đŸ“· 👀 Clodologue et Clodographe âœ…

Docteur Patrick Henry, le Clodologue.

(Ă©bauche d’article, texte en construction)

Le passe-muraille
Henri, je ne t’ai jamais rencontrĂ©. Je te connais pourtant par milliers. Comme si je t’avais tricotĂ©. Comme si j’avais fait de la dentelle de tes moindres clins d’Ɠil, de tes faux-pas, Ă  chaque instant. Et je ne sais rien de toi. Je confonds tes rĂ©actions et ton fonctionnement intime. Je devine ce que tu me demandes quand tu ne formes pas de mots. Mais je ne sais rien de ce que tu veux pour toi, ni si tu veux quelque chose de ce que l’on a fait de toi. Ce visage : perdu, tournĂ© vers un extĂ©rieur lui-mĂȘme enfoui dans un sordide souterrain. Vue du trou dans le trou. Que cherches-tu ? Faut-il tout accorder au regard pour oublier le reste ? Ne cherches-tu pas Ă  rafraĂźchir ta peau au courant d’air viciĂ© qui circule ? Ton nez ne cherche-t-il pas Ă  Ă©chapper quelques secondes Ă  l’odeur de ta propre merde qui t’entoure pour lui prĂ©fĂ©rer celle des moteurs. Ou tout simplement rĂȘves-tu ? D’un rĂȘve qui ne cesse jamais. Qui refuse instinctivement et Ă  jamais le cauchemar de ta rĂ©alitĂ©.
Personne ne saura ce que tu as vĂ©cu, ce que tu as refusĂ© et Ă  partir de quel moment tu as dĂ©cidĂ© d’arrĂȘter tout ça. Va savoir… Tu vois des fleurs ? Des femmes ? Des culs ? Des fleuves ? Des vallĂ©es ? SubmergĂ©es ? Tes digues ont rompu un jour et tu passes Ă  travers la muraille de ce tunnel comme au travers d’une vie qui ne te concerne plus.
Que vois-tu Henri ? Dieu ? Mais Dieu t’a lĂąchĂ© Henri ! Je ne te connaĂźtrais pas si bien je te dirais “Mais regarde-toi donc ! il est oĂč ce dieu ?” Mais surtout pas. Ce qui pourrait t’arriver de pire serait que tu te regardes avec luciditĂ© et surtout, que tu te compares, que tu t’évalues en fonction des autres.
Tu n’es plus rien pour les hommes et tu n’as jamais rien Ă©tĂ© pour Dieu. Ne fais surtout pas ça. Reste oĂč te mĂšne ton regard. Ne passe pas la muraille. Sinon …
Patrick Henry
MĂ©decin, fondateur de la premiĂšre consultation pour SDF (1984) Ă  Nanterre et du Recueil Social de la RATP (1992/4).

Le passe-muraille. Un texte offert par feu le Dr Patrick Henry pour l’exposition “ Voyage sans abri”, (Les autres), Ă  l’Eglise Saint-Leu Saint-Gilles de Paris oĂč a eu lieu la premiĂšre du film « Au Bord Du Monde » en janvier 2014. Patrick Henry et le docteur Jacques Hassin nous ont fait l’honneur de parrainer moralement ce film, qui dĂ©crit avec justesse une certaine rĂ©alitĂ© des clochards. Jacques H du Cash de Nanterre oeuvre toujours avec force pour le bien de ces personnes, nous avons prĂ©sentĂ© le film ensemble trĂšs souvent. Je voyais moins Patrick Henry mais nous avions Ă©changĂ© quelques emails; il me conseillait. Ses paroles fortes et prĂ©cieuses raisonnent en moi Ă  tout jamais. Jusqu’Ă  la fin des temps.

/ Cet article est encore une Ă©bauche, je vais essayer de ne pas dire trop de conneries, pour une fois ! Merci de ne pas le reproduire en l’état./ C’est surtout une dĂ©dicace Ă  Patrick Henry dĂ©cĂ©dĂ© en octobre 2019, un hommage.
Sans aucun doute l’un des instigateurs du Samusocial /.

Revue de presse

Toubib des « clodos », spĂ©cialitĂ© mĂ©tro

Patrick Henry, mĂ©decin alcoologue, peut se vanter d’ĂȘtre un pionnier. À Nanterre, il ouvre dans les annĂ©es 1980 la premiĂšre consultation en Europe rĂ©servĂ©e aux SDF. Il y recevra 51336 patients, jusqu’à un burn out qui le pousse Ă  modifier sa trajectoire professionnelle. Depuis 1992, il est chargĂ© de la mission de lutte contre la grande exclusion Ă  la Ratp, oĂč il fonde le Recueil social. Il tente dĂ©sormais de faire revoir le jour aux SDF rĂ©fugiĂ©s dans le mĂ©tro. Quelle est la diffĂ©rence entre votre travail aujourd’hui et celui d’hier Ă  Nanterre?Dr Patrick Henry: Aujourd’hui, je croise les SDF, mais je ne les soigne plus, je cherche des solutions pour les accueillir. C’est un burn out que j’ai vĂ©cu. J’étais le premier Ă  avoir mis en place une telle consultation, le terrain Ă©tait en friche, je n’avais aucune idĂ©e des dĂ©gĂąts que cela peut causer. J’ai effectuĂ© 51336 consultations. Plus des gens que j’allais voir Ă  l’extĂ©rieur, dans la rue, dans le mĂ©tro. Au total, ça doit faire de 70000 Ă  80000 consultations, uniquement avec des SDF . 👉 La suite par Charlie Vandekerkhove le 29-05-2013 : ((l’article complet dans les commentaires)) – https://www.egora.fr/actus-pro/societe/20859-toubib-des-clodos-specialite-metro

👉 Le briefing du Samusocial : https://www.ongconseil.com/…/2017/10/LE-BRIEFING_18_.pdf

Clodos, vagabonds ou hommes Ă  la rue, oĂč qu’ils soient ils dĂ©rangent. On les dit plus nombreux, plus alcoolisĂ©s, plus jeunes, plus dangereux… Mais eux, qui ne peuvent plus vouloir et n’ont plus de mots pour s’exprimer, que  » disent-ils  » ? Patrick Henry, qui fut leur premier mĂ©decin, et Marie-Pierre Borde, devenue infirmiĂšre pour aller vers ces exclus, racontent. En 1984, au centre d’hĂ©bergement de la Maison de Nanterre, Patrick Henry crĂ©e une consultation mĂ©dicale unique en Europe oĂč dix mille hommes et femmes de Paris en rupture sociale, et pour qui le mot rĂ©insertion ne signifie rien, trouvent un accueil mĂ©dical et une Ă©coute. Ni Patrick ni Marie-Pierre ne pensaient devenir des  » professionnels  » mais peu Ă  peu, d’abord Ă  Nanterre, aujourd’hui au sein de la RATP, ils ont cherchĂ© Ă  comprendre. Ensemble, portĂ©s par leur amour, animĂ©s par leur passion commune pour cet  » autre « , hier encore un des nĂŽtres, ils l’aident Ă  ressentir, mĂȘme au cƓur d’une extrĂȘme solitude, la santĂ© et le contact humain comme des nĂ©cessitĂ©s vitales. Ce livre d’une exceptionnelle intelligence humaine devrait nous dĂ©livrer de nos idĂ©es reçues, de nos indiffĂ©rences, de nos peurs, et surtout nous donner la possibilitĂ© de savoir tendre la main Ă  ceux qui sont les plus exclus : les clochards. : https://www.babelio.com/livres/Henry-II-La-vie-pour-rien/568913 👉

À suivre…

Lors d’une autre expo en 2016 – J’avais dĂ©jĂ  publiĂ© le carton de l’expo et j’ai reçu la suite de la lĂ©gende rĂ©flexe de la part de Patrick : Une cigarette aprĂšs l’amour. Comme tout le monde. Post coĂŻtum animal triste et dĂ©tendu. D’ailleurs j’en ai prĂ©parĂ© plusieurs. Au cas oĂč. Au cas oĂč la femme que j’aimerais passerait par lĂ . Sur un malentendu, elle se promĂšnera peut-ĂȘtre dans cette douce lumiĂšre qui ne laissera pas discerner les veines sinuant sous sa peau. Elle partagera mon couloir. Se blottira contre mes tuyaux. Nous nous regarderons sans rien dire. Nos dĂ©sirs se rejoindront dans le bruit blanc de la circulation et nous ferons la mort. IntensĂ©ment. Une cigarette avant la mort.

Quelques phrases qu’il m’a partagĂ© :  » Les pauvres, les prĂ©caires, les clodos, n’ont pas besoin pour les aider d’aussi faibles qu’eux ou de demi-fous ; ils ont besoin de gens forts et rĂ©sistants, clairs, Ă©quilibrĂ©s, et aussi bien que possible dans leurs tĂȘtes et dans leurs corps.


Je lui avais demandĂ© conseil concernant : « Pour le 115 du particulier, lorsque ce truc a commencĂ©, tous les pros ont compris qu’il s’agissait encore d’un montage bizarre, issu sans doute de l’esprit tordu de je ne sais quel frustrĂ© manipulateur ; sans pouvoir l’affirmer, d’ailleurs. C’est le principe des bons manipulateurs paranoĂŻaques de se mĂ©fier et de se protĂ©ger suffisamment pour ne pas prendre de risques. Il y a eu comme exemple du mĂȘme style le «village de l’espoir » en 2007 ; belle initiative, vite dĂ©tournĂ©e par un pervers manipulateur. Le secteur de la pauvretĂ©, de la prĂ©caritĂ© a toujours attirĂ© des faux prophĂštes comme les colonies de vacances attirent les pĂ©dophiles. La plupart du temps, ces minables sont peu habiles et se font ramasser en peu de temps ce qui ne leur donne pas le temps de nuire. Dans d’autres cas, ça dure et l’isolement qu’ils crĂ©ent fait le lit de leur pouvoir. Le principe est d’obtenir une lĂ©gitimitĂ© Ă  grands coups de dĂ©mago et de discours gluants de fausse commisĂ©ration, quitte par ce biais Ă  attirer de vraies associations prĂȘtes Ă  tout pour conserver ou majorer leur ego. p.athen

À suivre … Samusocial* : Le concept est nĂ© d’une trĂšs trĂšs longue et rĂ©pĂ©tĂ©e discussion entre X.E. et moi au moment de mon dĂ©part et de son arrivĂ©e Ă  Nanterre. p.athen »

À suivre…

Le surnommé Jésus de la rue des Boulets, décédé en 2017

👉 EXPOSITION LES AUTRES – Saint-Leu – Saint-Gilles http://www.sylvainleser.com/fr/portfolio-29733-0-40-exposition-les-autres-saint-leu-saint-gilles.html👉 Saint-Leu – Saint-Gilles : https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/photographie/sylvain-leser-photographe-du-paris-des-sans-abri-a-l-eglise-saint-leu_3341809.html?fbclid=IwAR1Valb9SR291VV__wK1WV_NefUlgvUMELJLAEXpZNLNT-S-LEPFktHdNNE 👉 Quelques images du mĂ©tro avec une des Ă©quipes du recueil social de la RATP http://www.sylvainleser.com/fr/portfolio-19512-0-200-blog-vi-oscar-xiv.html

“IntimitĂ©â€Avril 2017 – Je souhaitais qu’il Ă©crive sous certaines de mes images et pour cela je lui avais envoyĂ© cet article sorti du fond de mon crĂąne, comme un CV, avec quelques images fraiches de mon ami Henri. Et d’autres, histoire de faire pĂąte blanche. Une petite Ă©bauche de ma folie d’ĂȘtre humain poĂšte et curieux. J’avais surtout besoin que lui me lise et me cautionne dans ma dĂ©marche assidu auprĂšs des morts vivants. (Je ne peux par respect pour les morts et les vivants retranscrire tout cet Ă©change, juste des petits morceaux…)

  • – “ Merci. Il est vrai qu’au premier abord, tout de discours Ă  propos de la mort m’a provoquĂ© une petite sensation de fluide glacial intĂ©rieur. Puis, au fil de la lecture et surtout au fil des photos, superbes, la mort et la misĂšre prennent une telle rĂ©alitĂ© que, finalement, elles m’ont confrontĂ© Ă  une forme de vĂ©ritĂ©. Donc, pas de problĂšme. Juste un dĂ©tail dont tu comprendras l’importance pour moi … …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….. Tu es le seul Ă  savoir vraiment jusqu’oĂč cela relĂšve de l’exploit, mĂȘme pour ceux qui te connaissent un peu et je vois et je digĂšre ce que je viens de lire comme un exploit de sensibilitĂ©, quel que soit l’auteur.

