đŸ“· MĂ©moires des trĂ©fonds âœ…

(Textes en cours de rĂ©paration, dĂ©solĂ© pour l’orthographe et la grammaire)

L’un se nomme Manan et ne sera jamais ni soignĂ© ni incinĂ©rĂ© : ce n’est pas dans sa tradition et c’est la vie des  » sans roupie « . L’autre, quant Ă  lui, a peut-ĂȘtre guĂ©ri de maladies durant sa vie mais la mort n’a point de cure si ce n’est celle de l’ñme. Manan me dit de lui-mĂȘme avec une grande humilitĂ© qu’il n’est qu’un pauvre homme. LĂ  oĂč je l’ai rencontrĂ©, Ă  cĂŽtĂ© de la grande mosquĂ©e de Nakhoda Ă  Calcutta, personne ne l’a enfermĂ© dans la honte : il n’est qu’un mendiant respectĂ© parmi les siens.
À Manikarnika, nos historiens ont beau s’étaler, racontant que la premiĂšre crĂ©mation connue en Inde remonte Ă  1900 AVJC, tout le monde sait qu’ici, cela fait 5000 ans qu’en pratiquant ce rituel sacrĂ©, le Nirvana est acquis. Je ne connais pas le nom de ce dĂ©funt qui flambe dans ce four Ă  ciel ouvert… Son fils ainĂ© me parle : il m’apprend que son pĂšre Ă©tait un honnĂȘte professeur bien-aimĂ© de tous. La scĂšne est forte. A part ce foyer rugissant, les hommes sont calmes, on Ă©prouve toujours la prĂ©sence de cadavres. Un instinct prĂ©natal nous indique la gestuelle qui s’impose.
Dans ces antichambres, chaque parole est soupesĂ©e avec gravitĂ© s’inscrivant d’elle-mĂȘme dans l’éternitĂ©. Bingo ! Ils ne sont que 500 dans le monde Ă  souffrir du syndrome de l’homme Ă©lĂ©phant (maladie de Recklinghausen). Lui tirer le portrait de son visage bosselĂ© m’apportera-t-il du bonheur ? Est-ce simplement un rĂšglement de comptes avec le crĂ©ateur ? Ce monstre et ce mort n’ont a priori rien en commun, si ce n’est que je vous les montre avec l’arrogance d’un « Ă  qui mieux mieux ». Cela a-t’il du sens ? Qu’est-ce que cela peut-il vouloir cacher de moi ? Il est temps d’affirmer que l’homme qui me dit que la mort ne lui fait pas peur est Ă  cotĂ© de ses pompes. C’est bel et bien la plus terrible des frayeurs qui soit. Je ne discute pas le fait qu’on puisse l’implorer pour stopper la souffrance !

Je voulais vous raconter une histoire bien plus personnelle, je voulais dire autre chose, une histoire meilleure qui se passerait ailleurs, plus en harmonie avec les fĂȘtes de fin d’annĂ©e. Je voulais sans doute vous montrer un ours. Mais voilĂ  : chacun ses merdes et ses joies. La scĂšne originale se passe en banlieue parisienne, un banal fait divers, au lendemain de NoĂ«l. J’avais passĂ© la nuit Ă  veiller la dĂ©pouille de mon frĂšre gisant la tĂȘte Ă©crasĂ©e et dĂ©formĂ©e sur le tĂ©lĂ©phone dont la ligne Ă©tait coupĂ©e. Il se dĂ©composait bruyamment, l’odeur Ă©tait si collante… L’ayant dĂ©couvert, je dus rester deux nuits en cage Ă  dĂ©glutir ce mauvais gout, sans sommeil, jusqu’à ce que l’autopsie soit rĂ©glĂ©e. Il ne s’aimait plus depuis longtemps. L’isolement, le rejet et l’égoĂŻsme Ă©taient devenus un cercueil pĂ©tri d’orgueil. Oui je l’avais pris en photo ! Un ami voulant bien faire accompagna ma main Ă  faire disparaitre les nĂ©gatifs de ces images dans un feu de cheminĂ©e. Mon frangin avait passĂ© 20 ans Ă  Calcutta, il Ă©tait professeur de langues. C’est dans le puissant four du pĂšre Lachaise que la crĂ©mation eut lieu. Elle fut suivie d’un lĂącher de cendres quasiment poĂ©tique accompagnĂ© d’un splendide rayon de soleil. Je n’ai pas besoin d’une mĂ©moire d’élĂ©phant pour me remĂ©morer chaque dĂ©tail. J’ai plusieurs clichĂ©s de tranches de ma vie que je n’ai su conserver en images avec les alĂ©as de mon temps. Seule la peinture d’un auteur pourra m’aider Ă  restituer ces visions passĂ©es.
En attendant la toile complĂšte, je photographie les uns les autres, chemins se faisant, avec le plus d’honnĂȘtetĂ© possible. Avec comme prĂ©texte ma propre souffrance en prĂ©ambule. La pĂąte n’est donc pas le fruit du hasard mais viendrait toujours du vĂ©cu propre. Qui y a-t-il au juste derriĂšre chaque photographe, et de quel type de photographie voudrais-je parler ? …

Dharavi slum 
Carnet de route, souvenir.

