumiĂšre et la nuit.

Les deux fĂȘtes les plus solennelles avaient lieu quand le soleil arrivait aux points Ă©quinoxiaux et solsticiaux qui, il y a environ 4 000 ans, correspondaient aux 1er mai et 1er novembre.

  • LA FÊTE DE LA CUEILLETTE DU GUI

Cette fĂȘte, au Solstice d’hiver, a Ă©tĂ© diversement apprĂ©ciĂ©e par les auteurs modernes.

Pour le druide du CollĂšge des Druides, Bardes et Ovates de Bretagne E.COARER-KALONDAN, la fĂȘte du Solstice d’hiver portait un nom trĂšs particulier qui nous serait parvenu sous sa forme originelle : Egi an Ed : le blĂ© germe – Eginane en breton et d’autres formes dialectales abĂątardies.

La signification serait la suivante : Ă  cette Ă©poque de l’annĂ©e, les semences enfouies en terre commencent Ă  germer. «  La rĂ©surrection de la nature entiĂšre, symbole de la rĂ©incarnation, se produisant exactement Ă  la date oĂč le temps d’ensoleillement de la planĂšte reprend son cours ascendant Â». Pour cet auteur, la cueillette du Gui n’entraĂźnait aucune rĂ©jouissance  populaire ; elle avait lieu quelques jours avant l’Egi an Ed et se dĂ©roulait comme la cueillette des autres herbes.

Ed.SCHURE dĂ©crit de maniĂšre poĂ©tique dans son Ă©tude sur « Le rĂ©veil de l’ñme celtique Â» que « la cueillette du Gui pendant la nuit sainte Â» est « la plus mystĂ©rieuse et la plus sacrĂ©e de leurs fĂȘtes religieuses Â». « Les  sages de la Celtide avaient une vĂ©nĂ©ration particuliĂšre pour toutes les plantes â€Š Ils croyaient qu’elles viennent d’un monde supĂ©rieur plus pur que la terre
 Les druides observaient leurs Ă©manations magnĂ©tiques, leur aurĂ©ole d’éther visible seulement Ă  des yeux exercĂ©s, leurs rapports intimes avec les astres et la subtile sympathie qui leur fait ouvrir ou fermer leurs pĂ©tales au soleil ou Ă  la lune. Mais aucune plante ne leur semblait plus miraculeuse que le Gui, car il vivifiait pour eux la pensĂ©e-mĂšre de leur doctrine. Les autres plantes croissent pĂȘle-mĂȘle et au hasard sur le vaste sein de la terre. Le Gui ne pousse que sur le chĂȘne oĂč germe sa semence apportĂ©e par les oiseaux du ciel
 Et tandis que l’arbre gĂ©ant se dĂ©pouille, branche aprĂšs branche, quand toute la forĂȘt semble morte sous l’épais linceul de la neige hivernale, le Gui toujours vert fleurit seul sur le tronc du chĂȘne. Ainsi, disaient les druides, l’ñme humaine qui vient d’ailleurs, s’incarne dans un corps appropriĂ© et survit Ă  la mort des choses. La fĂȘte du Gui, cĂ©lĂ©brĂ©e au solstice d’hiver, pendant la nuit la plus longue de l’annĂ©e, MathaĂŻr Nocht, la Nuit-MĂšre comme on l’appelait, marquait donc Ă  la fois le retour des Ăąmes sur la terre et leur vie immortelle, le recommencement de l’homme avec l’incarnation et le recommencement de l’annĂ©e avec le nouveau cours du soleil.

Nous pouvons nous figurer cette cĂ©rĂ©monie que Pline a scrupuleusement dĂ©crite
 Ce qui nous Ă©chappe aujourd’hui, ce sont les Ă©motions de l’assemblĂ©e, sous le chĂȘne puissant qui laissait luire la pleine lune Ă  travers ses branches. Ici, rien de bruyant, rien qui pĂ»t rappeler l’exaltation joyeuse de la fĂȘte printaniĂšre, mais un recueillement profond, une attente inquiĂšte, un silence solennel, interrompu seulement par le frĂ©missement des harpes et le choc des armures appendues aux bras de l’arbre sĂ©culaire. BĂ©len, le Dieu solaire, Ă©tait le maĂźtre des Ăąmes ; mais il chargeait la dĂ©esse de la Lune, nommĂ©e tour Ă  tour BĂ©lisama, Sirona ou Koridven chez les Gaulois, de renvoyer Ă  la terre les Ăąmes qui devaient  se rĂ©incarner. A ce moment peut-ĂȘtre, plus d’une femme enceinte – de celle qui savaient le secret du Gui par les druidesses – croyaient sentir le frĂŽlement des ancĂȘtres invisibles, sous la caresse des rayons lunaires, et devait frĂ©mir, comme au toucher d’une Ăąme, au premier tressaillement de l’enfant Ă  naĂźtre dans son sein


Ces puissants intuitifs furent des fils de Saturne aspirant au Soleil. Possesseurs d’une tradition obscure, ils n’en eurent pas moins des lueurs Ă©tonnantes de l’Au-delĂ  et leur doctrine du gĂ©nie individuel, de l’Awenn peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme le principe dominant de leur race qui persistera Ă  travers toute l’histoire de France.

  • Un des rituels pratiquĂ©s Ă  notre Ă©poque :

Au jour de la Modra Necht ou Solstice d’hiver, le cortĂšge des Bardes, Ovates, Eubages et Druides, prĂ©cĂ©dĂ© des Disciples, se dirige sous la conduite du HĂ©raut vers le ChĂȘne sur lequel a poussĂ© la plante sacrĂ©e. Ayant fait par trois fois le tour du lieu rituel, le HĂ©raut s’arrĂȘte, face au Nord, trace de son Ă©pĂ©e le cercle solaire sur le sol et reçoit du Druide officiant ou, Ă  dĂ©faut, du plus haut dignitaire de l’Ordre, la mission de sonner de la trompe aux quatre points cardinaux en demandant : « Au Nord, y a-t’il la paix ? Â» Le HĂ©raut se tourne ensuite vers l’Est oĂč siĂšgent les Bardes, le Sud oĂč sont Ovates et Eubages, l’Ouest oĂč se tiennent les Druides, en posant la mĂȘme question aprĂšs avoir sonnĂ© de la trompe.

Ayant reçu les rĂ©ponses affirmatives, car ces cĂ©rĂ©monies ne se peuvent cĂ©lĂ©brer avec faste qu’en temps de paix, le HĂ©raut salue l’Officiant de l’épĂ©e et l’informe que, la paix rĂ©gnant en Celtide, la cĂ©rĂ©monie peut avoir lieu.

L’officiant, armĂ© de la faucille scintillante, se dirige vers l’arbre dĂ©signĂ© et rappelle le sens du rituel de cette rĂ©surrection symbolique. Dame Koridwen, la maĂźtresse de cĂ©rĂ©monie, en principe une Druidesse, remet un linge blanc au quatre dames ou, de prĂ©fĂ©rence, jeunes filles choisies par elle et les place sous la branche dont le Druide va couper le Gui et, ayant tracĂ© le signe sacrĂ© de la Croix Celtique, invoque les Puissances des Esprits de nos aĂŻeux, en disant la priĂšre : « Esprits bienfaisants et Ăąmes des Celtes Â». Dame Koridwen peut, Ă  son grĂ©, invoquer nominativement ceux de nos dĂ©sincarnĂ©s.

Puis l’officiant ayant, si cela est utile, gravi les degrĂ©s de l’échelle qui lui est apportĂ©e sous l’arbre, coupe la touffe de Gui en clamant trĂšs haut :

« O ghel an Heu ! Â» (Le blĂ© se lĂšve)

Cet usage maintenu tout le Moyen Age, sans dĂ©voiler le sens profond du rite, fut mal compris de la foule qui traduisit : « Au Gui l’An Neuf Â».

La touffe, puis les suivantes tombent dans le drap tendu, mais aucune ne doit toucher terre. Seules y ont accĂšs la Druidesse et ses filles d’honneur qui emporteront et traiteront les boules pour en faire des onguents.

S’il reste du Gui, le Druide passe la faucille à son adjoint, le Pendragon.

L’officiant, redescend et rĂ©cite solennellement la grande priĂšre : « Donne-nous ĂŽ Dieu, ton appui
 Â» tandis que Dame Koridwen offre un brin de Gui aux dignitaires prĂ©sents, puis assistĂ©e de deux dames, vient offrir Ă  chacun la coupe d’hydromel et la galette en signe de communion entre eux et en hommage aux Puissances qui ont permis cette rĂ©colte.

On peut alors entendre la harpe ou autre instrument de musique pour harmoniser les rapports entre humains et dĂ©sincarnĂ©s. Puis, dans le mĂȘme ordre, le cortĂšge suit le HĂ©raut et se retire de la ClairiĂšre.

         LA « MAGIE VEGETALE Â» ET LA MEDECINE DRUIDIQUE 

  1. Les plantes

Parmi les plantes dont l’emploi thĂ©rapeutique est attestĂ© chez les Celtes figurent l’Absinthe, la CentaurĂ©e que les Gaulois nomment exacon, car selon PLINE elle fait Ă©vacuer par le bas toutes les substances toxiques ; le Limaeum, non identifiĂ© avec certitude ; la Verveine appelĂ©e Louzaouenn ar groaz, l’herbe de la croix en Bretagne ; elle passait pour protĂ©ger de tout malĂ©fice celui qui la portait.

Le philtre composé de jusquiame et de verveine procure un profond sommeil et divise la personnalité en la restituant à sa condition presque uniquement végétale, écrit Théophile BRIANT dans le Testament de Merlin.

PLINE nous apprend que semblable Ă  la sabine est la plante appelĂ©e Selago. Pour la cueillir, on ne fait pas usage du fer ; on passe la main droite du cĂŽtĂ© gauche du vĂȘtement, comme pour commettre un vol ; il faut, de plus, ĂȘtre habillĂ© de blanc, avoir les pieds lavĂ©s et nus et avoir offert auparavant du pain et du vin ; on emporte la plante dans un linge neuf. Les Druides de Gaule disent qu’elle sert de talisman contre toute maladie et que la fumĂ©e en guĂ©rit toutes les affections des yeux.  Les Druides utilisent aussi une plante qui croĂźt dans les marais et qu’ il nomment Samolus. (Est-ce Samolus valerandi?).  Celle-lĂ  doit ĂȘtre cueillie de la main gauche, Ă  jeun, et constitue un talisman contre les maladies des troupeaux. Mais celui qui la cueille ne doit ni regarder derriĂšre lui ni dĂ©poser la plante ailleurs que lĂ  oĂč l’on conserve les boissons.

Le Gui est certainement la plus connue des plantes utilisĂ©es par les Celtes.

2. Les arbres sacrés des Druides

L’arbre et l’homme prĂ©sentent de nombreuses analogies. Tous deux sont un trait d’union entre le ciel et la terre. Ils sont Ă©galement tripartis :

  • Les racines correspondent au pĂŽle cĂ©phalique
  • Le tronc et la ramure Ă  la zone rythmique. G.GRAZI a montrĂ© que le cambium dans l’arbre assumait la fonction du cƓur chez l’homme.
  • La floraison et la fructification sont en relation avec le pĂŽle mĂ©tabolique et la reproduction.

Mais l’arbre est plus ancien. Il a « vu Â» plus de choses que l’homme. « Qui comprend le langage des arbres apprend d’eux le passĂ© et la sagesse du monde Â».

Les Irlandais semblent avoir utilisĂ© le sorbier et le coudrier dans leurs opĂ©rations magiques.

L‘if servait frĂ©quemment aux incantations divinatoires, E. COARER-KALONDAN l’attribue aux Ovates ; de mĂȘme qu’il indique le bouleau comme arbre des Bardes.