A bientĂŽt, Patrick ” « p. athen« .

LĂ  crĂšche Henri

Discours de Victor Hugo Ă  l’AssemblĂ©e :

http://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/histoire/grands-discours-parlementaires/victor-hugo-9-juillet-1849Le discours de Victor Hugo appuie la proposition d’Armand de Melun visant Ă  constituer un comitĂ© destinĂ© Ă  « prĂ©parer les lois relatives Ă  la prĂ©voyance et Ă  l’assistance publique ».

Je ne suis pas, messieurs, de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde ; la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut dĂ©truire la misĂšre.Remarquez-le bien, messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis dĂ©truire. Les lĂ©gislateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matiĂšre, tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli. La misĂšre, messieurs, j’aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir jusqu’oĂč elle est, la misĂšre ? Voulez-vous savoir jusqu’oĂč elle peut aller, jusqu’oĂč elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au Moyen Âge, je dis en France, je dis Ă  Paris, et au temps oĂč nous vivons ? Voulez-vous des faits ? Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l’Ă©meute soulevait naguĂšre si aisĂ©ment, il y a des rues, des maisons, des cloaques, oĂč des familles, des familles entiĂšres, vivent pĂȘle-mĂȘle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n’ayant pour lits, n’ayant pour couvertures, j’ai presque dit pour vĂȘtement, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassĂ©s dans la fange du coin des bornes, espĂšce de fumier des villes, oĂč des crĂ©atures s’enfouissent toutes vivantes pour Ă©chapper au froid de l’hiver. VoilĂ  un fait. En voulez-vous d’autres ? Ces jours-ci, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misĂšre n’Ă©pargne pas plus les professions libĂ©rales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim Ă  la lettre, et l’on a constatĂ©, aprĂšs sa mort, qu’il n’avait pas mangĂ© depuis six jours. Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passĂ©, pendant la recrudescence du cholĂ©ra, on a trouvĂ© une mĂšre et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les dĂ©bris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon ! Eh bien, messieurs, je dis que ce sont lĂ  des choses qui ne doivent pas ĂȘtre ; je dis que la sociĂ©tĂ© doit dĂ©penser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volontĂ©, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisĂ©, engagent la conscience de la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre ; que je m’en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l’homme, que ce sont des crimes envers Dieu ! Vous n’avez rien fait, j’insiste sur ce point, tant que l’ordre matĂ©riel raffermi n’a point pour base l’ordre moral consolidĂ© !

DerniĂšre image que j ‘ai prise d’Henry au mois de Janvier; 30 minutes avant mon infarctus et arrĂȘt cardiaque, Dieu merci j ‘avais quittĂ© le pĂ©riphĂ©rique et j’ai pu mourir et ĂȘtre ressuscitĂ©. Une histoire contre la montre..
Jour de PĂąques 2017

PĂąques 2017 – Renaissance

« Ce jour lĂ , aprĂšs mes nombreuses pĂ©ripĂ©ties: arrĂȘt cardiaque de 2017, soins palliatifs de 2016 et burnout de 2013, j’ai enfin pu montrer le film ABDM Ă  Henri qui Ă©tait le seul Ă  ne pas l’avoir vu et l’interview de toi, que je trouve chouette mais que mon producteur a sans doute un peu trop coupĂ©. Pourtant tu en disais des choses utiles, Patrick. Tu as suivi ce voyage de loin que tu as nommĂ© sauvetage. Notre ami Henri, qui sans doute nous enterrera tous, aprĂšs 40 ans de tunnels, sans quasiment plus parler, m’a dit te voyant Ă  l’écran : « c’est Patrick , je veux le revoir ! » Oui, on se souvient de son mĂ©decin… Et tu lui Ă©tais fort sympathique! Toi aprĂšs avoir vu le film, tu m’as dit : « bravo les gars, vous vous ĂȘtes pas foutus de leur gueule. » À bientĂŽt. AmitiĂ©s Ă©ternelles… Sylvain »

ABDM : https://www.daisyday.fr/auborddumonde.fr/ftp/www/index.php?chemin=null&langue=en

TELERAMA
Pierre Murat

On n’avait plus vu Paris aussi Ă©tincelant depuis Stanley Donen et ses films avec Audrey Hepburn. EclairĂ©s par un chef opĂ©rateur magique, Sylvain Leser, les monuments semblent Ă©merger, la nuit, tels des mirages. Dans cette ville fantĂŽme, les voitures, rares, semblent glisser pour fuir ailleurs. Et laisser la place Ă  ceux qui n’ont pas Ăč aller… Un homme pousse son Caddie dans les rues dĂ©sertes pour gagner le lieu Ăč il dort, depuis des annĂ©es : c’est Wenceslas… RecroquevillĂ©e contre sa grille, Christine raconte sa vie d’avant : sa maison, dĂ©truite, son mari et ses trois garçons, eux aussi Ă  la rue, qu’elle espĂšre retrouver un jour. On ne sait pas si elle dit vrai ou si elle invente, tant elle semble Ă©chappĂ©e d’une piĂšce de Jean Giraudoux : elle ressemble, d’ailleurs, Ă  l’actrice Marguerite Moreno, cĂ©lĂšbre pour avoir crĂ©Ă© La Folle de Chaillot… En compagnie d’un ami Ă©trangement muet, Pascal Ă©voque sa cabane du 7e arrondissement, faite de bric et de broc, qu’il a mis des mois Ă  amĂ©nager, Ă  embellir. “ S’il y avait le courant, ce serait royal ! dit-il en riant. DĂ©jĂ  que je ne sors pas beaucoup de chez moi, lĂ , je ne sortirais plus du tout ! “ Son angoisse, c’est que certains riverains, pas contents de voir un clodo gĂącher leur belle rue, le forcent Ă  dĂ©guerpir, un jour. Pour l’instant, ils sont gentils. “ Y a mĂȘme un flic qui m’a apportĂ© un plat de charcuterie pour NoĂ«l “… Alexandre, lui, installĂ© de l’autre cĂŽtĂ© de la Seine, philosophe, tel un disciple de Cioran : “ On recule au lieu d’avancer. BientĂŽt la sociĂ©tĂ© deviendra moderne, mais l’homme redeviendra prĂ©historique. La seule chose qu’il n’y aura pas, ce sont les dinosaures. Mais la police continuera Ă  exploiter cet homme des “cavernes moderne “…
Ils sont tous magnifiques, ces rĂ©sistants Ă©phĂ©mĂšres. Dignes. Aussi beaux que cette ville, magnifique et froide, autour d’eux. Que le regard, chaleureux, du rĂ©alisateur. Claus Drexel ne les humilie pas. Il ne les filme pas, comme beaucoup avant lui, avec une pitiĂ© maladroite. Il en fait, au contraire, de purs hĂ©ros tragiques, victimes de forces qui les dĂ©passent et qui les broient. DĂ©marche passionnante. RĂ©ussite totale.

👉  Quelques images du mĂ©tro avec une des Ă©quipes du recueil social de la RATP http://www.sylvainleser.com/…/portfolio-19512-0-200…

 đŸ˜‰  https://twitter.com/sylvangui/status/1197229842451877888

👉  EXPOSITION LES AUTRES – Saint-Leu – Saint-Gilles http://www.sylvainleser.com/…/portfolio-29733-0-40…

👉  https://www.francetvinfo.fr/…/sylvain-leser-photographe…

 N°1 : đŸ‘‰  Toubib des « clodos », spĂ©cialitĂ© mĂ©tro par Charlie Vandekerkhove le 29-05-2013 : Patrick Henry, mĂ©decin alcoologue, peut se vanter d’ĂȘtre un pionnier. À Nanterre, il ouvre dans les annĂ©es 1980 la premiĂšre consultation en Europe rĂ©servĂ©e aux SDF. Il y recevra 51336 patients, jusqu’à un burn out qui le pousse Ă  modifier sa trajectoire professionnelle. Depuis 1992, il est chargĂ© de la mission de lutte contre la grande exclusion Ă  la Ratp, oĂč il fonde le Recueil social. Il tente dĂ©sormais de faire revoir le jour aux SDF rĂ©fugiĂ©s dans le mĂ©tro.
Egora.fr : Quelle est la diffĂ©rence entre votre travail aujourd’hui et celui d’hier Ă  Nanterre?
Dr Patrick Henry: Aujourd’hui, je croise les SDF, mais je ne les soigne plus, je cherche des solutions pour les accueillir. C’est un burn out que j’ai vĂ©cu. J’étais le premier Ă  avoir mis en place une telle consultation, le terrain Ă©tait en friche, je n’avais aucune idĂ©e des dĂ©gĂąts que cela peut causer. J’ai effectuĂ© 51336 consultations. Plus des gens que j’allais voir Ă  l’extĂ©rieur, dans la rue, dans le mĂ©tro. Au total, ça doit faire de 70000 Ă  80000 consultations, uniquement avec des SDF. À chaque fois, les types vous racontent de telles choses, prĂ©sentent de telles pathologies que mĂȘme si on a le recul professionnel, qu’on essaye de se prĂ©server, il reste une petite couche qui nous colle Ă  la peau. Cette petite couche se sĂ©dimente, ensuite il suffit d’un lĂ©ger dĂ©sĂ©quilibre personnel, pour moi c’était un divorce. Et Ă  ce moment-lĂ , soit on arrĂȘte, soit on se casse la gueule. Moi j’ai prĂ©fĂ©rĂ© arrĂȘter avant de me casser la gueule. J’ai alors rencontrĂ© la Ratp, qui rĂ©alisait une enquĂȘte auprĂšs des voyageurs. Il en ressortait que leur premiĂšre prĂ©occupation Ă©tait la prĂ©sence des SDF dans le mĂ©tro. La Ratp essaie de rĂ©pondre Ă  des attentes, ça ne m’a pas choquĂ©, d’autant que de mon cĂŽtĂ© j’avais constatĂ©, de façon trĂšs clinique, que les gens de loin les plus malades, les plus abĂźmĂ©s venaient tous du sous-sol.

Qu’est-ce que c’est, de travailler tous les jours avec des SDF?
Il ne faut pas tricher. Les SDF n’ont pas de filtre. S’ils ont envie de vous dire que vous avez une sale gueule, ils vous le disent. Il faut aussi ĂȘtre le meilleur clinicien possible, car on n’a pas le temps de proposer des examens supplĂ©mentaires. On se fie Ă  tout : le toucher, l’odeur, l’ouĂŻe. Si vous ne faites pas le diagnostic dans la premiĂšre minute, vous ne le ferez pas. À Nanterre, je les observais dĂšs leur arrivĂ©e, quand ils descendaient du bus. C’est une mĂ©decine trĂšs particuliĂšre, du fait des patients auxquels elle s’adresse. Il faut ĂȘtre trĂšs naĂŻf pour penser qu’il suffit de bien aimer les gens, comme on dit, pour bien faire ce boulot-lĂ . Aujourd’hui, je me considĂšre beaucoup plus comme un travailleur social option mĂ©decine.

Comment en ĂȘtes-vous arrivĂ© Ă  cette mĂ©decine si spĂ©ciale?
ComplĂštement par hasard. À Nanterre, dans le cadre de mes Ă©tudes, j’avais repĂ©rĂ© des agents dans les couloirs du mĂ©tro en uniforme blanc, bleu, marron… Je les ai suivis, je me suis retrouvĂ© dans une sorte de cour des miracles. Quelque temps aprĂšs, j’ai reçu aux urgences un type qui venait de cet endroit, oĂč on amenait les clochards Ă  l’époque. Il est arrivĂ© avec un plĂątre au bras, ça le grattait, et quand j’ai retirĂ© le plĂątre…[pagebreak]
il n’y avait plus rien en-dessous. Tout Ă©tait putrĂ©fiĂ©. Il ne restait qu’un vague rĂ©seau vasculaire qui alimentait la main. Je me suis dit, si un seul mec, que je rencontre par hasard, est dans cet Ă©tat alors qu’ils sont des centaines lĂ -bas, il doit y avoir d’autres gens dans son cas.

Est-ce que vous étiez frustré dans votre travail de médecin?
Il faut avoir un peu d’humilitĂ©. Dans le traitement des SDF, il s’agit de social et d’humanitĂ© avant tout. La mĂ©decine ne rĂ©pond pas Ă  tous leurs problĂšmes. Mais elle reste le meilleur moyen de les approcher : on peut aller voir un toubib et lui dire qu’on a mal au crĂąne, et trois minutes plus tard lui raconter qu’on se faisait violer par son pĂšre Ă  l’ñge de 4 ans. Avec un mĂ©decin, on invente un prĂ©texte, ensuite on peut parler de choses beaucoup plus importantes.

De quelles pathologies souffrent les SDF?
La seule qui leur soit spĂ©cifique, c’est la brĂ»lure causĂ©e par les grilles de ventilation du mĂ©tro. Ils s’y allongent pour dormir, gĂ©nĂ©ralement ivres, donc les mouvements physiologiques du sommeil disparaissent. C’est de l’air sec Ă  environ 23 °C qui Ă©mane des grilles. AssociĂ© Ă  la compression du corps contre la grille et Ă  sa durĂ©e, cela aboutit Ă  des escarres dramatiques. Le problĂšme des SDF c’est qu’ils souffrent des mĂȘmes pathologies que tout le monde, mais que cela prend des proportions dramatiques, car ils ne sont pas soignĂ©s Ă  temps.

L’alcoolisme et les troubles psychiatriques sont-ils frĂ©quents?
D’aprĂšs mes calculs, entre 20 et 30 % des personnes qui sont Ă  la rue prĂ©sentent des pathologies psychiatriques. Une personne sur trois, c’est Ă©norme! Le problĂšme, c’est que l’institution n’est pas du tout adaptĂ©e Ă  eux. L’alcoolisme est assez rĂ©pandu, mais il faut savoir de quoi on parle. Si j’ai besoin d’une biĂšre chaque soir, c’est une forme d’alcoolisme. Mais si pour satisfaire ce besoin, je dois boire 7 ou 8 l de vin par jour, ce n’est plus la mĂȘme affaire
 Il y a parfois chez les SDF des phases terminales, des suicides symboliques oĂč les types boivent 20 Ă  23 l de vin par jour. Ça dure trois jours et ils meurent. Pour autant, interdire la consommation d’alcool dans les centres d’hĂ©bergement, c’est cruel, parce qu’on fait du chantage aux SDF : c’est soit tu dors dans le froid et tu rĂ©ponds Ă  ta dĂ©pendance, soit tu veux dormir au chaud et tu souffres. C’est un manque de respect…[pagebreak]
de ne pas tenir compte de cette pathologie. On considĂšre que c’est mal, mais de quel droit ? Qu’est-ce qu’on leur propose d’autre ? Alors oui, l’alcool, c’est difficile Ă  gĂ©rer dans un centre mais on ne fait pas non plus un
métier facile.

Quelle est la particularité de la vie dans le métro?
Le danger, c’est que les gens y restent et qu’ils perdent rapidement tout repĂšre. MĂȘme bruit, mĂȘme lumiĂšre, mĂȘme tempĂ©rature
 ils se dĂ©socialisent. J’ai vu des types arriver en pleine forme dans le mĂ©tro, aprĂšs un accident de vie. Je les retrouvais trois semaines aprĂšs, devenus clodos. C’était fini, il n’y avait plus rien Ă  faire.âŹ‡ïž
https://www.egora.fr/…/20859-toubib-des-clodos…

👉 Vous arrivez à les en faire sortir?
Oui, mais il faut ruser et les connaĂźtre. En 1991, on avait recensĂ© 1125 personnes dans le mĂ©tro. Depuis, le nombre a Ă©tĂ© divisĂ© par 3,5. Pourtant, rien ne les empĂȘchait d’y revenir. On ne les a pas jetĂ©s dehors, ce sont des gens qu’on a rĂ©ussi Ă  rĂ©intĂ©grer dans un circuit d’aide sociale, et j’en suis trĂšs content. Pour ça, il a fallu inventer des choses. Par exemple, l’opĂ©ration Atlas : tous les soirs depuis vingt ans, on transporte quatre cents personnes vers un lieu d’hĂ©bergement. On a Ă©galement des lieux d’accueil de jour, les « espaces solidaritĂ© insertion ». Il y en a quinze comme ceux-lĂ  Ă  Paris, oĂč on peut prendre une douche, laver ses vĂȘtements, rencontrer un mĂ©decin, etc. C’est en proposant aux gens une alternative qu’on les fait sortir du mĂ©tro. Mais les rechutes sont frĂ©quentes. Personne n’est capable d’estimer les limites de sa propre fragilitĂ© et de sa propre soliditĂ©, de savoir s’il y aura rechute ou pas. C’est ça qui est terrible.

Vous parlez beaucoup des SDF au masculin, mais il y a aussi des femmes. Est-ce que l’impact de la vie dans la rue est diffĂ©rent pour elles?
C’est bien plus dramatique pour les femmes. DĂ©jĂ  en termes d’image de soi. Dans la rue, la notion de fĂ©minitĂ© disparaĂźt complĂštement. Mais parfois ça peut faire partie d’une stratĂ©gie, d’essayer de ressembler le moins possible Ă  une femme telle qu’on se la reprĂ©sente, pour subir moins de violences. Parce que physiquement les femmes de la rue sont victimes d’agressions de façon quasi permanente. Ce sont des viols Ă  rĂ©pĂ©tition. Et mĂȘme quand certaines pensent trouver un «protecteur», elles ne sont pas Ă  l’abri. Pour les hommes, la rue ce n’est dĂ©jĂ  pas drĂŽle, mais pour les femmes c’est un enfer. Elles reprĂ©sentent 10 Ă  12% des SDF, et ça s’explique: en fait,…[pagebreak]
la protection sociale se met bien plus facilement en place pour elles Ă  partir du moment oĂč elles ont des enfants. La prĂ©sence des enfants les maintient au foyer, et ce n’est que lorsque ceuxci quittent le domicile parental qu’elles peuvent se retrouver dehors. Donc on trouve de trĂšs jeunes femmes dans la rue, mais elles peuvent encore la quitter, et des femmes plus ĂągĂ©es, Ă  partir de 45-50 ans.

Comment décrire le rapport que les sans-abri entretiennent avec leur corps, et en particulier leur corps malade?
Les gens ne sont plus capables de faire un travail de distanciation par rapport Ă  eux-mĂȘmes, et pour quelqu’un qui n’a plus l’impression que ses membres lui appartiennent, il n’y a aucune raison de se faire soigner. Il y a une fragmentation de l’individu. Et c’est manifeste: par exemple, pour les droitiers, les lĂ©sions les plus importantes commencent au pied gauche, puis au pied droit, puis Ă  la main gauche et enfin Ă  la main droite. Ce sont les organes avec lesquels on a le plus de relations qui sont touchĂ©s en dernier.

Comment, en tant que médecin, répondez-vous à ça?
Il faut y aller sur des oeufs, il faut banaliser. Moi par exemple, j’ai beaucoup plaisantĂ© sur les asticots. D’ailleurs, j’en ai gardĂ©, regardez, sur le bureau, lĂ , dans la rĂ©sine. Je les ai rĂ©cupĂ©rĂ©s sur la jambe de quelqu’un, ils sont devenus des mouches, et ensuite le patient revenait et me disait en rigolant : « Fais-moi voir mes gosses ». S’il avait fait le lien entre ces asticots et l’image de la mort, de la pourriture, il n’avait plus qu’à mourir effectivement. À la place de ça, on a plaisantĂ©, tout en soignant cet ulcĂšre de jambe gigantesque.

De mĂ©decins alcoologue Ă  « clodologue »
«Clodologie», c’est ainsi que Patrick Henry dĂ©signe, bravache et provocateur, cette mĂ©decine si spĂ©ciale Ă  ses yeux, qui consiste Ă  soigner des SDF. Car il sait de quoi il parle, lui qui travaille auprĂšs d’eux depuis les annĂ©es 1980, d’abord en tant que mĂ©decin, dĂ©sormais en tant que salariĂ© de la Ratp. C’est sans doute de cette longue expĂ©rience que lui viennent son franc-parler et son humilitĂ©. Il dit ĂȘtre arrivĂ© Ă  ce mĂ©tier par hasard: en 1979, en quĂȘte d’un stage au cours de ses Ă©tudes de mĂ©decine, il pousse les portes de l’hĂŽpital de Nanterre. Une fois aux urgences, il reçoit pour la premiĂšre fois un SDF, incommodĂ© par son bras plĂątrĂ©. Le plĂątre retirĂ©, le jeune mĂ©decin dĂ©couvre un bras putrĂ©fiĂ©, qu’il faudra amputer.
Cette rencontre lui donne l’idĂ©e d’ouvrir une consultation mĂ©dicale rĂ©servĂ©e aux SDF. Il la rĂ©alise en 1984, et reçoit chaque jour des sans-abri, hommes et femmes, qu’il tente de soigner de son mieux. De Nanterre, avec la puanteur, les plaies catastrophiques et les poux qui le poussent Ă  se raser le crĂąne, Ă  son bureau propre du siĂšge de la Ratp, l’homme ne semble pourtant pas avoir changĂ©. Aujourd’hui, il dit rĂ©flĂ©chir toujours comme un mĂ©decin, mais rĂ©pondre en mĂȘme temps aux attentes de son entreprise: c’est Ă  la Ratp qu’il fonde le Recueil social, qui part chaque soir Ă  la rencontre des SDF du mĂ©tro parisien et tente de leur faire rejoindre les centres d’hĂ©bergement prĂ©vus pour eux. Parce que la Ratp veut assurer Ă  ses voyageurs les meilleures conditions de transport, il le reconnaĂźt et l’assume. Mais surtout car le mĂ©tro, lieu intemporel oĂč il ne se passe pas grand-chose, « clochardifie» n’importe qui en un temps record, selon son expression, et favorise la dĂ©socialisation des SDF qui s’y rĂ©fugient. Aujourd’hui, il a cessĂ© d’exercer et se concentre sur les nouvelles solutions Ă  proposer aux sans-abri, en particulier les centres d’hĂ©bergement de jour. https://www.egora.fr/…/20859-toubib-des-clodos…

N°2 : đŸ‘‰  Le briefing du Samusocial: https://www.ongconseil.com/…/10/LE-BRIEFING_18_.pdf…

👉 Il a le nom d’un tueur, rĂȘvait d’ĂȘtre flic et s’est retrouvĂ© «clodologue»: https://www.liberation.fr/…/14/leur-voie-sociale_76314…

👉 l’homme qui sortait les SDF du mĂ©tro: https://www.huffingtonpost.fr/…/paris-homme-qui-sortait…

👉  Plus de 50 000 consultations plus tard: http://www.leparisien.fr/…/sous-terre-on-perd-tous-ses…

👉  https://www.pressreader.com/…/20130311/281767036654487

 đŸ™‚  Dr Patrick Henry, Editions Anne CarriĂšre, 1998, 110 francs. http://www.brot.fr/…/decitre-30-3995-bouche_de_chaleur

👉  Offrons-leur l’asile ! Critique d’une reprĂ©sentation des clochards en « naufragĂ©s »: https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en…

 Maitre jacques H: https://www.canal-u.tv/…/vivre_dans_la_rue_jacques…

La bande au complet: https://www.youtube.com/watch?v=NtN4jNVvVnw

À suivre, des questions ?