Dans la navigation de Bran, une branche de pommier est le moyen de garder contact avec l’Autre Monde.

Dans d’autres rĂ©cits, la pomme est le fruit de l’immortalitĂ©, de la science et de la sagesse. La pomme est un moyen d’entrer ou de rester en contact avec l’Autre Monde, mais ce ne sont jamais les Druides qui la donnent aux humains.

L’üle d’Avallon, dont le nom se rattache Ă©tymologiquement Ă  celui de la pomme (aval en breton), est dans les textes celtiques la localisation de l’Autre Monde.

Pour le Druide, la forĂȘt est un sanctuaire, la clairiĂšre un temple et l’arbre â€“ surtout le chĂȘne – un inspirateur ; par la chevelure de ses branches, il capte les forces astrales du cosmos.

Le chĂȘne est le support vĂ©gĂ©tal d’un symbolisme qui unit le savoir et la force. La robustesse, la noblesse du chĂȘne en font un symbole de majestĂ©. Son bois est employĂ© pour la confection d’objets sacrĂ©s. Le chĂȘne celte est l’équivalent du frĂȘne Yggdrasyl des Germains. Le chĂȘne, par sa longĂ©vitĂ©, a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme reprĂ©sentant l’éternitĂ©.

Les anciens Aryens considĂ©raient probablement le chĂȘne comme rĂ©servoir originel du feu. En effet, ils allumaient chaque annĂ©e le feu du solstice par friction de bois de chĂȘne. Le Gui qui pousse sur le chĂȘne renfermerait « le germe du feu cĂ©leste, espĂšce de foudre dormante Â». Il semblerait que, de tous les arbres des forĂȘts d’Europe, le chĂȘne soit celui qui est le plus souvent frappĂ© par la foudre (dĂ©but XXĂšme siĂšcle).

Maxime de Tyr, dans ses Dissertations VIII, dĂ©clare que chez les Celtes le chĂȘne est la « reprĂ©sentation visible de la divinitĂ© Â».

  1. Rituel magico-médical de la cueillette du Gui

PLINE l’ancien, dans Historia Naturalis XVI, 249, d Ă©crit ce rituel devenu trĂšs cĂ©lĂšbre :

« On ne doit pas oublier, dans ces sortes de choses, la vĂ©nĂ©ration des Gaulois. Les Druides, car c’est ainsi qu’ils appellent leurs mages, n’ont rien de plus sacrĂ© que le Gui et l’arbre qui le porte, supposant toujours que cet arbre est un chĂȘne. A cause de cet arbre seul, ils choisissent des forĂȘts de chĂȘnes et n’accompliront aucun rite sans la prĂ©sence d’une branche de cet arbre, si bien qu’il semble possible que les druides tirent leur nom du grec. Ils pensent en effet que tout ce qui pousse sur cet arbre est envoyĂ© par le ciel, Ă©tant un signe du choix de l’arbre par le dieu en personne. Mais il est rare de trouver cela, et quand on le trouve, on le cueille dans une grande cĂ©rĂ©monie religieuse,  le sixiĂšme jour de la lune, car c’est  par la lune qu’ils rĂšglent leurs mois et leurs annĂ©es, et aussi leur siĂšcle de trente ans ; et on choisit ce jour, parce que la lune a dĂ©jĂ  une force considĂ©rable, sans ĂȘtre encore au milieu de sa course. Ils appellent le Gui par un nom qui est : « celui qui guĂ©rit tout Â». AprĂšs avoir prĂ©parĂ© le sacrifice sous l’arbre, on amĂšne deux taureaux blancs dont les cornes sont liĂ©es pour la premiĂšre fois. VĂȘtu d’une robe blanche, le prĂȘtre monte Ă  l’arbre et coupe avec une faucille d’or le Gui qui est recueilli par les autres dans un linge blanc. Ils immolent alors les victimes en priant la divinitĂ© qu’elle rende cette offrande propice Ă  ceux pour qui il est offert. Ils croient que le Gui, pris en boisson, donne la fĂ©conditĂ© aux animaux stĂ©riles et constitue un remĂšde contre tous les poisons. Tel est le comportement  religieux d’un grand nombre de peuples Ă  l’égard de choses insignifiantes Â». Manifestement PLINE n’a qu’une vision extĂ©rieure, superficielle du rituel druidique, dont il ne saisit pas le sens profond.

Le sacrifice des taureaux fait partie Ă  l’origine du rituel d’intronisation ou d’élection royale, et le Gui employĂ© comme moyen ou adjuvant de la fĂ©conditĂ© animale vient se rattacher au symbolisme gĂ©nĂ©ral de la fonction du roi – ce qui transparaĂźt dans le caractĂšre solennel de la cĂ©rĂ©monie.

Le Gui Ă©tait donc cueilli, par les Druides, le sixiĂšme jour de la lune, car dans l’antiquitĂ© le sixiĂšme jour est sacrĂ©. Selon les ChaldĂ©ens, puis la GenĂšse, l’homme fut crĂ©Ă© le sixiĂšme jour. De plus, au 6Ăšme jour de la lune croissante, une sĂšve dĂ©jĂ  puissante parcourt l’arbre. OrphĂ©e appelle le nombre 6 « pĂšre des pouvoirs cĂ©lestes et mortels Â».

Les Romains cueillaient le Gui le premier jour de la lune. Deux autre pĂ©riodes de l’annĂ©e ont Ă©tĂ© avancĂ©es comme favorables Ă  la cueillette du Gui :

  • Ă  la pleine lune de mars, c’est-Ă -dire Ă  la sixiĂšme lune aprĂšs le solstice d’hiver ;
  • et Ă  la veille de la St-Jean.

Le Gui ne doit pas toucher terre

En effet, cette plante, qui opĂšre l’extraction de la quintessence de l’arbre, verrait s’amenuiser ses effets par le contact impur de la terre. Il en est de mĂȘme d’autres plantes, tel le polypode du chĂȘne, qui ne doit pas entrer en contact avec la terre.

Selon FRAZER, la simple raretĂ© du Gui sur le chĂȘne n’explique pas Ă   elle seule le culte que les druides vouaient au Gui. A cette raison s’ajoute le fait qu’ils pensaient que la plante Ă©tait un prĂ©sent des dieux, venu du ciel et «  qu’elle Ă©tait la preuve que l’arbre sur lequel elle poussait avait Ă©tĂ© choisi par le dieu lui-mĂȘme Â». FRAZER poursuit : Â« chaque chĂȘne de ce genre non seulement avait Ă©tĂ© frappĂ© par la foudre, mais possĂ©dait parmi ses branches une Ă©manation visible du feu cĂ©leste ; de sorte qu’en coupant le Gui selon certains rites, ils se procuraient toutes les propriĂ©tĂ©s magiques de la foudre Â». En Argovie, le Gui est effectivement nommĂ© « balais du tonnerre Â».

A propos de l’usage de la faucille d’or en forme de croissant de lune, les avis concordent en gĂ©nĂ©ral pour affirmer que le fer Ă©tait un mĂ©tal trop vil pour couper le Gui. La valeur symbolique de l’or est dĂ©fendue par tous les auteurs, exception faite de E. COARER-KALONDAN, DE P. GENTY et G. LE SCOUEZEC.

Le premier considĂšre, « tout bonnement Â» que les latins ont mentionnĂ© la cueillette du Gui « parce qu’ils croyaient que la faucille de bronze Ă©tait une faucille d’or Â» et qu’ils Ă©taient avides de ce mĂ©tal prĂ©cieux.

P. GENTY, quant Ă  lui, suggĂšre que « l’or ne pouvant trancher le Gui, plante trĂšs ligneuse, on a proposĂ© de lire non pas aurea « d’or Â», mais aerea «  d’airain Â». Notons cependant que les branches de Gui d’un ou deux ans ne sont pas d’une grande duretĂ©.

Actuellement, en Allemagne, un centre de recherches anthroposophiques cueille le Gui avec un couteau dont la lame est recouverte d’or.

Nous n’avons pas le nom du Gui, PLINE l’ayant malencontreusement traduit en latin. Cependant F. LEROUX et C.J. GUYONVARC’H nous rapportent que les langues nĂ©o-celtiques ont conservĂ© la tournure : uile-iceadh, all-heal, dans le dictionnaire irlandais d’O’Reilly, uile-ic mistletoe, all heal, panacea dans celui de Dinneen, uile-ioc en gaĂ«lique d’Ecosse, oil-iach Â« qui guĂ©rit tout Â» en gallois. Le breton n’a pas gardĂ© le terme, mais il utilise un autre nom du Gui dans la tournure pĂ©riphrastique deur derhue Â« eau de chĂȘne Â» rĂ©pertoriĂ©e dans le dictionnaire vannerais de ChĂąlons au dĂ©but du XVIIIĂšme siĂšcle et J. LOTH a relevĂ© au FaouĂ«t, vers la fin du siĂšcle dernier, la dĂ©signation curieuse de ihwelvad (uhelvat) « bien Ă©levĂ© Â», littĂ©ralement « haut-bon Â» par adaptation populaire du mot courant uhelvan « haute branche Â».

Les auteurs notent que le remplacement d’un terme spĂ©cialisĂ© par une tournure banale est souvent l’indice de la disparition d’un vocable de la langue religieuse prĂ©chrĂ©tienne. Le rapprochement d’une traduction de PLINE et de vocables attestĂ©s en irlandais et en gallois moderne constitue une forte prĂ©somption en faveur de l’exactitude des informations de l’auteur latin.

LE SYMBOLISME DU GUI

Dans « La druidesse Â» d’Ed. SCHURE, VellĂ©da, en extase, dĂ©clare :

« Comme le Gui sacrĂ© croĂźt au chĂȘnes solides,

L’ñme du vrai hĂ©ros se suspend Ă  son Dieu

Et, sous l’hiver glacĂ©, boit la sĂšve Ă©ternelle,

Jeune rameau vivant de l’ñme universelle !
 Â»

En celte, lorsque l’on parle de chemin initiatique, on dit : « monter Ă  l’arbre Â» monter son arbre des fondements ; c’est devenir un chĂȘne vigoureux sur lequel pourra s’épanouir le Gui : le rameau d’or de la conscience, du « je suis Â» qui seul reste aprĂšs la mort Ă  nous mĂȘme que constituent les Ă©preuves de la vie et la mĂ©tamorphose des dĂ©sirs Ă©gocentriques.

Avant d’étudier quelque peu la place du Gui dans les rituels funĂ©raires, nous notons qu’une analogie a Ă©tĂ© Ă©tablie entre le fruit du Gui et la croix druidique. En effet la baie prĂ©sente Ă  son sommet l’empreinte laissĂ©e par les quatre sĂ©pales, et au centre le stigmate :

Par ailleurs, Ed. SCHURE met dans la bouche de Hu-Gadarn ces paroles adressĂ©es Ă  la druidesse endormie : « Sur le chĂȘne sacrĂ© pousse une plante merveilleuse : le Gui, dont vous ignorez les pouvoirs. Son suc, bouilli dans la chaudiĂšre de Korydwen et philtrĂ© par les mains pures des vierges, guĂ©rit de terribles maladies. Mais le Gui possĂšde une vertu plus grande encore. Sa branche fleurie, donnĂ©e par une vierge au hĂ©ros qu’elle a devinĂ©, lui inspire le courage et le consacre Ă  l’immortalitĂ©. Car, de mĂȘme que le Gui pousse sur le chĂȘne, de mĂȘme l’ñme du hĂ©ros pousse sur le tronc des Dieux  et se nourrit de la sĂšve du soleil. Porte ce message aux druides, ĂŽ vierge, tu seras la druidesse, Derwida (la voyante du chĂȘne), la cueilleuse de Gui, l’éveilleuse des hĂ©ros !
 et la race des Gaulois s’épandra sur le monde
 Â».

  • Le Gui et la mort

Voici ce qui nous dit ThĂ©ophile BRIANT concernant le rite funĂ©raire de Viviane la fĂ©e :

« Merlin l’avait dit : la piqĂ»re du serpent Ă©tait sans remĂšde. Viviane venait de mourir. Les fĂ©es conduites par Mona-La-CendrĂ©e, la fĂ©e des bruyĂšres et des adieux, entouraient le cercueil de l’enchanteresse Â». Les arbres de la forĂȘt, silencieux, inclinaient leurs panaches de verdure. A minuit, quand la lune fut au milieu du ciel, Merlin effeuilla une touffe de Gui sur l’eau claire de la fontaine aux druides, aux creux de laquelle le corps de Viviane maintenant reposait.

Dans ses Miniatures Historiques, ERPELDING cite le cas d’un grand Druide frappĂ© par la foudre. Lors de ses funĂ©railles, les druides, portant des manteaux de lin blanc, avaient la chevelure ornĂ©e d’une couronne de Gui, qu’ils jetĂšrent sur le mort, puis ils rĂ©pandirent sur lui un vert feuillage de chĂȘne.

La touffe de Gui est arrachĂ©e Ă  l’arbre, comme la vie de l’ñme est enlevĂ©e au corps, lors du passage par « la porte unique (de la mort) par laquelle nous sortons des illusions du transitoire pour accĂ©der Ă  la vie Ă©ternelle Â».

Par ses vertus, le Gui guĂ©rissait tous les maux, mĂȘme celui qui est considĂ©rĂ© comme le plus grand : la mort. Non pas en supprimant la mort du corps physique, mais en la dĂ©passant : en permettant Ă  l’homme de faire l’expĂ©rience de son immortalitĂ©. Le Gui est un Â« viatique de lumiĂšre qui permettra d’aller jusqu’au seuil d’une Ă©closion nouvelle Â».

La doctrine druidique est fondamentalement rĂ©incarnationiste. Les Ă©tats de vie et de mort ne sont que l’alternance de la manifestation ou de l’état de latence. La mort donnerait alors une transition, un passage entre une forme de vie et une autre ; et le « breuvage mystique Â» de Gui possĂ©dait la vertu de confĂ©rer la certitude d’une vie Ă©ternelle. Nous comprenons que les Celtes fissent si peu de cas de leur propre vie.

  • Symbolismes astrologique et alchimique

Porta, Agrippa, Crollins et Eckartshausen font gouverner le Gui de chĂȘne par le signe zodiacal du Taureau (Mars) ; ils lui attribuent une nature froide et sĂšche (selon la classification des alchimistes).

Au point de vue planĂ©taire, le Gui, de par la plasticitĂ© de sa glu, est soumis Ă  VĂ©nus ; il est lunaire par la couleur blanche de ses baies et  par la facultĂ© de condenser les forces vives de son arbre-hĂŽte. Enfin on peut « en extraire une quintessence solaire fort propre Ă  tonifier l’organisme, pour peu que l’on sache dorer ce que les alchimistes appellent la lune droite Â».

Saint-Yves d’ALVEYDRE Ă©crit que « c’est de la pĂ©riode d’Hanouman, premier disciple de Ram, que date l’emploi gĂ©nĂ©ral du Gui sacré  dont l’efficacitĂ© contre certaines Ă©pidĂ©mies Ă©pouvantables dĂ©pend de l’heure astronomique prĂ©cise oĂč on le cueille et le prĂ©pare Â».

  • Symbole d’union

P. DAVIDSON (1892) dit, en prĂ©face Ă  son ouvrage sur le Gui, qu’une druidesse d’Ecosse lui enseigna les secrets des plantes, notamment du Gui.

Le Gui est symbole d’union dans son sens le plus Ă©levĂ©, le plus spirituel, de communion, d’unitĂ©. La touffe de Gui forme un tout, une unitĂ© ronde. Il existe des touffes de Gui portant sur le mĂȘme suçoir des branches mĂąles et femelles. (Notons que sur le plan physique, la glu est une substance qui, elle aussi, unit). De plus, le Gui est une plante qui apporte la fĂ©conditĂ©.

  • Symbole de vie  

  Chez les Celtes, le Gui Ă©tait l’emblĂšme de tout « ce qui est Â», et il embrassait la vie dans toutes ses manifestations : dans l’universalitĂ© de l’Existence, dans l’HumanitĂ© entiĂšre, enfin dans l’Individu, le Gui reprĂ©sente l’existence certaine, l’éternelle vĂ©ritĂ©.

« Comme symbole de la vie manifestĂ©e dans l’universalitĂ© des ĂȘtres, le Gui Ă©tait la vivante image de la force qui anime et gouverne le monde, et, au moyen de cette plante, l’homme communiquait avec Dieu Â».

« Une potion mystique Â» Ă©tait composĂ©e avec le Gui, elle dĂ©terminait un Ă©tat psychique particulier, effaçait temporairement les impuretĂ©s de l’ñme et la mettait en rapport avec l’esprit Â». La potion mystique de Gui symbolise un chemin de purification qui aboutit Ă  l’union de l’ñme et de l’esprit et Ă  la communion avec Celui qui fut, qui est et qui sera.

PLINE rapporte que le Gui Ă©tait regardĂ© comme un « prĂ©sent des cieux Â» et les Druides comme les mĂ©diateurs de l’Etre suprĂȘme. La cueillette du Gui s’accompagnait d’un sacrifice et d’un banquet qui, avec le breuvage mystique, sont la prĂ©figuration de l’Eucharistie essĂ©nienne. Le breuvage sacrĂ© des druides est Ă  rapprocher de l’ambroisie grecque, du KykĂ©on des InitiĂ©s d’Eleusis, du Soma des Indous.  Ils faisaient de l’initiĂ© un homme re – nĂ©, un homme nouveau, transformĂ©, douĂ© de clairvoyance, d’inspiration.

  • La lĂ©gende de Ram

P. DAVIDSON, dans « Le Gui et sa philosophie Â», parle d’une Ă©poque trĂšs reculĂ©e oĂč des prophĂ©tesses dĂ©voilaient l’avenir. Chaque tribu avait sa grande sibylle, telle La Voluspa scandinave avec son collĂšge de druidesses. Par la suite, ces femmes se laissĂšrent aller Ă  l’ambition, Ă  la cruautĂ© ; elles devinrent sorciĂšres et magiciennes. Le sang des sacrifices coula Ă  flot.

Le jeune druide Ram Ă©tait rĂ©voltĂ©  Ă  la vue de ce culte sanguinaire. Il discernait Ă  merveille les vertus des plantes et n’était pas moins avancĂ© dans l’étude des Ă©toiles et de leurs influences. Tout cela lui confĂ©rait une autoritĂ©, mĂȘme sur les druides plus ĂągĂ©s. Le peuple le nommait « l’inspirateur de la Paix Â». Toujours selon le rĂ©cit, il voyagea vers le sud et l’est. Une partie de la science secrĂšte de ces courants de mystĂšres de l’Est et du Sud lui furent confiĂ©s. RetournĂ© dans le Nord, Ram constata que la fureur des sacrifices humains continuait Ă  sĂ©vir. Pour enrayer la ruine de sa race, il avait Ă  combattre l’orgueil des druidesses, l’ambition des druides et la superstition du peuple


Une maladie pestilentielle se dĂ©veloppait et « dĂ©truisait l’espĂ©rance mĂȘme de la population en attaquant  la gĂ©nĂ©ration dans ses principes Â». En peu de temps, ce flĂ©au se rĂ©pandit. « L’haleine des vivants et l’odeur des morts la propageait Â»â€Š Ram examina cette maladie, il en connut le principe ; mais ce fut en vain qu’il en chercha le remĂšde. Pendant son sommeil au pied d’un chĂȘne lui apparut un druide portant une baguette autour de laquelle s’entrelaçait un serpent : « Le remĂšde que tu cherches, le voilĂ  Â». Ram prĂ©para le mĂ©dicament, qu’il donna aux agonisants, ceux-ci guĂ©rirent : Le Gui fut dĂšs lors considĂ©rĂ© comme sacrĂ©.

Que faut-il penser de ce rĂ©cit d’origine rĂ©cente et qui, selon l’auteur, lui aurait Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© par une druidesse rencontrĂ©e « parmi les bruyĂšres de la vieille Albion, au milieu de la sauvage tranquillitĂ© des Highlands
 Â» .

  1. LE RAMEAU D’OR

Dans l’EnĂ©ide de Virgile (Livre VI, la descente d’EnĂ©e aux Enfers), on trouve une description de la branche de Gui : « le Rameau d’or Â». « Le pieux EnĂ©e Â» gagne les contreforts oĂč rĂšgne la haute statue d’Apollon et la retraite Ă©cartĂ©e de la Sybille de Cumes.

Il l’écoute interroger les dieux du destin et annoncer ses « horribles ambiguĂŻtĂ©s, puis commence : « Il n’est point d’épreuve, ĂŽ Vierge, qui dresse devant moi une face nouvelle ou inattendue
 Je ne te demande qu’une chose : puisque c’est ici, dit-on, la porte du roi des Enfers et le tĂ©nĂ©breux marais oĂč reflue l’AchĂ©ron, qu’on m’accorde le bonheur d’aller voir et d’entretenir mon pĂšre chĂ©ri ; veuille me montrer la route et m’ouvrir les portes sacrĂ©es


C’est ainsi qu’il priait, tenant l’autel, et la prĂȘtresse alors lui rĂ©pondit en ces termes : « Fils du sang des dieux, ĂŽ Troyen Anchisiade, la descente de l’Averne est facile : nuit et jour est ouverte la porte du sombre Dis. Mais revenir sur ses pas et sortir vers les brises d’en haut, c’est lĂ  la difficultĂ© et l’épreuve
 Si tu as un si grand dĂ©sir, une si grande aviditĂ© de traverser deux fois les eaux de Styx et de voir deux fois le noir Tartare, et qu’il te plaise de tenter cette folle entreprise, apprends d’abord ce que tu as Ă  faire. Il y a, cachĂ© dans un arbre opaque, un rameau dont les feuilles et la tige flexible sont d’or, consacrĂ© Ă  la Junon infernale ; tout un bosquet sacrĂ© le protĂšge et les ombres d’un obscur vallon l’emprisonnent. Mais il n’est point donnĂ© de pĂ©nĂ©trer dans les profondeurs de la terre avant d’avoir dĂ©tachĂ© ce rameau Ă  la chevelure d’or de l’arbre qui l’a produit : c’est le prĂ©sent dont la belle Proserpine veut qu’on lui fasse hommage. Ce premier rameau arrachĂ©, il en pousse un autre Ă©galement d’or, et dont la tige se couvre de feuilles du mĂ©tal. Cherche-le donc des yeux au fond des bois et, quand tu l’auras dĂ©couvert, cueille-le, selon le rite, avec la main : car il viendra de lui-mĂȘme, volontiers et facilement, si les destins t’appellent
 Â»

EnĂ©e, le visage affligĂ©, quitte l’antre de la Sybille pour accomplir ses injonctions.