/EN COURS D’ÉCRITURE/

Intro 2017 – Relisant mon texte d’intro concernant la sĂ©rie  » Les Autres « , je m’aperçois qu’à lâ€˜Ă©poque oĂč je photographiais et filmais « nos » clodos, je n’avais pas encore pris le recul nĂ©cessaire pour en parler avec des mots justes. Je donnais plus Ă  voir qu’à entendre. À vrai dire je ne sais par quoi commencer, tellement la colĂšre et la honte me submergent face Ă  ce qui est rĂ©ellement la responsabilitĂ© de chacun au regard de ces personnes devenues par la force de l’égoĂŻsme ambiant des rebuts pestifĂ©rĂ©s, mĂ©prisĂ©s. L’Etat nous l’avait dit : en 2012, recrudescence ! Alors une myriade d’associations a saisi le marchĂ© de la pauvretĂ©. Et mon constat est (et je cite le fondateur de quasiment tout ce qui s’est fait pour les cloches: le Dr Patrick Henry) que « la pauvretĂ© attire les faux prophĂštes comme les colonies de vacances attirent les pĂ©dophiles ».

Des clubs d’entre soi divers et variĂ©s sont nĂ©s et tous se branlent sur leurs bonnes actions. Mais sur place: personne, ou pas assez! Pourtant des bĂ©nĂ©voles et autres volontaires y font des choses avec une bontĂ© incroyable et y consacrent leur vie entiĂšre. Des noms !?! Plus qu’il n’en faut. Mais pour certains, je les attends encore, car je ne les vois toujours pas sur le terrain. Sur les rĂ©seaux sociaux, ça oui! La soupe du samedi soir a fait flores, et il y en a a qui ont meilleurs gouts que d’autres. Mais va survivre avec une soupe par semaine, quand tu vis dans et des poubelles, froides et humides ! Toutes les portes sont fermĂ©es et c’en est effrayant dĂšs lors que tu n’as pas d’argent en poche. La sociĂ©tĂ© devient une vitrine, personne ne te laissera l’accĂšs aux toilettes, ni au verre d’eau
 Alors oui je prĂ©fĂšre celui qui harangue et crie cette douleur qui se dĂ©verse sur celui qui n’y peut pas grand chose, lui mĂȘme en train de lutter pour son dĂ©but de mois. Le plus laid est la cohorte de phrases toutes faites, usitĂ©es pour se planquer. Je ne comprenais pas bien ce que les grands spĂ©cialistes, qu’heureusement on peut entendre encore si on les cherche bien, disaient sur les devoirs de notre humanitĂ©, mais il faut chercher tout de mĂȘme…

L’AbbĂ© Pierre et Coluche n’ont pas Ă©tĂ© remplacĂ©s et manquent cruellement. Il suffit de 5 jours dehors pour casser et peut-ĂȘtre ne jamais en revenir… On m’avait parlĂ© de ça, mais c’était quoi au juste cette histoire de 5 jours incomprĂ©hensible. Cela fait 8 ans que je passe quasiment tout mon temps Ă  leur contact au quotidien. Et je me suis tout particuliĂšrement intĂ©ressĂ© aux plus vulnĂ©rables d’entre eux, ceux qui ne demanderont jamais rien Ă  personne, car vous leur diriez, non?. Y a t’il un tronc commun Ă  cette frange de notre sociĂ©tĂ© ? Oui: le manque, le plus sĂ©vĂšre et total qui soit. En 5 jours la rupture est prononcĂ©e. Le « qui suis-je ? » sans masque me sera rĂ©vĂ©lĂ©. Comment je vais faire lĂ , maintenant tout de suite pour boire de l’eau, chier et manger et dormir? Tout est verrouillĂ©, sauf la bouffe qui traine par terre. Vous n’avez plus votre place, vous n’appartenez plus tout simplement Ă  la masse dite active qui fait ses courses, mange en terrasse. Allez-vous continuer de leur demander sans espoir, vous prostituer, voler, tuer ? Pour survivre tout simplement. Cela devient indicible en fait, personne ne rĂ©pond plus. Il est donc plus prudent Ă  prĂ©sent de rompre dĂ©finitivement cette communication impossible et de ne plus rien attendre. Lorsque les besoins vitaux sont ignorĂ©s et que la sociĂ©tĂ© vous le renvoie avec un : « c’est de votre faute »!, le genre humain ne vaut plus grand chose que ce qu’il vous renvoie. Tant que ces personnes n’auront pas retrouvĂ© l’assiette du pauvre et l’étable pour dormir, la vie tranquille consumĂ©riste n’aura aucun intĂ©rĂȘt pour moi. (Allez donc vous faire enculer avec vos problĂšmes de luxe, je vous mĂ©prise. Lazarman) đŸ•łïž ! À suivre…

« De toutes les idĂ©es prĂ©conçues vĂ©hiculĂ©es par l’humanitĂ©, aucune ne surpasse en ridicule les critiques Ă©mises sur les habitudes des pauvres par les biens logĂ©s, les biens chauffĂ©s et les biens nourris. »Hermann Melville Redburn, son premier voyage 1849

Pascal dans ses pensées 09/04/2011
Hier soir, dans la nuit…  » L’amour, s’il ne circule pas, meurt. La vision trinitaire de Dieu nous enseigne qu’il est lui-mĂȘme une Ă©ternelle circulation d’amour entre trois personnes qui se donnent l’une Ă  l’autre. Son amour libĂ©rateur ne se capte pas. Il se communique. C’est pour cela qu’il est essentiel de s’approcher de l’autre comme on s’est approchĂ© de Dieu. Dans mon quartier, je constate par exemple combien sont nĂ©cessaires les visites rĂ©guliĂšres aux gens de la rue. C’est une façon de leur faire sentir qu’ils ont de la valeur. Et puis un jour, parfois, l’un d’eux se dĂ©cide Ă  se lever et Ă  concevoir un projet, aussi modeste qu’il soit. »
(Extrait d’une interview du pĂšre Bernard-Marie Geffroy)

Si quelqu’un sait oĂč il est !?! 

« Il est plus facile de construire des enfants solides que de réparer des adultes brisés. » Frederick Douglass (1818-1895) Homme politique et écrivain américain né esclave.

ClichĂ© de l’Ă©tĂ© 2017

Cela dit, toujours en recherche d’un/e marcheur/se, pour aller rĂŽder de nuit, hors le trop plein de circulation et les embouteillages, vĂ©hicule et grain de folie welcome. Faut que j’en finisse avec ce putain de bĂ©ton et dĂ©cors apocalyptiques parisiens. Un jour Ă  la fois! Toujours entre porte de St Cloud et porte d’AsniĂšres
 Quelques plans Ă  immortaliser, grosse balade. ZĂ©ro salaire. Si l’aventure dure plusieurs heures il est de rigueur de se poser, Ă  la suite, dans un minimum de confort salutaire de quelques heures. Une sorte de sas, d’aire de repos, une baignoire, un petit dĂ©jeuner, un chacun chez soi, une assiette de harengs pommes Ă  l’huile, une boite de sardines. Alors je m’organise pour cela avec parfois des hĂŽtels Ă  50% (les hors saison de la semaine). Je dis cela car l’annĂ©e passĂ©e, il Ă©tait souvent impossible de trouver un transport la nuit, hors des petites courses Uber, lorsqu’ils Ă©taient abordables. Et marcher 20 bornes aprĂšs dĂ©jĂ  20 bornes, je ne l’ai pas fait tous les jours. Puis parfois, je sentais tellement la merde et la crasse incrustĂ©es, surtout ces derniers mois…

J’ai fait le magicien, une fois mais pas deux, je ne suis pas Batman. Ils m’ont mĂȘme collĂ© quelques PV, Ă  force de pas payer les transports, eux ressemblent Ă  des Rambo et purgent les migrants des bus de la RATP. Paris by night quoi ! Alors ces histoires d’hĂŽtels qui m’ont Ă©tĂ© reprochĂ©s, je vous dĂ©teste ! ils se reconnaĂźtront
 Je prĂ©fĂšre clarifier et bien rĂ©gler mes comptes. D’ailleurs les deux derniers ont Ă©tĂ© rĂ©glĂ©s par ma boĂźte, juste pour me permettre d’arriver propre Ă  l’exposition de la Croix Rouge et Ă  la projection du film pour la journĂ©e du refus de la misĂšre 2017. Va tenir 24/48/72/96 heures de suite Ă  Panam, nourrir et s’occuper d’un homme dans des endroits qui ressemblent Ă  des tranchĂ©es, avec des rats, Ă  un kilomĂštre du premier point d’eau, puis essaye de retraverser Paris sans tune, pour aller faire la queue et trouver un repas chaud, car aucune association n’a aidĂ© Ă  le nourrir. Cela n’a Ă©tĂ© que de la bidouille de notre part: Merci Facebook ! Puis passer des 6/7 heures d’affilĂ©es Ă  retaper Henri tous les jours. Il Ă©tait sous le pilier, ne pouvait plus se dĂ©placer par lui mĂȘme, jusqu’au 2 aoĂ»t, oĂč je l’ai portĂ© Ă  l’hosto car il allait ĂȘtre bouffĂ© tout cru par les rongeurs et vivant… si je le lĂąchais une journĂ©e en dehors des hospitalisations ! Personne d’autre que des internautes et amis bĂ©nĂ©voles de cƓur n’ont bougĂ©, aidĂ© et parfois sont venus donner et faire tout ce qu’ils pouvaient. Donc ne regrettez pas vos dons: j’ai tout mis Ă  sauver la vie de cet homme, juste afin qu’il ne crĂšve pas lĂ , comme ça, bouffĂ© vivant par des rongeurs.
Que Dieu m’entende, qu’il n’y retourne jamais ! Je me suis pris au moins 70 jours sur le pĂ©riphĂ©rique en 4 mois, c’est ultra violent, ça dĂ©monte le crĂąne. Le mien est Ă©tabli rustique et bousillĂ©. Je ne pouvais que gueuler. Je ne suis pas lui. C’est un homme bon et souriant et plus qu’aimable, encore capable d’arborer un sourire et des yeux lumineux pleins de vie. Moi, de lĂ  oĂč il a vĂ©cu toute une vie et conservĂ© une sorte de «calme» et d’unique refuge en tous cas, je m’y sens trĂšs Ă©tranger, le demi fou que je suis n’étant pas lui et vivant ailleurs.
L’endroit y est tout bonnement impossible pour 24h, je n’y trouverais pas le sommeil une nuit. Comme lui, j’ai bouffĂ© de la pizza froide trouvĂ©e par terre. Mais dans mon cas, juste une ou deux fois, pas pour l’expĂ©rience, juste les crocs, l’urgence, et lorsqu’il m’a vu quelquefois ramenĂ© juste une dizaine de mĂ©gots de bonne taille, il savait que j’avais arpentĂ© et que ce que j’avais trouvĂ© venait du chemin des victuailles des trĂšs pauvres. Pour autant nous avons dĂ©gustĂ© des plats de son pays d’origine et de nos spĂ©cialitĂ©s locales qu’il aime Ă  donf et sait dĂ©guster. Mais le manque est tellement prenant et l’énergie de survie tellement sollicitĂ©e lĂ -dessous, qu’on a dĂ©vorĂ© comme des bĂȘtes la plupart du temps. Comme si le manque dĂ©clenchĂ©, il fallait d’abord l’étancher avant de retrouver son propre rythme.
J’ai retrouvĂ© Henri ce dĂ©but d’annĂ©e, il allait pas vraiment bien