Voici les pensĂ©es qu’il roule, Ă  la vue de la forĂȘt immense, et la priĂšre qu’il fait :

« Oh ! Si le rameau d’or sur son arbre se montrait Ă  nous dans ces grands bois !
 Â»

A peine avait-il parlĂ© que deux colombes, justement, descendirent en volant du ciel sous les yeux mĂȘme du guerrier
  Alors le grand hĂ©ros reconnaĂźt les oiseaux de sa mĂšre et leur adresse avec joie cette priĂšre : « Oh ! Soyez mes guides et, parmi les airs, dirigez ma course, si quelque route y mĂšne, vers le bois sacrĂ© oĂč un prĂ©cieux rameau ombrage la terre grasse
 Â». EnĂ©e suivit les colombes  qui le menĂšrent aux gorges de l’Arverne. « Elles
 se posent toutes deux Ă  l’endroit souhaitĂ© au haut d’un arbre, d’oĂč l’éclat de l’or, tranchant sur les rameaux, resplendit Ă  sa vue. De mĂȘme qu’on voit dans les bois, au froid solstice, verdir avec ces nouvelles feuilles, le Gui qui pousse sur un arbre Ă©tranger, et dont les fruits safranĂ©s s’enroulent autour des troncs arrondis, tel Ă©tait sur une yeuse opaque l’aspect de la frondaison d’or, ainsi crĂ©pitaient au vent lĂ©ger ses feuilles brillantes. EnĂ©e la saisit sur le champ, l’arrache avidement malgrĂ© sa rĂ©sistance, et la porte Ă  la demeure de la prophĂ©tesse Sibylle Â».  Celle-ci l’accompagnera jusqu’à l’entrĂ©e de l’HadĂšs. Charon, le passeur du sĂ©jour des Ombres, du Sommet et de la nuit assoupissante, leur adresse fermement la parole : « il m’est dĂ©fendu de passer des vivants dans la carĂšne du Styx Â».

La prĂȘtresse de Cumes lui rĂ©pondit : Â« â€Š Le Troyen EnĂ©e, remarquable par sa piĂ©tĂ© et par ses exploits, descend voir son pĂšre aux ombres profondes de l’ErĂšbe. Si l’exemple d’une telle piĂ©tĂ© ne te touche pas, veuille du moins reconnaĂźtre ce rameau ; et elle dĂ©couvre le rameau qui Ă©tait cachĂ© sous sa robe. Le cƓur de Charon, gonflĂ© de colĂšre, s’apaise alors. Elle n’en dit pas davantage : lui, admirant le vĂ©nĂ©rable don de la branche fatale, qu’il n’a pas vu depuis longtemps, tourne vers eux sa barque sombre et s’approche de la rive
 et reçois dans sa coque l’énorme EnĂ©e Â». Ainsi va-t’il rejoindre son divin pĂšre Anchise et pourra-t’il s’entretenir avec  lui du monde des Ăąmes aprĂšs la mort.

« Tu es venu enfin, et ta piĂ©tĂ©, tant attendue de ton pĂšre, a triomphĂ© d’un dur voyage ! Â».

Anchise embrase le cƓur de son fils de la « gloire future Â», il lui parle de l’avenir et lui indique « comment il peut Ă©viter ou supporter chaque Ă©preuve Â».

Ce livre VI de l’EnĂ©ide mĂ©rite quelques commentaires. La lĂ©gende italique, un peu obscure, du rameau d’or ne se trouve pas ailleurs que chez Virgile. Elle se rattache cependant Ă  des lĂ©gendes celtiques comme le rite du Gui ou celui de la FougĂšre qui, le soir de la Saint-Jean, porte une fleur d’or. Elle a intriguĂ© les Anciens (SERVIUS) et les modernes, tels E. NORDEN et J.G. FRAZER, qui intitula son Ă©norme ouvrage sur les mythes, les coutumes et la magie : « Le Rameau d’or Â».

J.G. FRAZER Ă©crit au XIXĂšme siĂšcle : « il est certain et admis par tout le monde que Virgile compare le Rameau d’Or au Gui Â». James SOWERBY (1805) : Le Gui est cĂ©lĂšbre
 comme le Rameau d’or de Virgile, qui servit de passeport Ă  EnĂ©e lors de son voyage aux Enfers Â». Pour l’auteur du Lexicon Mythologicon, citĂ© par FRAZER, le rameau d’or n’était autre de le Gui glorifiĂ© par licence poĂ©tique Â».

SERVIUS, commentateur de Virgile, mentionne l’opinion, couramment admise Ă  son Ă©poque, que le Rameau d’or Ă©tait la branche qu’un candidat Ă  la prĂȘtrise de Diane, dĂ©esse des forĂȘts, devait cueillir dans le bois sacrĂ© de NĂ©mi.

Au point de vue botanique, il est connu que le Loranthus europaeus ou Gui d’Europe, proche du Viscum album, pousse plus facilement sur les chĂȘnes verts ou Yeuses du bassin mĂ©diterranĂ©en (Italie, Yougoslavie). Son fruit est jaune et ses feuilles caduques. Un des caractĂšres du Gui est, comme le souligne la sibylle, de pouvoir pousser une nouvelle tige Ă  partir des suçoirs restĂ©s sous l’écorce de l’arbre.

Peu aprĂšs le solstice d’hiver, le Gui blanc forme de nouvelles feuilles. AprĂšs la chute des feuilles de l’arbre-hĂŽte, la touffe de Gui est plus directement exposĂ©e aux rayons du soleil : aussi, entre dĂ©cembre et mars, sa couleur est frĂ©quemment jaune « imitant, comme le dit SERVIUS, la couleur de l’or Â».

Nous avons laissĂ© sĂ©cher plusieurs touffes de Gui, Ă  l’ombre et au sec ; elles prirent une belle teinte jaune d’or jusque dans leurs tiges. Ce phĂ©nomĂšne facilement observable a-t-il contribuĂ© Ă  ce que le Gui fĂ»t appelĂ© Rameau d’or ?

Il y a quelques annĂ©es encore, les Bretons suspendaient des touffes de Gui blanc Ă  leur « penty Â» et les y laissaient jusqu’à ce que le temps eĂ»t changĂ© la teinte des baies, feuilles et branches en un jaune dorĂ© et converti ainsi la branche de Gui en un vĂ©ritable rameau d’or.

Les deux espĂšces de Gui (Viscum album et Loranthus europeus) Ă©taient connues des anciens Grecs et des Romains. ThĂ©ophraste – comme plus tard PLINE – distingue trois sortes de Gui : ixia, hyphear et stelis. Il dit que l’hyphĂ©ar et le stelis poussent sur les pins et les sapins, et que l’ixia croĂźt,  sur le chĂȘne, le tĂ©rĂ©binthe, etc
 ; l’ixia et l’hyphĂ©ar poussent sur l’yeuse, le mĂȘme chĂȘne-vert portant quelquefois les deux espĂšces, l’ixia au nord et l’hyphĂ©ar au sud. Il insiste sur la diffĂ©rence entre l’ixia Ă  feuillage persistant et l’ixia Ă  feuillage caduc. FRAZER tend Ă  prouver que THEOPHRASTE englobait sous le nom d’ixia le Viscum album et le Loranthus europaeus.

Il est clairement Ă©tabli Ă  notre Ă©poque que le chĂȘne-vert porte frĂ©quemment du Loranthus europaeus et que sur celui-ci peut croĂźtre, mais rarement, le Viscum album.

Comme la description de VIRGILE combine des caractĂšres appartenant Ă  l’un ou l’autre des Guis, ne peut-on voir dans l’association du Loranthus europaeus et du Viscum album ce qui se rapproche le plus du rameau d’or ?

Comme tout Ă©crit mythologique, ce rĂ©cit de la dĂ©couverte du rameau d’or par EnĂ©e se prĂȘte Ă  divers niveaux d’interprĂ©tation. VIRGILE, ce « prophĂšte de Rome, inspirĂ© d’un souffle vraiment divin Â» comme le qualifie P. CLAUDEL, dĂ©crit la piĂ©tĂ©, la confiance et le courage d’EnĂ©e, sa profonde aspiration Ă  retrouver son pĂšre, les colombes, le passage du monde des vivants Ă  l’Autre Monde, le caractĂšre divin d’Anchise


VIRGILE fait emporter par EnĂ©e un rameau de Gui enchantĂ©, lors de sa descente dans les profondeurs secrĂštes du monde souterrain. Pour J.C. FRAZER, « si l’on croyait que le Gui, sous la forme d’un rameau jauni et dessĂ©chĂ©, contenait la semence du feu, quel meilleur compagnon un voyageur Ă©garĂ© parmi les ombres de l’enfer pouvait-il emporter avec lui qu’un rameau qui lui servait Ă  la fois de lampe pour Ă©clairer ses pas et de bĂąton dans ses mains ? Ainsi armĂ©, il pouvait hardiment affronter les spectres affreux qu’il rencontrerait dans  son voyage aventureux Â».

Au XIIĂšme siĂšcle, Jean de SALISBURY, partant du nom mĂȘme d’EnĂ©e, EnnaĂŻos, « l’habitant Â» fait du « pieux hĂ©ros le symbole de l’ñme qui habite le corps Â» (M. RAT). Cette Ăąme noble revĂȘtue de piĂ©tĂ©, de confiance et de courage aspire profondĂ©ment Ă  retrouver son pĂšre, c’est-Ă -dire son origine, sa source, son crĂ©ateur – le « divin Anchise Â».

Au passage du monde sensible au monde supra-sensible, du monde profane au monde divin, du domaine de l’extĂ©rioritĂ© Ă  celui de la vie intĂ©rieure,  du monde du psychisme Ă  celui de l’esprit, se tient le terrible Charon : le gardien du seuil. EnĂ©e se doit de possĂ©der le rameau d’or, le Gui sacrĂ© pour franchir le seuil.

Dans sa quĂȘte, il accorde sa confiance,  se laisse guider par les colombes, Ă©vocation de la puretĂ©, de la paix et de l’Esprit, qui le guidera vers ce rai de lumiĂšre, symbole de sa filiation divine retrouvĂ©e.

Seule celle-ci permet de descendre dans les profondeurs tĂ©nĂ©breuses de notre inconscient, sans risque de nous perdre. La tradition orientale dit qu’il ne faut pas rĂ©veiller le serpent endormi de la Kundalini sans une prĂ©paration prĂ©alable.

De puissantes forces sommeillent en l’homme, leur Ă©veil prĂ©maturĂ© fait encourir un dĂ©sĂ©quilibre de la personnalitĂ© et des perturbations mĂȘme physiques.

Ne peut-on voir lĂ  une mise en garde pour l’apprenti sorcier qui n’envisage pas les consĂ©quences lointaines de ses dĂ©couvertes, des « secrets Â» de la nature (Einstein n’a-t-il pas dit : « Si j’avais su, je serais devenu plombier Â»?) ou pour la recherche d’expĂ©riences d’autre monde par des moyens artificiels, comme les drogues ?

Avec quel respect, quel tact ne doit-on pas tenter cette « descente aux enfers Â»  que constitue, peut-ĂȘtre, une psychanalyse ?

Le rameau d’or est la clef qui  permet l’entrĂ©e et surtout la remontĂ©e du gouffre infernal.

Le Gui, dont le mĂ©tabolisme est trĂšs liĂ© Ă  la lumiĂšre, symbolise la clef qui ouvre « les portes sacrĂ©es Â» vers la source de la vie.

L’homme qui possĂšde le rameau d’or, cette chaleureuse lumiĂšre du cƓur, pourra par une transformation, un retournement, une alchimie intĂ©rieure, se mĂ©tamorphoser et faite l’économie de certaines maladies.

Sur le chemin spirituel, le rameau d’or est une image de l’inhabitation de l’Esprit Saint qui permet au mystique de ne pas se perdre dans la « profonde nuit Â» qui prĂ©cĂšde la naissance de l’homme transfigurĂ© en Christ, tel le « Poverello Â» d’Assise qui chantera : « LouĂ© sois-tu pour toute crĂ©ature ! Â» ou Saint Jean de la Croix s’exclamant : « Mien le soleil, miennes les Ă©toiles, mienne la MĂšre de Dieu, miennes toutes les crĂ©atures ! Que demandes-tu et que recherches-tu encore, ĂŽ mon Ăąme ! Tout est Ă  toi et tout est pour toi Â».

En dĂ©finitive, cette descente d’EnĂ©e aux « Enfers Â» est tout autant une remontĂ©e au « ciel Â» !

  1. FOLKLORE – COUTUMES ET CROYANCES POPULAIRES

Le Gui inspirait du respect aux gens de la campagne, qui lui attribuaient des propriĂ©tĂ©s mĂ©dicinales ainsi que des vertus occultes, comme celle d’entraĂźner la mort de celui qui arrache le Gui du chĂȘne. Est-ce une des raisons qui explique que les arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux prescrivant la destruction de Gui soient bien souvent restĂ©s lettre morte ?

  • RĂ©jouissances de NoĂ«l et du jour de l’An

-Selon E. LEFRANC, le vieil usage de courir les rues le jour de l’an, au cri de « Au Gui l’An neuf Â» se rattacherait au culte celtique.

-En Gascogne, peu de jours avant NoĂ«l, des jeunes gens se prĂ©sentent durant la nuit devant chaque maison en chantant « AguillannĂ© Â». Ces rĂ©jouissances ont lieu Ă©galement en Provence. Pour H. MARTIN, ce cri s’était conservĂ©, avec le mĂȘme sens, dans des parties de la France oĂč la langue celtique a disparu depuis des siĂšcles.

-Dans le centre de la France (Blois), les enfants nommaient les jours de fĂȘte « aguilanlĂ© Â» et ils quĂȘtaient menues monnaies, sur une pomme fichĂ©e au bout d’une baguette enrubannĂ©e.

  • En Bretagne

Trois semaines avant NoĂ«l, les paysans se mettaient des griffes aux chaussures afin de grimper aux arbres et de cueillir le Gui. Au dĂ©but du siĂšcle, Saint-Malo et Grandville Ă©taient deux grands ports pour l’exportation vers la Grande-Bretagne : jusqu’à 400 tonnes. La demande n’était pas toujours couverte.

La coutume de mettre du Gui au seuil de la maison ou dans les piĂšces s’étend de la Grande-Bretagne Ă  toute l’Europe.

De nos jours, la signification en est bien souvent perdue.

Paul SEBILLOT raconte que « les aubergistes ont coutume de placer une touffe de Gui au-dessus de leur porte, en maniĂšre d’enseigne, pour inviter les passants, peut-ĂȘtre attirĂ©s par un atavisme lointain, Ă  entrer se livrer Ă  des libations d’un caractĂšre aujourd’hui trĂšs profane Â».

A NoĂ«l, Hersart de la VILLEMARQUE, dans le « Barzaz Breiz Â», relate une coutume qui est valable dans le FinistĂšre, pendant la premiĂšre moitiĂ© du XIXĂšme siĂšcle. Elle concerne une classe professionnelle, celle des mendiants, qui Ă©tait reconnue comme telle en Bretagne selon Arnold Von GENNEP. « On donne le nom d’ Ă©trenneurs Â» – Ă©guinen ien – Ă  de pauvres gens qui se rĂ©unissent toutes les nuits par troupes Ă  l’époque de NoĂ«l en plusieurs cantons de montagne et ailleurs et vont quĂȘter de village en village en chantant une vieille chanson dialoguĂ©e dont le refrain est EghianĂ©, Ă©ghianĂ© ; en dialecte vannetais : aghinanen Â».

LE ROUZIC, en 1912, dit qu’à Carnac, la veille de NoĂ«l, les jeunes s’assemblaient par groupes de trois Ă  quatre et allaient chanter aux portes des habitations des cantiques de circonstance, probablement afin d’obtenir leurs Ă©trennes. Ce but est tout Ă  fait affirmĂ© pour PloĂ«rmel, oĂč les dons reçus se nommaient au gui-gauraux.

Dans les CĂŽtes-du-Nord, avant 1880, Ă  Matignon et Ă  Plaubalay, la veille de NoĂ«l, les garçons se rĂ©unissaient et, portant sur l’épaule de grands bĂątons, allaient frapper Ă  la porte des mĂ©tairies : « Qui est lĂ  ? Demandait-on – le hoguilhanneu ! Â» rĂ©pondaient-ils. Ils chantaient et, pour les remercier, on leur donnait un morceau de lard qu’ils enfilaient dans le bĂąton pointu de l’un d’eux.

Pour l’Ille-et-Vilaine, Von GENNEP cite OgĂ©e : « A Montauban de Bretagne les enfants pauvres allaient, comme dans beaucoup de localitĂ©s bretonnes, se prĂ©senter Ă  la porte des personnes aisĂ©es en criant : « Au guyanĂ©, au guy l’an-neuf Â». Ils font ensuite l’aumĂŽne de quelques nourritures.

Dans le pays de LĂ©on (FinistĂšre), au cours de la premiĂšre moitiĂ© du XVIIIĂšme siĂšcle, « on se servait du terme Eghinat pour demander des Ă©trennes. Les jeunes garçons de la campagne allaient le dernier jour de l’an, par les bourgs et les villages, oĂč, aprĂšs avoir chantĂ© quelques cantiques en l’honneur du Sauveur nĂ© de la Vierge, ils criaient par trois fois : « Ma Eghinat Â». A Morlaix, la bourgeoisie criait Ă  tue-tĂȘte « Eghin an ett Â», que le blĂ© germe !

Parfois la coutume fut christianisĂ©e et les dons destinĂ©s Ă  l’église. A Morlaix et Landernau, la quĂȘte s’y faisait au profit des pauvres et des malades de l’hĂŽpital. L’un des pauvres de l’hĂŽpital, habillĂ© en massier, criait « LanguinannĂ© Â».

D’aprĂšs Emile SOUVESTRE, dans « Les Derniers Bretons Â», EguinanĂ© viendrait de Eghin-an-eit, qui signifie « le blĂ© germe Â». Les Druides Paul  BOUCHET (Bod-coat) et E/ COARER-KALONDAN ont abondĂ© dans son sens.

Au moment oĂč le Gui est en pleine fructification au-dessus de la terre, sous l’humus le blĂ© commence Ă  germer. Nous voyons la polaritĂ© complĂ©mentaire entre une plante lunaire, le Gui, et une plante particuliĂšrement solaire, le blĂ©.

  • Symbole de fĂ©conditĂ©

Au troisiĂšme millĂ©naire avant le Christ, vivait dans la presqu’üle du Jutland la tribu des Ingavous dont parle Tacite. Rudolf STEINER rapporte que, dans ce peuple, la procrĂ©ation Ă©tait rĂ©glĂ©e de telle sorte que la fĂ©condation ne pouvait avoir lieu qu’au moment des mystĂšres printaniers du dieu Nerthus, Ă  la premiĂšre pleine lune suivant le dĂ©but du printemps. Les enfants naissaient donc pendant les douze Nuits Saintes qui vont de NoĂ«l  Ă  l’Epiphanie (ThĂ©ophanie). Tous les trois ans, le premier-nĂ© de la nuit que nous appelons nuit de NoĂ«l Ă©tait mis Ă  l’écart par les prĂȘtres des mystĂšres de cette Ă©poque et Ă©tait appelĂ© Ă  devenir un initiĂ©, le hĂ©ros solaire qui rĂ©gnait sur la tribu pendant trois ans. Puis il Ă©tait remplacĂ© par un nouveau roi, et accĂ©dait Ă  un niveau plus Ă©levĂ© au travers d’une mort initiatique.

Le Gui blanc, lui, forme ses fruits en mars, au printemps et ceux-ci ne seront mĂ»rs qu’en dĂ©cembre, Ă  l’époque de NoĂ«l. Ainsi le cycle de fructification du Gui Ă©tait comme superposĂ© Ă  celui des naissances lunaires.

La sensibilitĂ© des druides Ă©tait encore assez dĂ©veloppĂ©e pour saisir ces mystĂšres de Nerrhus et explique la vĂ©nĂ©ration qu’ils avaient pour le Gui, plante de fĂ©conditĂ©.

Suspendre le Gui dans sa maison Ă  NoĂ«l, c’était se souvenir de cette Ă©poque oĂč la fĂ©conditĂ© Ă©tait rĂ©glĂ©e selon le cycle annuel et se mettre en harmonie avec le dieu de la fĂ©conditĂ©. Il est Ă  noter que,  chez bon nombre d’animaux, les pĂ©riodes de fĂ©conditĂ© sont rĂ©glĂ©es par les saisons.

La coutume du Gui de NoĂ«l est ainsi une trĂšs ancienne rĂ©miniscence des mystĂšres qui prĂ©parĂšrent l’humanitĂ© Ă  la fĂȘte de la naissance de l’enfant JĂ©sus.

  • Voici quelques coutumes et croyances attribuant au Gui un rĂŽle dans la fĂ©conditĂ©.

Selon PLINE, le Gui des chĂȘnes, cueilli selon le rituel, favorisait la conception chez les femmes qui le portaient. Les druides croyaient qu’une potion tirĂ©e du Gui rendait fĂ©cond le  bĂ©tail stĂ©rile.

Les AĂŻnos du Japon, dans la premiĂšre moitiĂ© du XXĂšme siĂšcle, tiennent le Gui en grande vĂ©nĂ©ration et le regardent comme un remĂšde souverain dans presque toutes les maladies ; ils le prennent quelquefois avec leurs aliments, d’autre fois en dĂ©coction. Les feuilles sont utilisĂ©es de prĂ©fĂ©rence aux baies. Ils attribuent aussi Ă  cette plante le pouvoir de rendre les jardins fertiles. Pour cet usage, les feuilles de Gui sont coupĂ©es en menus morceaux et, aprĂšs avoir prononcĂ© des priĂšres, on les sĂšme avec le millet ou d’autres graines ; et on en mange aussi un peu avec les aliments. On a Ă©galement vu des femmes stĂ©riles manger le Gui pour devenir fĂ©condes. Le Gui de saule, arbre sacrĂ©, passe pour ĂȘtre plus efficace.

Les indigĂšnes de Mabuig, Ăźle du dĂ©troit de TorrĂšs, croient Ă©galement au propriĂ©tĂ©s fĂ©condantes du Gui sur les femmes ; des jumeaux peuvent ĂȘtre enfantĂ©s par la femme enceinte qui touche ou brise un rameau d’une LoranthacĂ©e (Viscum sp â€“ probablement variĂ©tĂ© orientale qui pousse sur le Mader).

  • Symbole de la clef qui ouvre toutes les serrures

Au Tyrol, le Gui ouvre, dit-on, toutes les serrures, mais uniquement dans « certaines conditions Â» que j’ignore.

Dans son ouvrage « De Virtutibus Herbarum Â» ALBERT LE GRAND, MaĂźtre de Thomas d’Aquin, attribue au Gui de chĂȘne la propriĂ©tĂ© d’ouvrir toutes les serrures.

Le Gui est la fleur qui ouvre tout (P. LEBLANC).

Pourquoi le Gui ouvre-t-il toutes les serrures ?

Il recĂšle quelque part en lui les Anciens MystĂšres de l’époque atlantĂ©enne et les vĂ©hicules jusqu’à nous.

Il fait le lien entre le globe « Ancienne Lune Â» et notre terre. Il est la clef de notre filiation divine retrouvĂ©e. Il est d’or et d’argent ; de soleil et de lune.

  • Le Gui de la Saint Jean

Une des dates favorites de cueillette du Gui semble ĂȘtre la veille et le jour de la Saint Jean. Mais nous ignorons s’il s’agit de la Saint Jean Baptiste ou de la Saint Jean le ThĂ©ologien. Sans doute ces deux dates sont-elles favorables. En SuĂšde, la rĂšgle est qu’il faut cueillir le Gui « la nuit qui prĂ©cĂšde la Saint Jean, quand le soleil et la lune sont dans la position de leur puissance Â». Ainsi, un des principaux Ă©vĂšnements du Mythe de Baldour se trouve reproduit, dans sa patrie, Ă  la fĂȘte de la Saint Jean.