Et ensemble, Ă  nouveau grĂące Ă  tous les amis du rĂ©seau, on a vĂ©cu des aventures fortes: on est partis, hors saison, plusieurs fois Ă  la mer, en forĂȘt, Ă  l’hĂŽtel
 On s’est appris plein de choses sur l’un/l’autre et on a partagĂ© tout ce qui Ă©tait possible, comme deux frangins. C’était de la magie partagĂ©e, pour lui et moi et pour ceux qui ont participĂ© Ă  ce miracle. Lui et moi au premier retour du bord de la mer, on a dĂ©cidĂ© ensemble de faire un film sur notre aventure et on a commencĂ© dĂ©but mai. Il faudra le monter, je n’ai pas encore regardĂ© les images. À suivre.
C’était possible pour lui de vivre cela; aller oĂč les millions de voitures vont au grĂ© des tunnels, sans plus savoir pour lui ou elles allaient depuis fort longtemps. C’était possible pour moi de vivre et de l’emmener vers cela, y foutant toutes mes tripes. Des voyageurs diffĂ©rents, vivant dans deux ataraxies parallĂšles, chargĂ©es de leurs propres paradoxes. Et pouvant aussi se rejoindre Ă  travers le rĂȘve: de prendre la route, aller voir ou elle mĂšne, lĂ  oĂč vont sans doute les autos. Sa rĂ©insertion socio-administrative n’était pas ma prioritĂ©, je voulais juste qu’il passe un printemps humain. J’avais prĂ©vu de faire les dĂ©marches prĂ©fecture en aoĂ»t, plus calme. Le mois de juillet Ă©tait dĂ©sert, je le voyais rĂ©guliĂšrement, mais plus rapidement. On se baladait dans le quartier, un grec, une brasserie, un burger, des clopes
 Parfois, je lui laissais des victuailles et quelques biftons que je dĂ©posais en passant briĂšvement dans les cachettes du moment.

/ EN COURS D ECRITURE /

35 ans de brouhahas dĂ©moniaques dans les tunnels morbides et dantesques des voies rapides ! Alors, je l’ai emmenĂ© plus d’une fois vers des horizons diffĂ©rents et il est montĂ© avec moi dans la bagnole. La premiĂšre fois en 2014: on allait se balader dans les bois le matin puis direction Nanterre le CASH ou il a pu dĂ©couvrir les affiches du Film et revoir ses soignants de cƓur comme David et Jacques Hassin son docteur. La fiertĂ© d’Henri est de s’ĂȘtre dĂ©merdĂ© seul et de n’avoir dormi qu’une nuit Ă  Nanterre, Ă  une autre Ă©poque, celle du dortoir commun. Il y allait en revanche une fois l’an, parfois deux, juste pour se faire tailler la barbe, dĂ©jeuner, sourire, accueillir et partager avec les contacts du staff par son humilitĂ© naturelle. Puis s’esquiver Ă  l’Anglaise, Ă  la Henri
 Et retourner sous le tunnel des Champs ElysĂ©es, celui qui passait sous l’Arc de Triomphe. Il y a vĂ©cu 30 ans, sans jamais rien demander Ă  personne, se nourrissant principalement des poubelles et allant boire de l’eau Ă  la fontaine du Drugstore. Je l’avais rencontrĂ© quelques annĂ©es auparavant, en 2011, Av Marceau, pas loin du coin de la diaspora libanaise. Mais pour Henri, la plupart d’entre eux n’ont rien fait non plus. Un jour il m’a dit en arabe: c’est juste des marchands de chameaux. Pourtant certains le connaissent. Et il en a apprĂ©ciĂ© certains/es: le consul qu’il avait rencontrĂ©, et une des serveuses de Noura. Puis la nuit, les poubelles des champs sont grasses, et les chauffeurs de taxi sont connus pour partager leurs sandwiches, Ă  l’époque oĂč seuls une dizaine de grands marginaux dĂ©ambulaient comme des fantĂŽmes visibles en quĂȘte de mĂ©gots et de miettes de Mc Do. Tous l’ont dĂ©jĂ  rencontrĂ©. En 2017, je ne sais pas trop comment cela ce passe, ce que je sais c’est que des centaines de familles complĂštes vivent dans le coin.

/ EN COURS D ECRITURE /

Ce ne sont pas des « Clochards » comme la mĂ©decine appelle cette population prĂ©cise de grands exclus, mais les trottoirs humides les emmĂšnent Ă  coup sĂ»r vers la clochardisation. Alors ce mois d’aout a Ă©tĂ© infernal lĂ -dessous, puis est venu septembre et octobre, je reviendrai dessus. La belle histoire du printemps a virĂ© aux soins palliatifs sur le pĂ©riphĂ©rique, le dĂ©but de la grosse merde. Des jours, des nuits aux limites de la mort, de la dĂ©jante complĂšte: je me suis transformĂ© en homme Ă  tout faire ! Alors j’ai gueulĂ© ma race et beaucoup m’ont entendu et aidĂ©, d’autres n’ont rien fait et ont fait chier en plus. Expliquer et agir me dĂ©passait, j’ai fait ce que j’ai pu. À la fin c’est toujours comme ça: il n’a fait que ce qu’il a pu, rien de plus.
Bon je relirai plus tard voir si cela a du sens.. Henri lui est toujours Ă  l’hosto. On peut lui laisser des trucs de NoĂ«l et des clopes Ă  l’accueil. Avec Brigitte F on s’en occupe Ă  fond. Les amis de la Croix-Rouge nous donnent de bonnes nouvelles. Pour l’instant il est au chaud. Pas de visite
 2017
 je l’ai vu la derniĂšre fois en personne en FĂ©vrier 2018, mĂȘme pilier Ă  moitiĂ© nu dans la neige
 Marie-France a demandĂ© Ă  C. Rocca des news Ă©tĂ© 2019, rien et vĂ©rifiĂ© aussi porte Maillot, mais il est remplacĂ© par un autre personnage, diffĂ©rent.

Exposition de photographies de la Croix Rouge de Bourg-la-Reine (Octobre 2017) https://lamehumaine.com/2020/02/02/expo-croix-rouge/

Cette exposition est offerte Ă  la Croix Rouge et devient itinĂ©rante en interne et en externe, grĂące au service de communication de la Croix Rouge & la Ville de Bourg-la-Reine. En partenariat avec l’Agence Le Pictorium – (Texte de 2017 en cours d’Ă©criture) – texte de prĂ©sentation de la sĂ©rie en 2013 – :

– « LES AUTRES » – Depuis l’annĂ©e 2009, je vais Ă  la rencontre de ceux que l‘on appelle les sans-toit-stable, tentant ainsi de mettre un peu de lumiĂšre sur la misĂšre urbaine parisienne. La premiĂšre image de ce sujet est le portrait d’une femme africaine qui a vĂ©cu quelques semaines sur un banc de l‘avenue Foch. Je me suis dit, la voyant lĂ , dans sa nuditĂ© et comme perdue, que quelque chose d’anormal se passait et que « le Boudu », ce vieux clochard que je croisais rĂ©guliĂšrement deci delĂ , avait bien changĂ©. En 2010, au cours d’un voyage en Hongrie, je rencontre le cĂ©lĂšbre pasteur GĂ bor IvĂ nyi qui oeuvre sur tous les fronts de la prĂ©caritĂ©. Il me posa cette question: “Et chez vous, comment ça va ?”. Je lui rĂ©pondis trop vite: “Tout va bien !” De retour Ă  Paris, je me dĂ©cide Ă  lui envoyer une vaste carte postale moderne et rĂ©elle, tel un Ă©tat des lieux des rues de Paris, oĂč des hommes et des femmes de tous bords ont pris refuge, le plus souvent auprĂšs des monuments parisiens dont les lumiĂšres apportent un sentiment de sĂ©curitĂ© dans l’isolement redoutĂ© de la nuit. Je donne alors un angle d’approche Ă  cette vaste sĂ©rie d’images de laissĂ©s-pour-compte en la nommant : « Les cloches des monuments ».
La mĂȘme annĂ©e, quelques voyages Ă  Calcutta et Bombay me rappellent qu’à toutes les Ă©poques et en tous lieux, il y a eu et il y aura des indigents et des intouchables. En revenant, je constate que dans le pays oĂč j’ai grandi, la situation est en train de changer. Des centaines d’hommes et de femmes dorment Ă©galement Ă  mĂȘme le pavĂ©, errant comme des fantĂŽmes sur les talus, les quais, les trottoirs, les grilles de chauffage urbain, dans les stations de mĂ©tro, les tunnels, les bois et autres trous oĂč l’on peut se cacher pour survivre. Alors je me permets de renommer ce sujet: « Merde in France », expression que je prononce avec exclamation et interrogation. Sur le terrain, les proportions sont telles que probablement aucun observateur des causes sociales ne pourrait aujourd’hui analyser la situation avec justesse. AprĂšs trois annĂ©es de vadrouille nocturne, je livre une sĂ©rie non exhaustive de portraits saisis dans leur contexte, constituant ainsi un reportage que j’appelle Ă  prĂ©sent: « Les Autres ».

LĂ , dehors, il y a environ X individus, dont X % de femmes qui vivent dans l’espace public de Paris, rapporte le pĂŽle EpidĂ©miologie de l’observatoire du SAMU social. Quel est le point de rupture ? Y a-t-il plus d’addictions et de troubles psychiatriques que dans la population moyenne? Ou bien ces personnes que je suis allĂ© voir chez elles, dans la rue, sont-elles M. et Mme tout le monde, eux, vous et moi, que la pauvretĂ© aurait amenĂ©s lĂ  ? En rĂ©alitĂ©, je pense qu’il n’y a aucune rĂ©ponse toute faite qui ne tienne la route les concernant et que c’est leur propre histoire, blessures et dĂ©mons qui les ont conduits lĂ . Certains, qui Ă©taient sans doute timbrĂ©s sont devenus fous, prenant ainsi refuge dans une vie coupĂ©e de liens affectifs et familiaux, assis des journĂ©es entiĂšres sur le bord de la route Ă  regarder la bande humaine passante et affairĂ©e qui ne les voit plus. Quelques uns boivent, mais ce n’est vraiment pas ce qui les rĂ©unit sur le trottoir. J’ai rencontrĂ© des hommes et des femmes pour qui une paire de chaussures mouillĂ©es Ă©tait une catastrophe. Leur Ă©tat de survie favorise des formes Ă©videntes de rĂ©gression, mais tous ne se laissent pas aller Ă  la clochardisation qui s’avĂšre ĂȘtre l’étape finale. J’ai remarquĂ© chez la plupart, de la douceur mĂ©langĂ©e Ă  de la peur, des voix trĂšs douces, presque effacĂ©es, de la gentillesse et de l’humilitĂ© lorsque de l’attention leur est proposĂ©e. Je les ai pris en photo pour ne pas les oublier et je les montre afin que l’on ne s’habitue pas. AprĂšs ces trois annĂ©es de maraudes, il m’est encore difficile d’imaginer et d’intĂ©grer ce que c’est rĂ©ellement que de vivre sans jamais rentrer dans un chez soi, au chaud, se laver, manger Ă  sa faim et ĂȘtre en sĂ©curitĂ©. Toutes ces nuits passĂ©es Ă  leurs cĂŽtĂ©s m’ont apportĂ© davantage de questions que de rĂ©ponses. À suivre 2017