  • Symbole de protection, de purification et de guĂ©rison

– Protection contre les malices des Esprits de la Nature. Autrefois des branches de Gui    Ă©taient placĂ©es dans les berceaux pour empĂȘcher que les fĂ©es ne transforment le nouveau-nĂ© en petit lutin.

De mĂȘme, le Gui rendait le gnome impuissant Ă  faire du mal Ă  l’homme et aux animaux s’il Ă©tait cueilli Ă  la Saint Jean.

–  Protection contre le feu : en Italie comme en SuĂšde, l’opinion que le Gui Ă©teint le feu Ă©tait Ă©galement partagĂ©e.

-Protection contre la sorcellerie et la magie : En Autriche, selon FRAZER, des touffes de Gui Ă©taient  placĂ©es sur le seuil des maisons pour les protĂ©ger contre les sorciers et les mauvais mages.

En 1663, le Docteur Joachim BECHER de Spier sur le Rhin Ă©crit que l’on porte le Gui au cou contre les mauvais esprits ; quelques personnes l’enchĂąssent mĂȘme dans de l’argent.

Tout homme qui passe sous le Gui serait absous de ses péchés.

En Bretagne, surtout dans le Morbihan, des branches de Gui suspendues au-dessus des portes des Ă©curies et des Ă©tables protĂšgent les animaux contre la sorcellerie.

Dans le nord de l’Angleterre, pour Ă©loigner les mauvais sorts sur les bĂȘtes et avoir une bonne production de lait, on dit qu’il faut donner un bouquet de Gui Ă  la premiĂšre vache qui vĂšle aprĂšs le jour de l’an.

Le Gui peut aussi protĂ©ger toute une famille,  comme s’il renfermait la vie de cette famille. Ainsi en est-il des Hays d’Errol en Ecosse dont le sort Ă©tait liĂ© au Gui poussant sur un gros chĂȘne. L’emblĂšme des Hays Ă©tait le Gui. On affirmait que, quand la racine du chĂȘne aurait pĂ©ri, « l’herbe pousserait au foyer d’Errol, et un corbeau noir prendrait place dans le nid du faucon Â». Briser une branche de ce Gui, c’était mettre Ă  mort un des Hays. Le domaine a Ă©tĂ© vendu et les gens dirent que le chĂȘne sacrĂ© avait Ă©tĂ© abattu peu de temps auparavant.

  • -Protection contre les maladies – guĂ©rison

Une touffe de Gui suspendue au-dessus du lit Ă©viterait les cauchemars. L’eau lustrale que prĂ©paraient les druides avec le Gui Ă©tait regardĂ©e comme un remĂšde souverain contre les malĂ©fices et toutes sortes de maux. Cet usage « druidique Â» se perpĂ©tua sous diverses formes dans bon nombre de rĂ©gions de France. Plusieurs textes des conciles et synodes attestent qu’au XVĂšme et XVIĂšme siĂšcle, on se livrait encore dans les campagnes Ă  des fĂȘtes qui rappellent la cĂ©rĂ©monie du Gui sacrĂ©.

Il Ă©tait considĂ©rĂ© comme l’antidote des poisons, guĂ©rissait l’épilepsie ou haut-mal, car justement il ne touchait pas la terre. A cette fin, le Gui de chĂȘne Ă©tait appendu au cou du malade.

En SuĂšde, un anneau en bois de Gui Ă©tait portĂ© pour Ă©viter les souffrances. PlacĂ© Ă  l’entrĂ©e des Ă©tables, il Ă©loignait le feu et la maladie.

Dans les Ardennes, une ancienne ordonnance relate l’usage du Gui par un mĂ©decin de village qui le considĂ©rait comme un grand remĂšde de la jaunisse et de l’épilepsie.

« Le Gui est coupĂ© fin, on y ajoute du Berberis dont l’écorce la plus extĂ©rieure doit ĂȘtre jetĂ©e. Le mĂ©lange est Ă  mettre dans un litre de vin. Quelques jours plus tard, la potion est prĂȘte. Quelques cuillĂšres Ă  cafĂ© par jour Â».

Il semblerait que les arbres porteurs de Gui rĂ©sistent mieux aux maladies des vĂ©gĂ©taux. Il secrĂšte une substance aromatique qui passe dans l’arbre-hĂŽte et donne une plus grande valeur aux fruits, aux pommes notamment.

Au contraire, en quelques rĂ©gions, on n’osait pas manger le fruit des arbres « guitĂ©s Â» de peur d’ĂȘtre empoisonnĂ©. Le Gui est alors appelĂ© « balais de sorciĂšres Â», « rameaux des spectres Â».

J.G. FRAZER Ă©crit que « jusqu’à la seconde moitiĂ© du XVIIIĂšme siĂšcle, dans les contes Ă©cossais d’Elgin et de Maray, Ă  la pleine lune de mars, on coupait des rameaux de Gui ou de lierre, on les courbait en forme de cerceaux et on les conservait toute l’annĂ©e pour guĂ©rir la phtisie et quelque autre maladie. Dans le canton suisse d’Argovie, on estime que toutes les plantes parasites sont, en un certain sens, sacrĂ©es, mais, plus que tout autre, le Gui qui pousse sur un chĂȘne. Ce Gui est un remĂšde Ă  toutes les maladies des enfants, Ă  condition qu’on se le procure quand le soleil est dans le Sagittaire, et la lune Ă  son dĂ©clin ; les premier, troisiĂšme et quatriĂšmes jours avant la nouvelle lune, il faut l’abattre avec une flĂšche et l’attraper avec la main gauche quand il tombe Â».

En SuĂšde ainsi qu’au Pays de Galles, jusqu’à la moitiĂ© du XIXĂšme siĂšcle, on croyait que, pour que le Gui ait quelque vertu mĂ©dicinale, il fallait le faire tomber, Ă  coups de flĂšches ou de pierre, de l’arbre sur lequel il poussait.

Nous avons exposĂ© bien d’autres usages populaires du Gui comme mĂ©decine dans le chapitre sur la thĂ©rapeutique.

  • Symbole de l’union

Le fait que le Gui croisse en touffe arrondie autour d’un centre en a fait le symbole de l’unitĂ©, du centre dont tout procĂšde et oĂč tout doit retourner.

La touffe de Gui a Ă©tĂ© appelĂ©e « le bouquet du baiser Â». Encore rĂ©cemment, en Bretagne, on faisait passer les fiancĂ©s sous un touffet de Gui.

L’harmonieuse vie semi-parasitaire du Gui sur son arbre-hîte pouvait apparaütre comme un symbole de la vie de couple.

La jeune fille rencontrĂ©e sous le Gui peut  ĂȘtre embrassĂ©e sans permission, alors que celle qui ne reçoit aucun baiser sous le Gui ne se mariera pas dans l’annĂ©e.

« Il procure
 aux jeunes filles un Ă©poux juste et gĂ©nĂ©reux Â» (Zoroastre). P. DAVIDSON Ă©crit qu’au mariage le nouveau couple celte « buvait le breuvage mystique prĂ©parĂ© avec le Gui symbolisant l’union terrestre, mais aussi celle de l’ñme et de l’esprit dans la vie cĂ©leste Â».

  • Symbole de chance

Le paysan gallois aimait Ă  dire : « pas de Gui, pas de chance Â», et s’il y en avait en abondance, on comptait sur une belle rĂ©colte de blĂ©.

En France et en Grande-Bretagne, il était porté en amulette comme porte-bonheur.

Les conscrits des environs de Rennes regardaient le Gui comme un talisman pour tirer un bon numĂ©ro. « Dans ce but, il fallait, il y a une soixantaine d’annĂ©es, aller cueillir du « Gui d’épine blanche Â», puis s’agenouiller au pied de trois croix en dĂ©posant, Ă  chaque station, une petite branche de Gui. On faisait dire ensuite trois messes, mais, pour qu’elles fussent efficaces, il fallait avoir dans sa poche un peu de Gui et un morceau de fer trouvĂ© sans le chercher.

Les chasseurs de la province allemande d’Holstein et du canton suisse d’Aorgaer arboraient frĂ©quemment une branche de Gui Ă  leur chapeau : signe de chance et de courage.

Epandu sur les terres cultivĂ©es, il donnait l’espoir d’une rĂ©colte miraculeuse.

Dans l’arrondissement d’Abbeville, le Gui est appelĂ© « bec d’annette Â», Ă  cause de ses feuilles qui ressemblent au bec de canard. Sous la racine de l’arbre qui le porte vit une petite bĂȘte, avec laquelle on est sĂ»r de ne pas manquer d’argent tant qu’on peut la porter sur soi.

FRAZER Ă©crit : « la couleur jaune du rameau fanĂ© du Gui peut expliquer pourquoi le Gui a parfois passĂ© pour possĂ©der la propriĂ©tĂ© de dĂ©couvrir des trĂ©sors souterrains Â» ; d’aprĂšs les principes de la magie analogique, il existerait une affinitĂ© naturelle entre un rameau jaune et l’or. Au Tyrol, on dit que, si du Gui pousse sur un coudrier, il doit y avoir un trĂ©sor sous l’arbre. La mĂȘme croyance est attestĂ©e en Prusse Orientale pour le Gui poussant sur une Ă©pine blanche.

  • Utilisation pour la divination

-dans les Niebelungen, le Gui sert comme baguette divinatoire pour les sourciers.

-Il existait en France une croyance populaire qui veut que « l’on puisse trouver la mandragore ou « main de gloire Â»â€Š en creusant la terre Ă  la base d’un chĂȘne porteur de Gui Â».

-Les bruits, les craquements que produisaient les baies de Gui jetĂ©es au feu  Ă©taient interprĂ©tĂ©s pour connaĂźtre le destin.

  • MaĂźtrise des Ă©lĂ©ments

Dans le canton de Clerf, le Gui de poirier est nĂ©cessaire pour commander au temps. MaĂźtre Reister pense mĂȘme que la raretĂ© de ce Gui est liĂ©e Ă  son efficacitĂ©.

  • InvulnĂ©rabilitĂ© du Gui

Une ancienne croyance italienne affirme que ni l’eau ni le fer ne peuvent dĂ©truire le Gui.

  1. RAPPORTS DU GUI ET DES ESPRITS DE LA NATURE

La tradition druidique, puis la science spirituelle anthroposophique ont portĂ© un profond intĂ©rĂȘt Ă  l’existence d’ĂȘtres ordinairement non visibles pour l’ĂȘtre humain, mais qui sont Ă  l’Ɠuvre dans toute la nature.

La tradition populaire en parle dans les contes : ce sont les fĂ©es, les Korrigans
 Les gnomes ou Ă©lĂ©mentaux de la terre, du minĂ©ral, contribuent Ă  la pousse des racines ; les ondines vivent dans l’élĂ©ment eau, Les cascades favorisent la croissance de la plante feuillĂ©e, vĂ©gĂ©tative ; les esprits de l’air ou sylphes  s’activent au niveau de la fleur, des pĂ©tales, des vents, de la facultĂ© d’assimiler la lumiĂšre par les feuilles. Enfin les salamandres ou esprits du feu Ɠuvrent Ă  la formation du pollen, du nectar, du fruit.

Quelles sont les relations que le Gui blanc entretient avec ces ĂȘtres Ă©lĂ©mentaires ?

  • L’absence de racines terrestres, l’impossibilitĂ© qu’à le Gui de s’implanter Ă  mĂȘme le sol indique qu’il Ă©vite, repousse les gnomes. Une tradition dit que le Gui rendrait le gnome impuissant Ă  faire du mal Ă  l’homme et Ă  l’animal.
  • Par contre, son bois toujours jeune, son attirance pour l’eau, ses pseudo-baies riches en mucilage montrent son attirance pour les ondines. Le Quercus palustris d’AmĂ©rique est plus hospitalier pour le Gui que le chĂȘne rouvre, car les esprits de l’eau y attĂ©nuent l’influence des gnomes.
  • La couleur verte de toute la plante, liĂ©e Ă  la chlorophylle manifeste l’intense activitĂ© des sylphes.
  • Enfin les esprits du feu sont maintenus Ă©loignĂ©s du Gui par le fort courant de sĂšve venant de l’arbre.

L’oiseau dissĂ©minateur du Gui est l’ami du sylphe (Ă©lĂ©ment air) et lui permet de rencontrer les ondines.

  1. LE GUI ET L’EVOLUTION DE LA TERRE

Le Gui n’est pas vraiment une plante adaptĂ©e Ă  la vie de la terre. Il ne peut s’implanter sur la terre mĂȘme. Il ne suit pas le phototropisme ou le gĂ©otropisme comme les autres vĂ©gĂ©taux, mais il forme des touffes arrondies et se crĂ©e presque un espace intĂ©rieur qu’il pĂ©nĂštre de vie, ce qui est le propre de l’animal. Les branches, fussent-elles ĂągĂ©es de 20 ans, sont toujours vertes, ce qui le diffĂ©rencie des autres plantes.

Sa graine est si particuliĂšre qu’on l’appelle embryon, comme pour les rĂšgnes animal et humain. L’embryon reste toujours vivant dans son enveloppe de mucositĂ©, Il traverse l’intestin de l’oiseau au lieu de reposer, comme les autres graines de plantes, un certain temps dans la terre. A aucun moment de son cycle, il n’a de contact avec la terre.

Nous trouvons chez le Gui, sous forme de tendance, ce qui chez l’animal sera totalement dĂ©veloppĂ© : l’expĂ©rience de l’espace intĂ©rieur.

Son rapport avec le temps le distingue Ă©galement des autres plantes qui sont toujours en devenir. La plante n’est jamais tout entiĂšre prĂ©sente et dĂ©pendante du dĂ©roulement des saisons. Ce qui caractĂ©rise l’animal, c’est qu’il acquiert une certaine indĂ©pendance temporelle : il se crĂ©e un temps intĂ©rieur rĂ©glĂ© par ses bio-rythmes propres. Par exemple : le rythme respiratoire chez la plante est un reflet fidĂšle du rythme liant le soleil et la terre (jour/nuit) ; chez l’animal, il s’émancipe fortement. Le Gui tente d’établir son rythme propre face au rythme des saisons : ses baies se dĂ©veloppent en 9 mois (durĂ©e d’une grossesse) et peuvent rester 19-20 mois sur la plante. Dans les baies, on aperçoit par transparence des embryons qui se dĂ©veloppent d’ailleurs au mĂȘme rythme, que la baie soit sur la plante ou engluĂ©e sur une branche d’arbre.

A. LEROI est allĂ© jusqu’à utiliser l’expression de plante « vivipare Â». Dans la majoritĂ© des plantes, la fructification est marquĂ©e par l’arrĂȘt des processus vitaux ; Chez le Gui comme chez l’animal, le processus de fructification se dĂ©roule en mĂȘme temps et Ă  cĂŽtĂ© des autres processus de vie.

Pour bien comprendre ce comportement si particulier du Gui, il nous faudrait citer longuement le livre « science de l’occulte Â» oĂč R. STEINER dĂ©voile le passĂ© de notre terre. Nous nous contenterons de citer quelques passages de confĂ©rences qu’il fit Ă  Stuttgart (4 au 16 aoĂ»t 1908) et Ă  Nuremberg (17 au 30 juin 1908).

« Notre terre, aujourd’hui lieu de sĂ©jours des humains, a une origine infiniment lointaine
 Notre systĂšme planĂ©taire est passĂ© par quatre Ă©tats successifs que nous appelons Ancien Saturne, Ancien Soleil, Ancienne Lune et terre Â».

« Lorsqu’on remonte par la clairvoyance jusqu’à l’Ancien Saturne, on dĂ©couvre une planĂšte bien Ă©trange. C’est un corps cĂ©leste sur lequel rien n’existait de ce que nous appelons aujourd’hui minĂ©raux, corps solides
 plante, animal, rien de ce que nous connaissons sous forme d’eau, de gaz et d’air
 la chaleur est le seul de nos Ă©tats actuels qui ait existĂ© sur Saturne
 Tout Ă©tait chaleur, mais chaleur organisĂ©e, diffĂ©renciĂ©e
 Â».

Les traditions anciennes de certaines tribus, comme celles des Indiens sĂ©nales de Californie, affirment que le monde entier Ă©tait autrefois un globe de chaleur, un globe de feu ; puis cet Ă©lĂ©ment feu s’est intĂ©riorisĂ© dans le cƓur des arbres, dont il sort chaque fois que l’on frotte ensemble deux morceaux de bois.

« De tous les ĂȘtres qui peuplent notre terre, seul existait l’ĂȘtre humain en tant que corps physique Ă  l’état de germe Â».

« AprĂšs un certain temps, toute l’évolution saturnienne passe
 dans un Ă©tat purement spirituel qui ne serait pas perceptible pour des sens comme les nĂŽtres. Puis apparaĂźt la deuxiĂšme incarnation de notre planĂšte : c’est l’étape solaire
,  l’astre est assez avancĂ© pour Ă©mettre de la lumiĂšre
 Il n’est plus seulement fait de chaleur ; la substance calorique s’est condensĂ©e en gaz, en air
 C’est une masse d’air et de gaz qui par consĂ©quent peut briller
 Au germe primitif du corps physique humain vient s’incorporer un corps de vie Â».

AprĂšs une nouvelle phase intermĂ©diaire rĂ©apparaĂźt une nouvelle forme d’existence, un troisiĂšme Ă©tat que R. STEINER appelle l’ancienne lune
 « Ce qui Ă©tait gaz sous l’Ancien soleil se condense  jusqu’à l’état liquide Â». Cette Ancienne Lune « Ă©tait encore un globe liquide
 (puis) elle s’est scindĂ©e en deux corps cĂ©lestes, dont l’un fut le prĂ©curseur du soleil actuel et l’autre devint l’ancĂȘtre de notre terre
 Terre et Lune actuelles ne faisaient alors qu’un. Il y a donc d’un cĂŽtĂ© terre et lune ensemble et de l’autre le soleil Â».

Le soleil entraĂźna avec lui les parties les plus subtiles, tandis que restaient dans l’Ancienne Lune les parties les plus grossiĂšres, denses. Avant la scission et la sĂ©paration du soleil, les germes humains et les Ă©bauches des rĂšgnes animal et vĂ©gĂ©tal Ă©taient aux degrĂ©s d’évolution suivants :

  • RĂšgne humain composĂ© de trois corps : physique, Ă©thĂ©rique, astral.
  • RĂšgne animal composĂ© de corps physique et Ă©thĂ©rique.
  • RĂšgne vĂ©gĂ©tal composĂ© d’un corps physique.

Du fait de cette sĂ©paration de l’astre solaire, les rĂšgnes franchirent une demi-Ă©tape dans leur Ă©volution. Aussi Ă  ce stade de l’Ancienne Lune dont la consistance Ă©tait semi-liquide, « une sorte de tourbe Â», nous dit R. STEINER,  nous ne trouvions pas encore nos rĂšgnes actuels, « mais les rĂšgnes intermĂ©diaires suivants : un rĂšgne homme-animal, un rĂšgne animal-vĂ©gĂ©tal et un rĂšgne vĂ©gĂ©tal-minĂ©ral. De mĂȘme que nos minĂ©raux forment actuellement le terrain solide sur lequel nous marchons, c’était en ce temps-lĂ  le rĂšgne le plus bas, intermĂ©diaire entre la plante et le minĂ©ral, qui servait de terrain aux autres ĂȘtres
 Les ĂȘtres intermĂ©diaires entre l’animal et la plante se dĂ©gageaient de cet Ă©lĂ©ment liquide et visqueux et tantĂŽt Ă©taient attachĂ©s par leurs racines Ă  cette substance, tantĂŽt se mouvaient. Nous remarquerons que les ĂȘtres mi-homme, mi-animal que nous dĂ©crit la mythologie sont des rĂ©miniscences de cette Ă©poque ancienne de l’évolution de notre globe terrestre.

« Reportons-nous sur l’Ancienne Lune
 Tous les ĂȘtres qui habitent ce globe sont des ancĂȘtres de tous ceux qui existent actuellement. Le rĂšgne minĂ©ral est nĂ© de ce qui, chez les ĂȘtres intermĂ©diaires entre le minĂ©ral et la plante a dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© Â» ; et de mĂȘme pour les deux autres rĂšgnes : « minĂ©raux, plantes, animaux, hommes sont vraiment les descendants de ces ĂȘtres de l’Ancienne Lune. Il existe de nos jours des plantes trĂšs remarquables qui ne peuvent pousser sur un sol minĂ©ral, le Gui par exemple Â».

Ce sont des plantes qui n’ont pas Ă©voluĂ© avec les autres au point de ne pouvoir prendre racine dans notre terre et se nourrir dans le minĂ©ral solide qui en constitue l’écorce. Ces plantes attardĂ©es doivent ĂȘtre portĂ©es, comme aux temps lunaires, par un support, un sol vivant ayant la consistance de la corne ou du bois tendre.

Le Gui a un caractĂšre extraordinaire qui le distingue de toutes les autres, au regard du clairvoyant. Il possĂšde une sorte de corps astral qui entre en lui comme dans le corps des animaux. Et bien qu’il n’ait aucune sensibilitĂ©, il possĂšde une certaine ressemblance avec l’animal : c’est parce qu’il appartient Ă  l’espĂšce dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e des plantes-animaux de l’Ancienne Lune, qui ne sont pas devenues des plantes actuelles et ne peuvent, par consĂ©quent, prendre racine sur un sol minĂ©ral. Elles n’ont pas pu arriver Ă  ce point et ont donc besoin d’autres plantes sur lesquelles elles puissent se greffer. Le Gui en est restĂ© aux conditions d’existence de l’Ancienne Lune. Les ancĂȘtres des peuples europĂ©ens ont su ces choses et les ont exprimĂ©es sous forme de lĂ©gendes Â», en particulier celle du dieu nordique Baldour que nous exposerons plus loin.

Ainsi, pour R. STEINER, le Gui est un tĂ©moin de cette Ă©poque oĂč la lune Ă©tait encore unie Ă  la terre. De lĂ  viennent ses vertus cachĂ©es spĂ©ciales, connues des druides. Le Gui est un hĂ©miparasite, car il n’a pas appris, comme les autres plantes, Ă  vivre directement sur un sol minĂ©ral. D’autres vĂ©gĂ©taux comme la cuscute, assez frĂ©quemment  retrouvĂ©e sur les ajoncs en Bretagne, ou l’orobranche sont Ă©galement des parasites vĂ©gĂ©taux.

  1. LES MYSTERES DRUIDIQUES ET LE GUI SELON RUDOLF STEINER.

R.STEINER dit (3.6.1907) que les lĂ©gendes et les coutumes que nous connaissons sur le Gui viennent des mystĂšres celto-druidiques. Dans les mystĂšres d’Hibernie, l’état de « druide Â» dĂ©signe le troisiĂšme degrĂ© de l’initiation. Le prĂȘtre ou le sage Ă©tait comparĂ© au chĂȘne (22 mars 1905) dont la structure ligneuse est un vestige d’un Ă©tat reculĂ© de l’évolution de la terre appelĂ© Ancienne Lune dans la cosmogonie steinerienne dont nous venons de parler (3. 9. 1923). Le chĂȘne en tant qu’arbre est apparentĂ© Ă  l’impulsion de Mars qui se manifeste dans l’évolution terrestre de l’homme par l’incarnation du Moi.