Mort de Froid
Cadavre d’un sans abri
http://www.agence-lepictorium.com/Pictorium/categories/1090522586?fbclid=IwAR1pByucXodgvtkd6v-iUE-wPRB61ShoisYt_Dxvoql7KrRCdxZV0pgIh0g
Transcendance
Henri, je le connais depuis longtemps. De temps en temps, il accepte d’ĂȘtre conduit au Centre d’HĂ©bergement et d’Accueil Pour les Personnes Sans-Abri de Nanterre. Il accepte qu’on l’aide Ă  se doucher et qu’on l’habille avec des vĂȘtements propres. Mais nous savons qu’il ne les portera pas et qu’il arpentera les Champs-ÉlysĂ©es nu, simplement emmitouflĂ© dans son Ă©ternelle couverture noire de crasse et les pieds nus. Aucune contingence humaine ne le prĂ©occupe. Cet homme vit dans un autre espace temps. Il vit dans l’instant prĂ©sent semblant sans passĂ© ni avenir. Mais que voit-il ? Et avec qui parle-t-il ?En voyant ces photos d’Henri me reviennent en mĂ©moire les Ă©crits d’Alexis Carrel, prix Nobel de mĂ©decine qui en 1930 propose l’Ă©limination des anormaux par un eugĂ©nisme volontaire. Cette proposition Ă©tait ainsi fondĂ©e : « Ce qui fait l’homme, c’est l’intelligence. Une masse de chair humaine sans intelligence, ce n’est rien. Il y a de mauvaise nature vivante qui n’est d’aucun respect ni d’aucune compassion. Les supprimer rĂ©solument, ce serait leur rendre service, car ils ne pourront jamais que traĂźner une misĂ©rable existence ». Alors, aurait-il fallu euthanasier dignement Henri ?Cette photo nous interroge. Henri est-il une personne humaine ? MĂ©rite-t-il le respect et la dignitĂ©, l’un des droits inaliĂ©nables de l’ĂȘtre humain ? La rĂ©ponse est oui bien sĂ»r. Alors nous devons respecter son mode de vie, son Ă©tat mĂȘme si l’envie nous prenait de l’emmener de force pour le « resocialiser » dans un centre d’hĂ©bergement. Lorsqu’on voit Henri dans sa caverne, ce n’est pas sur un monde mystĂ©rieux – Ă  mi-chemin du rĂšgne animal et de la vie humaine – que le regard s’attarde, ni sur de sordides guenilles dĂ©voilant un morceau de peau rongĂ© par quelques vermines. En revanche, jamais la sensation de l’autre et la perception de celui qui effraie mais gĂ©nĂšre aussi de l’empathie nous semblent aussi tangibles. Rarement la question de l’ipsĂ©itĂ© (le soi-mĂȘme, ce qui fait qu’un ĂȘtre est lui-mĂȘme et non pas un autre) et de la mĂȘmetĂ© (le mĂȘme) ne se pose avec autant d’acuitĂ©. Ce « dĂ©chet humain » demeure-t-il encore un ĂȘtre humain ? Un frĂšre en humanitude ? Saura-t-on jamais s’il a connu une vie normale, avant ? S’il a aimĂ© et bercĂ© des enfants ? L’a-t-il d’ailleurs Ă©tĂ© lui-mĂȘme ?Cette image nous amĂšne Ă  des rĂ©flexions mĂ©taphysiques sur le mystĂšre de l’Homme. Et si Henri du fond de son « incurable folie » Ă©tait heureux, inscrit dans une longue tradition Ă©rĂ©mitique, celle de la vie d’ermite ? Lui qui est passĂ© de l’autre cĂŽtĂ© du miroir, au milieu des voitures et des touristes japonais, dialogue-t-il avec quelques prophĂštes assis au pied d’un cĂšdre de son pays natal ? Quoi qu’il en soit, regardons avec respect ces photos dont il nous fait cadeau car c’est bien de l’homme qu’il s’agit.
Jacques Hassin MĂ©decin et directeur de la Maison de Nanterre (le CASH : Centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nanterre)

LĂ©gende presse (2012)

La caverne d’Henri sous les Champs ElysĂ©es

Henri le clochard, cet ancien couturier d’origine libanaise ne possĂšde rien. Il vit dans des conditions sanitaires Ă©pouvantables, dans le bruit, la poussiĂšre des moteurs et des freins, sous l’Arc de Triomphe Ă  Paris. Comme sous le regard de son crĂ©ateur. Synopsis de la sĂ©rie de 25 images d’Henri pour Visa pour l’image: LA CAVERNE DE L’ARC DE TRIOMPHE – C’est une rĂ©gression Ă  l’ñge des cavernes qui se dĂ©roule sous l’Arc de triomphe de Paris. Sous la plus belle avenue du monde, dans ce long tunnel qui traverse l’avenue des Champs-ÉlysĂ©es jusqu’à celle de la Grande ArmĂ©e, c’est un lieu sans lumiĂšre et sans eau, des plus sordides et tĂ©nĂ©breux qui soit. C’est lĂ  que vit Henri, complĂštement dĂ©muni et depuis bien plus de 30 ans; dans le bruit, la poussiĂšre des moteurs et des freins. L’endroit est lugubre et infernal, d’une insalubritĂ© rare, l’odeur y est insoutenable. Ce tunnel semble ĂȘtre l’antichambre de la mort. L’allure de ce personnage est biblique. Il ne possĂšde rien, aucune affaire et d’ailleurs je crois qu’il n’en veut pas vraiment. Il passe ses journĂ©es et ses nuits jonchĂ© Ă  mĂȘme le sol, vivant quasiment nu devant son crĂ©ateur et pour ainsi dire, dans ses excrĂ©ments. La nuit, il sort fouiller dans les poubelles en quĂȘte de nourriture. Cet homme d’origine libanaise qui aujourd’hui va pieds nus Ă©tait couturier. Il a quittĂ© son pays en guerre entre 1984 et 1985. Il ne parle quasiment plus et n’a plus vraiment la notion du temps qui passe. Il me dit qu’il a 43 ans et qu’il est nĂ© en 1959; quelque chose ne colle pas, en plus des centaines d’excrĂ©ments tout autour de sa couche et de ses pieds esquintĂ©s qu’il me montre. Sait-il qu’il tĂ©moigne? Il semble conscient de son Ă©tat et ne demande rien. MalgrĂ© sa terrible pauvretĂ© Henri est un clochard lumineux de gentillesse. Ce sont des retrouvailles en fait. J’avais rencontrĂ© Henri l’hiver dernier, il y a un an tout juste, avenue Marceau, le trouvant dĂ©jĂ  presque nu sur une grille d’aĂ©ration servant de sĂ©choir et de chauffage. Son histoire est connue jusqu’à Nanterre. L’un des mĂ©decins des dĂ©buts du Samu social me l’avait dĂ©crit mais je n’avais pas fait le rapprochement Ă  l’époque avec cet homme que j’avais croisĂ©. Puis, je l’ai perdu de vue. Ce soir, je l’ai retrouvĂ© dans la nuit, en haut des Champs-ElysĂ©es. Nous nous sommes reconnus. Cet homme est l’un des sans-abris parisiens rencontrĂ©s qui fait sans doute partie du « Top Ten » de la grande prĂ©caritĂ©, tant son Ă©tat de clochardisation est avancĂ©. Devant ces scĂšnes de trĂ©fonds, je me demande ce qui se joue humainement parlant pour cet homme ayant sans doute perdu la raison et souffrant d’une immense misĂšre. https://soundcloud.com/sylvangui/henri-le-jour-comme-la-nuit-illumine

 » Tel l’Himalaya, soulevĂ© par la collision de deux plaques tectoniques, Henri incarne le choc des oppositions les plus fondamentales : affublĂ© de l’aurĂ©ole de la sociĂ©tĂ© de consommation, le plus misĂ©rable des Hommes foule de ses pieds nus la « plus belle avenue du monde ». AccoutrĂ© de sa couverture poisseuse, le seul bien qu’il possĂšde, il dĂ©ambule devant les clinquantes vitrines des boutiques de luxe des Champs-ElysĂ©es. En Ă©lisant domicile dans une grotte sous l’Arc de Triomphe, le point central de la Grande Nation, il s’est Ă©levĂ©, lui-mĂȘme, au rang de symbole. Ange de l’Apocalypse de la folie consumĂ©riste ou Soldat Inconnu de la vie ascĂ©tique, face Ă  cette image archĂ©typale du clochard, que penser ? Qu’avec son indolence Henri ne participe pas Ă  la merveilleuse aventure de l’évolution humaine ? Ou qu’avec la simplicitĂ© de son mode de vie, cet homme ne prend pas part Ă  la destruction de notre planĂšte ? Claus Drexel CinĂ©aste et rĂ©alisateur du film documentaire: « Au bord du monde » « 

_______________________________

« Un jour Ă  la fois. / EN COURS D ECRITURE /
Depuis des mois des personnes de tous horizons m’ont aidĂ© Ă  ne pas laisser crever Henri, Ă  la sortie de l’hiver.
Il Ă©tait terrĂ© entre les bagnoles sous le pĂ©riphĂ©rique et n’avait plus la force de se lever et d’aller manger dans les poubelles et ramasser les mĂ©gots par terre. Il se laissait crever sans force, lĂ  ou personne n’aurait Ă©tĂ© le chercher. Lui, ce survivant qui depuis temps d’annĂ©es , tel le un fantĂŽme cĂ©leste, retourne dormir dans des trous infĂąmes, oĂč personne ne va. Sauf les rats et d’autres mort-vivants, que sont certains grands marginaux. Ceux qui un jour ont arrĂȘtĂ© de demander quoi que ce soit Ă  qui que ce soit. Dans l’incapacitĂ© complĂšte de vivre une vie dites normale. Ces personnes, sont victimes d’un manque d’une profondeur quasiment insondable, les comprendre et les aider est une obligation humaine qui dĂ©passe la simple empathie. Depuis des siĂšcles des Hommes l’ont compris qu’ils soient, issue des Eglises de toutes les religions, mĂ©decins, humanistes, et bonnes Ăąmes touchĂ©es par le sort dĂ©sastreux de ses frĂšres humains. S’étant perdu en chemin et complĂštement exclu de leur propre devenir, aux fins toujours sordides.
« 

« Beaucoup, ont consacrĂ© leur vies entiĂšre Ă  tenter et parfois rĂ©ussir Ă  les mettre Ă  l’abri sans exiger une quelconque contrepartie de leur part, tellement le fardeau a du ĂȘtre lourd et dramatique, pour en arriver Ă  s’oublier soi mĂȘme et devenir celui que l’on appel un clochard. J’ai connu de nombreux manques dans ma petite enfance, mais par chance mon Ă©toile m’a permis tant bien que mal de ne pas tomber, dans ce nĂ©ant le plus complet. Et de retrouver le chemin de la lumiĂšre. Toutefois je suis tout de mĂȘme un « demi fou », et chaque jour depuis que je soigne mon mal de vivre, chercher Ă  ĂȘtre utile Ă  mon prochain, m’a permis de grandir et de rĂ©silier. Je suis depuis longtemps dĂ©jĂ , un de ceux que la mĂ©decine appel un survivant. Beaucoup ont mal pris mes demandes incessantes Ă  rĂ©clamer, certainement de maniĂšres maladroites. D’autres m’ont fait confiance, sans me juger. / EN COURS D ECRITURE / »