Chaque touffe de Gui blanc que porte le chĂȘne est considĂ©rĂ©e comme un cadeau du ciel et donc comme la marque d’un dieu.

Le chĂȘne porteur du Gui symbolise l’homme terrestre douĂ© de l’élĂ©ment du Moi (du « Je Â»), mais puisant toutes ses connaissances aux sources de l’ancienne clairvoyance, hĂ©ritage de l’Ancienne Lune.

Ainsi, selon D. BOIE, au troisiĂšme degrĂ© initiatique des mystĂšres druidiques, la conscience recevait la marque d’un dieu par le « prĂ©sent cĂ©leste de l’ancienne clairvoyance Â».

La sagesse des druides Ă©tait comme un Ă©cho inconscient de l’époque oĂč la terre rĂ©unissait encore en elle la masse du soleil et celle de la lune. L’initiĂ© dĂ©couvrait l’influence spirituelle du soleil dans l’espace intĂ©rieurement obscur des dolmens. Il ressentait comment la collaboration des forces solaires et lunaires donnait forme Ă  la vie des diffĂ©rents rĂšgnes. Le druide observait l’action bienfaisante des ĂȘtres Ă©lĂ©mentaires au niveau de racines, des feuilles, des fleurs, du fruit de la plante ; puis en voyant ces entitĂ©s Ă©lĂ©mentaires Ă©changer cette activitĂ© bĂ©nĂ©fique contre l’action dĂ©vastatrice du gel, de la tempĂȘte, de la grĂȘle et de la foudre, l’initiĂ© apprenait ainsi des processus susceptibles d’aboutir Ă  des substances mĂ©dicinales. Il dĂ©veloppait de cette maniĂšre un art et une science mĂ©dicale dont le « seul livre Ă©tait celui de l’univers lui-mĂȘme Â» (Paracelse – R. Steiner 10.9.1923). Une intuition pleine de sagesse poussait nos ancĂȘtres Ă  « chercher dans le Gui des substances et des forces particuliĂšrement douĂ©es de vertus curatives Â».

Dans la perspective qui guidait les druides, les maladies apparaissaient comme  le rĂ©sultat des imperfections de l’évolution sur l’Ancienne Lune. Le Gui Ă©tait le symbole de ce qui restait de cette Ă©tape (22.3.1905). Aussi, selon la loi d’analogie, qui veut que seules deux ou plusieurs choses liĂ©es par une origine ou une nature semblable puissent agir l’une sur l’autre, le Gui Ă©tait susceptible de remĂ©dier Ă  ces imperfections.

Ce qui s’oppose Ă  l’évolution normale et saine peut et doit ĂȘtre transformĂ© afin de devenir une aide, un remĂšde Ă  ce qui dans l’homme a Ă©voluĂ© de façon anormale.

Les druides eurent la grande intuition de percevoir dans le « Gui des forces de guĂ©rison d’une nature toute particuliĂšre Â».

                   7.- LE MYTHE DE BALDOUR

Dans la mythologie scandinave, Baldour (Balder), fils du dieu Odin, était de tous les immortels le plus sage, le plus doux, le plus chéri.

Voici l’histoire de sa mort telle qu’on la trouve dans l’Edda en prose :

« Une fois, Baldour en dormant eut des rĂȘves Ă©crasants qui semblaient prĂ©sager sa mort. LĂ -dessus, les dieux tinrent conseil et rĂ©solurent de le mettre Ă  l’abri de tout danger. La dĂ©esse Frigga (sa mĂšre) fit donc jurer au feu et Ă  l’eau, au fer et Ă  tous les mĂ©taux, aux pierres et Ă  la terre, aux arbres, aux maladies et aux poisons, Ă  tous les quadrupĂšdes, aux oiseaux et aux ĂȘtres qui rampent, de ne faire aucun mal Ă  Baldour. On crut dĂšs lors Baldour invulnĂ©rable. Aussi les dieux s’amusaient-ils Ă  le placer au milieu d’eux et Ă  lui lancer des flĂšches, des pierres, Ă  le frapper Ă  coups de hache ; mais rien de ce qu’ils faisaient ne pouvait le blesser et ils s’en rĂ©jouissaient. Seul Loki, le malfaisant, Ă©tait mĂ©content. Alors, dĂ©guisĂ© en vieille femme, il alla trouver Frigga qui lui dit que les armes des dieux ne pouvaient blesser Baldour, puisqu’elle leur avait fait jurer Ă  tous de ne pas lui faire du mal. Et Loki demanda : « Est-ce que toutes choses ont jurĂ© d’épargner Baldour ! Â» Elle rĂ©pondit : « A l’est de Walhalla croĂźt une plante appelĂ©e Gui ; elle m’a paru trop jeune pour prĂȘter serment Â». Loki alla donc cueillir cette plante et il la porta Ă  l’assemblĂ©e des dieux. Il y trouva Hödour (Hother), le dieu aveugle, qui se tenait en dehors du cercle. Pourquoi ne tires-tu pas sur Baldour Â» ? demanda Loki. Hödour rĂ©pondit : « Parce que je ne vois pas oĂč il est ; d’ailleurs je n’ai pas d’arme Â». « Fais comme les autres, et honore Baldour ; Je t’indiquerai oĂč il est ; dĂ©coche-lui ce rameau Â». Hödour prit le Gui et le lança sur Baldour, suivant les indications de Loki. Le Gui atteignit Baldour et le transperça de part en part : le dieu tomba raide mort. Et ce fut le plus grand malheur qui frappĂąt jamais les hommes et les dieux. Sur le moment, les dieux restĂšrent muets, puis ils poussĂšrent des cris et pleurĂšrent amĂšrement.

Dans l’ancien Edda, Ă©crit en vers, allusion est Ă©galement faite Ă  l’histoire de Baldour. La Sibylle norroise en tĂ©moigne dans la prophĂ©tie connue sous le nom de Voluspa :

             Â« J’ai vu Baldour

               Le dieu flamboyant

               Le fils d’Odin

               MenacĂ© d’un sort fatal.

               Dans les hauteurs

               Au-dessus des prairies

               Avait poussĂ©

               Le Gui tendre et dĂ©licat.

               Du Gui partit

               Comme je le vis

               Un chagrin terrible

               Lorsqu’Hödour le lança.

               Dans Feu-hall Frigga

               Le malheur du Wal-hall pleurera Â».

Cependant, en regardant plus loin dans l’avenir, la Sibylle aperçoit, dans une vision plus heureuse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre oĂč les champs, sans ĂȘtre cultivĂ©s, produiront en abondance et oĂč toutes les douleurs seront consolĂ©es. Alors Baldour reviendra habiter les demeures bienheureuses d’Odin, dans un palais plus brillant que le soleil, recouvert de tuiles d’or, oĂč les justes vivront Ă  jamais dans la fĂ©licitĂ©.

R. STEINER nous dit que nos ancĂȘtres connaissaient les Ă©poques trĂšs reculĂ©es de l’évolution de notre monde, et qu’ils exprimĂšrent ces vĂ©ritĂ©s sous forme de lĂ©gendes (Leg-endere : rĂ©cit trĂšs vĂ©ridique) et de Mythes, conservant ainsi le souvenir de ces choses.

A chaque Ă©tape de l’évolution, « des ĂȘtres restent en arriĂšre par rapport Ă  d’autres
 Le Gui est une plante de cette espĂšce
 La lĂ©gende de Baldour laisse bien entendre que le Gui n’appartient pas rĂ©ellement Ă  notre terre, qu’il lui est Ă©tranger Â». Frigga dit : « elle (la plante de Gui) m’a parue trop jeune pour prĂȘter serment Â» : trop jeune au sens oĂč elle est restĂ©e Ă  un stade antĂ©rieur de l’évolution terrestre. Le Gui est une plante qui prĂ©sente beaucoup de similitude avec une jeune plantule, notamment le fait que ses feuilles sont trĂšs semblables aux cotylĂ©dons d’arbres. Elle (la lĂ©gende) cĂ©lĂšbre en Baldour le dieu du soleil qui Ă©claire la terre et lui donne sa force. Nul ĂȘtre terrestre ne peut lui ĂȘtre hostile. Le dieu Loki qui est, lui aussi, un ĂȘtre retardataire, ne trouve sur terre aucune crĂ©ature capable de tuer Baldour. Seul le Gui peut lui servir Ă  cette fin, car c’est une crĂ©ature Ă©trangĂšre sur la terre, tout comme Loki est un Ă©tranger parmi les divinitĂ©s terrestres Â».

Baldour est aussi le reprĂ©sentant de la conscience en perpĂ©tuelle Ă©volution. Loki est celui qui dĂ©teste le progrĂšs et refuse de s’intĂ©grer dans le courant de l’évolution : « lorsque la clairvoyance ancienne a Ă©tĂ© relayĂ©e par la pensĂ©e de la conscience Ă©veillĂ©e, se dĂ©clenche un vĂ©ritable combat entre le principe ancien, incarnĂ© par Loki, et le principe nouveau incarnĂ© par Baldour (R. STEINER 24 .12.1916).

D’aprĂšs R. STEINER, le nom de Baldour vient de « Bal -day Â» : la lumiĂšre du jour (Wal-hall ?).

C’est l’aveugle Hödour qui a lancĂ© la flĂšche mortelle en bois de Gui. Hödour reprĂ©sente le monde matĂ©riel extĂ©rieur, non reliĂ© Ă  l’impulsion spirituelle qui le sous-tend et dont il est la manifestation visible.

Hödour personnifie Ă©galement l’humanitĂ© devenue aveugle aux rĂ©alitĂ©s du monde spirituel et qui, sans le savoir, se rend coupable de la mort de son frĂšre. C’est ce qu’exprime R. STEINER dans les confĂ©rences du 24.04.1906 et du 24.12.1916.

Le crĂ©puscule des dieux – la disparition de l’ancienne clairvoyance – Ă©tait nĂ©cessaire pour que se dĂ©veloppĂąt la pensĂ©e claire. Mais, comme le dit la lĂ©gende, Baldour reviendra dans un monde renaissant et habitera pacifiquement avec son frĂšre HĂŽdour clairvoyant dans les demeures des dieux : lorsque l’humanitĂ© aura retrouvĂ© la conscience de l’esprit, cette nouvelle pensĂ©e du cƓur capable de rĂ©vĂ©ler au monde matĂ©riel terrestre son origine, sa vĂ©ritable nature et son accomplissement Ă  venir, alors l’Homme vivra dans l’harmonie avec l’univers et sera lui-mĂȘme un temple du divin.

Extrait de l’ouvrage « LE GUI ET LE CANCER Â»

PubliĂ© avec l’autorisation de l’auteur.


Un Tout:

James George Frazer

https://www.sacred-texts.com/pag/frazer/

https://www.sacred-texts.com/pag/frazer/gb06100.htm

https://www.sacred-texts.com/pag/frazer/gb06500.htm

https://www.sacred-texts.com/pag/frazer/gb06800.htm

https://www.sacred-texts.com/index.htm


🌳 https://hermes-thot-archives.blogspot.com/2020/01/frazer-le-rameau-dor-1ere-partie.html

🌳 Le gui, la plante « qui guĂ©rit tout Â» https://www.nhu.bzh/le-gui-plante-sacree/

Du sĂ©rieux âŹ‡ïžŽ

https://lamehumaine.com/2020/10/06/anthroposophie-vs-cancer

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