« Nous allons emmener Henri respirer un autre air que cette odeur de merde insupportable dans laquelle il est depuis des dĂ©cennies, sans jamais se plaindre. Alors merci Ă  tous ceux qui m’ont aider Ă  l’aider. Demain est encore de la science fiction, me suivra t’il dans ce rĂȘve fou qui est de revoir la vie et la beautĂ© du monde. Ce projet que nous avons fait lui et moi a pris des annĂ©es, depuis combien de temps n’avait ’il pas parlĂ© et entrevue un lendemain meilleur, au moins une fois de plus. Je ne le lĂącherai pas, pourquoi le ferais-je ? L’échec possible, fait partie intĂ©grante de cette aventure. Mais ces derniĂšres annĂ©es, j’ai vu de mes yeux vu des miracles se produire sur d’autres, aussi esquintĂ©s que lui, donnĂ© comme perdue par la grande majoritĂ©. L’Amour est dans mon vocabulaire et ma grille de lecture philosophique de la vie et de sons sens le seul combat valable Ă  mettre en Ɠuvre. Mourir, oui personne n’en rechapera, mais pas dans n’importe qu’elle condition. Alors chacun son chemin, on a tous nos merdes..
L’important Ă  mes yeux, est ce rĂ©seau de personnes qui m’ont encouragĂ© et surtout cherchĂ© Ă  comprendre ce qui se tramait dans cette quĂȘte misĂ©ricordieuse. Alors oui cette nuit j’ai peur mais le danger et le risque je le connais, il ne me reste plus qu’a la traverser Ă  nouveau vers la confiance, son antidote. Si ça marche pour lui, ça marchera pour un autre et ainsi de suite, et d’autres modestes projets se mettront en place. Je sais sur qui compter, les portes s’ouvrent, certaines se referment, mon regard s’affute. Chaque jour ou l’amour reprend du terrain sur la colĂšre est une bĂ©nĂ©diction. Je ne recherche pas la reconnaissance, juste la possibilitĂ© de trouver le juste Ă©quilibre. / EN COURS D ECRITURE /
« 

« Hello! Cela faisait plusieurs jours que je recherchais Henri. Il ne vit plus dans le tunnel de l’Etoile maintenant fermĂ© Ă  la circulation. Les tĂ©moignages que j’ai recueillis grĂące Ă  Facebook m’ont beaucoup aidĂ©. Puis, sur le terrain, c’est une famille de Roms qui m’a permis de le « pister ». Oui, je parle de pistage comme un chasseur. Aux abords des centaines de descentes sous terre que reprĂ©sentent les parkings et les tunnels, j’ai cherchĂ© les excrĂ©ments : de « frais » Ă  « pas frais ». Ceux d’Henri sont caractĂ©ristiques, je m’en Ă©tais aperçu dĂ©jĂ  lorsqu’il vivait sous l’Arc de Triomphe. Sous lâ€˜Ă©changeur routier du pĂ©riphĂ©rique qui traverse le 17e, il y a des dizaines de couloirs de service oĂč dorment des hommes, de trĂšs grands exclus. Ici, les trĂ©fonds, la poussiĂšre des freins, les particules de pollution en mĂ©taux lourds se comptent en cm3. Le bruit est incessant. La lumiĂšre artificielle (orangĂ©e la nuit / jaune le jour) dĂ©connecte complĂštement ces types du temps qui passe. / EN COURS D ECRITURE /« 

« Cela fait des dizaines d’annĂ©es que ces gars sont entrĂ©s dans les entrailles des Enfers. Au dessus de lĂ  oĂč dort Henri, il y a Manuel. Son tunnel: un boyau de 200 m de long sur 1m50 de large parsemĂ© de 40 cm d’ordures en plancher tout le long. À chaque pas, de gros rats partent se cacher sous les immondices. Je suis passĂ© Ă  cĂŽtĂ© de lui sans le voir puis, aprĂšs avoir Ă©tĂ© au bout de ce trou puant, j’ai aperçu des cheveux humains sortis d’un amas: un nid. Manuel ne sait plus depuis combien d ‘annĂ©es il vit lĂ . Il blĂąme les gitans qui, selon lui, chercheraient de l’or dans les poubelles. Il est persuadĂ© qu’Henri est antillais. Il est vrai que la crasse de suie sur son visage le noircit. Et puis, il y a ces rats qu’il nourrit. je crois bien que lorsqu’il arrĂȘtera, ils le boufferont! Pour avoir Ă©tĂ© trainer dans des bidonvilles en Inde et ailleurs, je ne sais pas quoi en penser. Toutefois, lorsqu’on ressort de lĂ , de cette misĂšre qui dĂ©passe l’entendement, on n’est pas loin du film d’horreur…« 


Comment ça va ?

/Extrait de mon journal de bord/

« Dimanche Joyeuse(s) PĂąque(s) Ă  toutes et tous,
dans toutes vos Traditions et Religions ! Ce soir, je vois Ă  nouveau Henri. Je mettrai les photos en ligne sous ce lien, des photos que vous pouvez d’ors et dĂ©jĂ  « liker » !!? »

« Cette nuit, le 14 avril, on a bouffĂ© du camembert, du taboulĂ© oriental et du pain aux cĂ©rĂ©ales, fumĂ© des clopes et parlĂ© du Liban, qu’Henri a quittĂ© en 1984, durant la guerre. Depuis, il survit, dans des tranchĂ©es et des boyaux de tunnels que seuls les rats frĂ©quentent, dans une merde incroyable. La durĂ©e de vie sur le bord des autoroutes et voies rapides est de 20 minutes. Pour les survivants, c’est parfois diffĂ©rent. Cet hiver, il agonisait dans ce tumulte, entre les bagnoles, ne se levant plus de sa couche et n’allant plus se nourrir dans les poubelles, ni ramasser les mĂ©gots sur le pavĂ©. Je l’ai cherchĂ© et retrouvĂ© et nourri en grande partie grĂące Ă  vos dons. »

« Nous avons fait des projets, modestes et fous Ă  la fois.
Dans quelques jours, avec une amie qui nous emmĂšne en auto, on va se faire une balade au bord de la mer : Étretat que je connais, un petit hĂŽtel du style camping avec vue sur la mer, puis revenir par Trouville histoire de marcher dans du sable. Ensuite, je l’accompagnerai avec une autre caisse vers des structures spĂ©cialisĂ©es dans l’extrĂȘme exclusion. Je prends des rendez-vous personnifiĂ©s pour cela actuellement. L’important est qu’il ne crĂšve pas sur ce pĂ©riphĂ©rique. Et si tout ça se rĂ©alise, autre chose sera possible. Alors les aminches, c’est pas le moment de nous lĂącher. »
Mon job d’accompagnant va ĂȘtre d’assurer chacun des instants qui vont se prĂ©senter durant ce trip.
Il me faut du cash, bouffe, clopes, dormir, se réveiller et mettre du kérosÚne. / EN COURS D ECRITURE /

« Mois de mars et d’avril Le 12 avril, soirĂ©e poulet rĂŽti, sur le bord du pĂ©riphĂ©rique.
Faut qu’on le sorte de lĂ  !
Demain, c’est steak hachĂ©, je compte sur vous !
« 

« Ce soir, le 11 avril 2017 vers 23h45, j’ai passĂ© une partie de ma soirĂ©e d’anniv’, sous le pĂ©riphĂ©rique avec mon pote. Salut Ă  tous! J’espĂšre que vous allez pouvoir m’aider Ă  emmener mon ami Henri au bord de la mer. ConcrĂštement, vous savez bien qu’il va me falloir un vrai soutien financier : une voiture et de quoi la faire rouler 2 jours, pour aller en Normandie afin d’accĂ©der Ă  un vrai dĂ©sir de sa part puis au retour l’emmener vers des structures pros, pour qu’il ait de nouveaux repĂšres possibles ou aller se rĂ©parer si cela est toutefois possible !?! L’important pour moi est de ne pas le laisser seul dans sa merde. Cet hiver, nous avons ensemble beaucoup contribuĂ© Ă  le maintenir en vie, continuons ! Que mes 50 ans lui soient utile ! C’est le plus beau cadeau que vous puissiez me faire. »

« Y a un truc qui merde, je dois m’y prendre de travers… Mais putain, je suis tĂȘtu, faites moi confiance pour ça! De lĂ  d’oĂč je reviens trĂšs rĂ©cemment qui s’appelle en terme mĂ©dical « mort et ressuscitĂ© ». Cela s’est passĂ© au troisiĂšme jour de ce que l’on appelle la mort subite de l’adulte, je suis enfin arrivĂ© en rĂ©animation, revenant miraculeusement et contre toute attente d’un Glasgow III. Un truc a commencĂ© Ă  changer trĂšs en profondeur, dans ma vision des choses de la vie ; je ne saurais pas bien vous l’expliquer pour l’instant. Je vais pourtant m’y atteler sous peu. Et essayer de dĂ©crire cela avec mes tripes et mon Ăąme. Comme diraient certains, chaque jour nous en rĂ©vĂšlera un peu plus.« 

« En chemin ou en attendant, au cas ou vous ne l’auriez pas remarquĂ©, je fais une fixette sur cet homme, le seul de la bande d’ « Au Bord du Monde » qui ne bĂ©nĂ©ficie pas, Ă  ce jour, des circuits multiples que notre sociĂ©tĂ© a mis en place depuis des siĂšcles, et plus rĂ©cemment il y a quelques dĂ©cennies avec le Samu social etc..« 

« Je l’ai retrouvĂ© cet hiver, dans un endroit oĂč je ne survivrais pas 24h, ni vous d’ailleurs! Cet homme est un mystĂšre de la survivance: lĂ  oĂč je l’ai trouvĂ© au bord du gouffre de la condition humaine, la vie, la mort s’enchevĂȘtrent en permanence. Seuls les morts-vivants s’y trouvent, faisant face Ă  la vacuitĂ©, se prenant le nĂ©ant en pleine gueule. Je me suis alors arrĂȘtĂ© au chevet de ce chaos et me suis investi d’une mission: entreprendre de le retaper, de le rĂ©hydrater, de le nourrir, de lui donner de l’attention, de lui dire avec mes gestes instinctifs Ă  quel point il compte pour moi. Suis-je aussi fou que cet homme, qui semble perdu et qui, si un regard n’était posĂ© sur lui, n’existerait plus pour personne ? Non, je ne crois pas. Ce qui me semble fou en revanche, c’est que depuis quelques jours, Ă  force de faire chier Ă  vous taper des ronds, pas grand chose n’est arrivĂ© dans la gamelle, autre que ce que je lui amĂšne quasiment tous les jours. Cela, juste afin de ne pas le laisser crever lĂ , dans l’antichambre de l’enfer, jusqu’Ă  ce qu’enfin un relais charitable, dont c’est la mission premiĂšre, se mette en place. Il est l’un de ceux qui symbolisent au plus haut point le peuple oubliĂ©, le peuple des rats, rejetĂ© encore par le plus grand nombre, de notre sociĂ©tĂ© vacillante. De nombreuses Ăąmes charitables et parfois, aussi fauchĂ©es que moi, ont mis rĂ©guliĂšrement les mains Ă  la pĂąte, mais cela s’épuise…« 

« La bonne nouvelle, c.est que le printemps est revenu, lui ! Hier – pardonnez-moi d’aborder le sujet mais j’ai repĂ©rĂ© une merde Ă©norme et trĂšs satisfaisante, dans cet Ă©troit couloir de la mort. En vieux François, le « Comment ça va ? » d’aujourd’hui, voulait dire : « Comment allez vous Ă  la selle, cher monsieur ? ». À l’époque de la Renaissance, la mĂ©decine moderne balbutiait et l’aspect du boudin fĂ©cal dĂ©crivait au mieux la santĂ© de l’homme et son pronostic vital. Il en est de mĂȘme de nos jours.« 

« Suite; le 7 avril: Vous n’allez pas le croire mais ces quelques jours, je n’ai pas trop parlĂ© d’Henri.
Pourtant je pense Ă  lui. C’est bientĂŽt mon anniversaire et je veux m’offrir le cadeau d’aller lui faire respirer autre chose que cette asphyxie : – un ou deux jours de beau temps au bord de la mer en Ă©coutant du Beethoven…
Puis on ira au Cash de Nanterre et Ă  l’Eglise des Captifs de la LibĂ©ration.
L’autre soir dans le tunnel, il caillait. Le vent Ă©tait lĂ  .
Comme je n’Ă©tais pas venu la veille, il m’a dit que je lui avais manquĂ©.
Cet homme, cet ami a besoin d’instants prĂ©sents, en confiance.
Et il mĂ©rite tous les dons que vous avez faits pour le « relancer » de cet hiver douloureux. Il ne bouffait plus, n’en avait plus la force et restait Ă  suffoquer sur sa couche au milieu des milliers de voitures du pĂ©riphĂ©rique. Je vais continuer d’insister.
Lorsque je l’avais perdu de vue quelques jours, je l’ai cherchĂ©.
Et ce sont les services de la police et de l’identitĂ© judiciaire qui m’ont le plus encouragĂ©. Vous aussi.
Le « bougre » Ă©tait parti dans un boyau de tunnel que j’avais dĂ©jĂ  visitĂ© et oĂč je m’étais dit : « Non, jamais je ne le retrouverai lĂ  ! Trop difficile d’accĂšs, trop pourri ce trou. »
Alors, on a joué au chat et à la souris en évitant les rats dodus !
Ce soir, je vais le voir. LĂ , c’est le 7 avril et j’en suis dĂ©jĂ  Ă  la fin de mois cĂŽtĂ© finances.
Alors, on continue de l’aider s’il vous plait.
Cette image de lui, je n’ai pas encore pris le temps de bien la dĂ©velopper, mais je la fais remonter dans le fil. Je la trouve violente : 30 ans dans des trous, lui qui a quittĂ© le Liban en 84/85 et qui est venu se rĂ©fugier Ă  Paris, fuyant sans doute les bombardements sur ZahlĂ©. Lui qui ne demande rien et qui bouffe dans les poubelles depuis lors… » / EN COURS D ECRITURE /
« 

9 annĂ©es de textes et d’images arrivent…

https://lamehumaine.com/2020/02/28/đŸ“·-👀-les-autres-24/

https://lamehumaine.com/2020/02/28/đŸ“·-les-autres-24/

https://lamehumaine.com/2020/02/06/đŸ“·-cliches-36-3/

Hiver 2012, Gare d’Austerlitz :
Le cocon d’un mort vivant

Ce soir la, j’irai le sortir de là.
Je tournais Wenceslas pour le film « Au Bord Du Monde » avec Claus et Nicolas, lorsque soudain, j’ai vu (c’est mon mĂ©tier) ce type en face Ă  cĂŽtĂ© de la gare sur le trottoir dĂ©sertĂ©, vers 2h du mat, une nuit d’hiver humide et glaçante. J’ai vu ce type dĂ©sespĂ©rĂ© et transi de froid arracher un sac-poubelle de l’abri de bus et retourner s’allonger sur sa bouche de chaleur: la condensation commençait Ă  se faire, il allait mourir gazĂ© et Ă©touffĂ©, cherchant par rĂ©flexe cet abri de malheur
 Alors, tout naturellement et juste pour ne pas le voir crever comme ça, je l’ai sorti de lĂ  ; un piĂ©ton tardif a assistĂ© Ă  la scĂšne et en passant m’a dit juste avec des grands yeux : « Flippant !»
Je lui ai refilĂ© le parapluie du moment pour qu’il finisse sa nuit assis. Quelques jours aprĂšs je l’ai croisĂ©: mĂȘmes fringues Ă©videmment mais loin d’ĂȘtre un clochard, juste un sans boulot, sans argent, sans famille active, sans toit et en rupture avec que sais-je ? Ils sont nombreux lĂ  Ă  Paris, cette nuit
 Un de plus va crever tout seul comme une merde. Donnez un coup de main aux grandes associations sĂ©rieuses et Ă  l’Etat. Eux seul peuvent faire quelque chose de dĂ©cent sur le long terme.

Les Autres/projetĂ© Ă  Visa pour l’image 2013

LES
AUTRES : http://www.sylvainleser.com/fr/portfolio-15300-0-40-les-autresprojete-a-visa-pour-limage-2013.html
Photos de Sylvain Leser / Haytham Pictures / projetĂ© Ă  Visa pour l’image Septembre 2013 (25Ăšme Ă©dition): http://www.lepictoriumagency.com
Projeté à Siem Reap à Angkor-Photo pour le 9 Úme festival
Nov 2013 

Depuis l’annĂ©e 2009, je vais Ă  la rencontre de ceux que l‘on appelle les sans-toit-stable, tentant ainsi de mettre un peu de lumiĂšre sur la misĂšre urbaine parisienne. La premiĂšre image de ce sujet est le portrait d’une femme africaine qui a vĂ©cu quelques semaines sur un banc de l‘avenue Foch. Je me suis dit, la voyant lĂ , dans sa nuditĂ© et comme perdue, que quelque chose d’anormal se passait et que « le Boudu », ce vieux clochard que je croisais rĂ©guliĂšrement deci delĂ , avait bien changĂ©. En 2010, au cours d’un voyage en Hongrie, je rencontre le cĂ©lĂšbre pasteur GĂ bor IvĂ nyi qui oeuvre sur tous les fronts de la prĂ©caritĂ©. Il me posa cette question: “Et chez vous, comment ça va ?”. Je lui rĂ©pondis trop vite: “Tout va bien !” De retour Ă  Paris, je me dĂ©cide Ă  lui envoyer une vaste carte postale moderne et rĂ©elle, tel un Ă©tat des lieux des rues de Paris, oĂč des hommes et des femmes de tous bords ont pris refuge, le plus souvent auprĂšs des monuments parisiens dont les lumiĂšres apportent un sentiment de sĂ©curitĂ© dans l’isolement redoutĂ© de la nuit.

Je donne alors un angle d’approche Ă  cette vaste sĂ©rie d’images de laissĂ©s-pour-compte en la nommant : « Les cloches des monuments ». La mĂȘme annĂ©e, quelques voyages Ă  Calcutta et Bombay me rappellent qu’à toutes les Ă©poques et en tous lieux, il y a eu et il y aura des indigents et des intouchables. En revenant, je constate que dans le pays oĂč j’ai grandi, la situation est en train de changer. Des centaines d’hommes et de femmes dorment Ă©galement Ă  mĂȘme le pavĂ©, errant comme des fantĂŽmes sur les talus, les quais, les trottoirs, les grilles de chauffage urbain, dans les stations de mĂ©tro, les tunnels, les bois et autres trous oĂč l’on peut se cacher pour survivre. Alors je me permets de renommer ce sujet: « Merde in France », expression que je prononce avec exclamation et interrogation. Sur le terrain, les proportions sont telles que probablement aucun observateur des causes sociales ne pourrait aujourd’hui analyser la situation avec justesse. AprĂšs trois annĂ©es de vadrouille nocturne, je livre une sĂ©rie non exhaustive de portraits saisis dans leur contexte, constituant ainsi un reportage que j’appelle Ă  prĂ©sent: « Les Autres ».

LĂ , dehors, il y a environ X000 individus, dont 5% de femmes qui vivent dans l’espace public (chiffres 2012) de Paris, rapporte le pĂŽle EpidĂ©miologie de l’observatoire du SAMU social. Quel est le point de rupture ? Y a-t-il plus d’addictions et de troubles psychiatriques que dans la population moyenne ? Ou bien ces personnes que je suis allĂ© voir chez elles, dans la rue, sont-elles M. et Mme tout le monde, eux, vous et moi, que la pauvretĂ© aurait amenĂ©s lĂ  ? En rĂ©alitĂ©, je pense qu’il n’y a aucune rĂ©ponse toute faite qui ne tienne la route les concernant et que c’est leur propre histoire, blessures et dĂ©mons qui les ont conduits lĂ .

Certains, qui Ă©taient sans doute timbrĂ©s sont devenus fous, prenant ainsi refuge dans une vie coupĂ©e de liens affectifs et familiaux, assis des journĂ©es entiĂšres sur le bord de la route Ă  regarder la bande humaine passante et affairĂ©e qui ne les voit plus. Quelques uns boivent, mais ce n’est vraiment pas ce qui les rĂ©unit sur le trottoir. J’ai rencontrĂ© des hommes et des femmes pour qui une paire de chaussures mouillĂ©es Ă©tait une catastrophe. Leur Ă©tat de survie favorise des formes Ă©videntes de rĂ©gression, mais tous ne se laissent pas aller Ă  la clochardisation qui s’avĂšre ĂȘtre l’étape finale. J’ai remarquĂ© chez la plupart, de la douceur mĂ©langĂ©e Ă  de la peur, des voix trĂšs douces, presque effacĂ©es, de la gentillesse et de l’humilitĂ© lorsque de l’attention leur est proposĂ©e. Je les ai pris en photo pour ne pas les oublier et je les montre afin que l’on ne s’habitue pas. AprĂšs ces trois annĂ©es de maraudes, il m’est encore difficile d’imaginer et d’intĂ©grer ce que c’est rĂ©ellement que de vivre sans jamais rentrer dans un chez soi, au chaud, se laver, manger Ă  sa faim et ĂȘtre en sĂ©curitĂ©. Toutes ces nuits passĂ©es Ă  leurs cĂŽtĂ©s m’ont apportĂ© davantage de questions que de rĂ©ponses.

2009 – – Portrait d’une jeune femme qui a vecu sur un banc public de l’avenue Foch a Paris. Cette photo fut prise avec mon telephone portable en 2009. J’ai senti qu’elle n’etait pas une clocharde habituelle… une histoire compliquee avec une ambassade, apparemment. Ensuite, la police l’a viree de son banc. C’est sans doute cette image qui m’a pousse a debuter cette serie que je poursuis encore quelques annees apres sur des personnes qui passent une partie de leur vie dans la rue. Sylvain Leser / Le Pictorium
Sylvain Leser / Le Pictorium – 04/08/2008 – Portrait d’une jeune femme qui a vecu sur un banc public avenue Foch a Paris. – Cette photo fut prise avec mon telephone. J’ai senti qu’elle n’etait pas une clocharde habituelle…. une histoire compliquee avec une ambassade, apparemment. Ensuite, la police l’a viree de son banc. / 04/08/2008 – – Portrait of a young woman who lived on a park bench of the Foch avenue. This picture was taken with my cellular. – I felt she wasn’t an « usual » tramp…I’ve tried to get informations about her life: a complicated story with an Ambassy seemingly…. After that, the police came and asked her to leave the Park.

Reportage chez Christian: Le Pictorium. http://www.lepictoriumagency.com

Offert à la Croix Rouge pour la journée du Refus de la MisÚre: http://www.agence-lepictorium.com/Pictorium/categories/1090522586?fbclid=IwAR3nMEgwdEMwTZkbORdWuYx19U59tvUlg5gpnnpKO-mVaBEKs4bOqa-RGFk

En cours : https://www.pinterest.fr/sylvainleser/lĂąme-humaine/

Jour de Pacques 2017
en cours d’Ă©criture
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Certaines de ces images se retrouvent bien Ă©videmment dans cet opus: ↓

🙂 Les Ă©diteurs de livres d’art Cohen&Cohen
https://www.cohen-cohen.fr/au-bord-du-monde-le-livre ↓

Revue de presse đŸ“ș &🎙 → https://web.archive.org/web/20210126190737/https://www.cohen-cohen.fr/presse-au-bord-du-monde-le-livre ← Clic

https://lamehumaine.com/2020/10/14/🙂-👀-đŸ“·-đŸŽ„-❀%EF%B8%8Fchronique-de-la-parution-du-livre-au-bord-du-monde

Nouveau lien internet vers le livre Au Bord Du Monde : https://www.cohen-cohen.fr/pages/detail.php?id=18

https://lamehumaine.com/2020/10/10/henri-au-vatican

Henri,

projet de film.