Si il y a un pays ou je retournerai demain, ce serait en Inde que j’ai visitĂ© sur le tard et oĂč je me suis rendu Ă  plusieurs reprises
 

Un Émiratie, voisin de vol, me confirme qu’il n’y a rien Ă  voir ici puis il s’endort sur mon Ă©paule juste avant l’atterrissage. L’avion va se poser Ă  Bombay, au travers du hublot je vois les toitures d’un immense bidonville. Je sais que je suis au bon endroit. Les portes s’ouvrent une saveur se prononce, les vapeurs de kĂ©rosĂšne s’estompent, la salle d’arrivĂ©e est baignĂ©e d’encens qui tentent de masquer l’odeur suave et sucrĂ©e d’un crĂ©matorium gĂ©ant. La zone de brĂ»lage juxtapose l’aĂ©roport, les vents ce jour m’annoncent que le Coeur de cette ville, bat d’un rythme qui dĂ©passe la dĂ©mesure. Le taux d’humiditĂ© post mousson est proche de 80%, les touristes occidentaux sont absents. La chambre d’hĂŽtel est abordable, en haute saison, il n’est pas rare de se retrouver dans un bouge hors de prix avec dans un coin de la chambre un rat gros comme un chat qui surveille dans votre sommeil; vos rĂȘves cauchemardeux, qui tentent de digĂ©rer le surplus inconscient des visions de la journĂ©e.

Cette mĂ©gapole est une bombe qui explose dĂ©mographiquement, en son centre existe le plus ancien bidonville d’Asie; Dharavi situĂ© entre les stations de train Mahim et Sion. Les pollutions, qui Ă©manent des micros industries, fourmillent de poisons de toutes sortes. Un matin aprĂšs mon petit dĂ©jeuner partagĂ© avec trois corbeaux, je croise ce pauvre diable complĂštement larguĂ© qui ressemble Ă  l’antĂ©christ. Un abruti a dĂ» lui faire boire un verre de pĂ©trole dĂ©vastateur, il va errer comme un zombie jusqu’à ce que mort s’ensuive.. Ici tout est recyclĂ© continuellement, cela va du coton-tige aux Os humains, vous n’allez pas croiser les cadavres des laissĂ©s-pour-compte dans les rues. Ils sont aussitĂŽt ramassĂ©s et transformĂ©s dans des petites usines, une industrie de faux mĂ©dicament gĂ©nĂ©rique fabriquera des pilules, avec comme fixateur chimique des excipients de moribonds, qui seront distribuĂ©s via les rĂ©seaux illĂ©gaux de pharmacie en ligne. 

Un autre matin aprĂšs ma longue marche dans ces poubelles vivantes, je me suis posĂ© sur la terrasse de mon hĂŽtel Ă  Colaba et j’ai lu le Bombay Post, deux articles m’ont frappĂ©, l’un disait que la morgue centrale de la ville Ă©tait tombĂ© en panne et laissĂ© Ă  l’abandon, faute de client riche, les frigos ne fonctionnaient plus, les gaspards avaient envahi le quartier. L’autre dĂ©crivait une maladie inconnue qui avait frappĂ© les vautours en extinction, jusque-lĂ  il y avait un accord tacite passĂ© entre ces charognards et la communautĂ© Parsis. Qui pratique religieusement un des plus anciens rituels funĂ©raires consistants Ă  faire manger les cadavres issus de cette confession par ces nobles oiseaux. Le lieu est interdit de visite, il est appelĂ© les tours du silence et est situĂ© au sommet du quartier riche de Malabar, les corbeaux les remplacent Ă  cette tache sacrĂ©e avec bien moins d’efficacitĂ©, car ils font tomber de leurs becs des bouts de chair humaine dans les rĂ©servoirs d’eau potable, ceux-ci sont dorĂ©navant bouchĂ©s par des jardins suspendus.

Faut ĂȘtre gonflĂ©s pour se baigner dans la mer Ă  Bombay, tous les pauvres de la ville chient dedans chaque matin, perso, j’ai prĂ©fĂ©rĂ© tenter de noyer de mes dĂ©mons dans les eaux du Ganges Ă  BĂ©narĂšs. 
 

L’homme le plus riche de BĂ©narĂšs est un intouchable de la caste des Doms. Sa bonne fortune vient des bĂ»chers, rare sont ceux qui connaissent le juste prix d’une crĂ©mation, c’est une nĂ©gociation estimĂ©e au prix du stĂšre de bois, Ă  la tĂȘte du client. Il y a une chose unique dans ce mĂ©tier, et nous seul savons ce que c’est. Ici on ne badine pas avec l’odeur, les corps sont lavĂ©s, enduits d’onguents et rĂ©guliĂšrement trempĂ© dans les eaux sacrĂ©es du Ganges, considĂ©rĂ© comme la longue chevelure du Dieu Shiva. Le parfum savamment Ă©picĂ© et ce lacustre rituel resteront gravĂ©, chez celui qui a passĂ© sa journĂ©e et sa nuit en cet endroit de passage de la mort terrestre vers l’univers cĂ©leste, le regard sera Ă  tout jamais envoutĂ©. La caste de ces gardiens de brasiers passeur d’ñmes, force le respect, ils sont fiers d’achever adroitement, les modalitĂ©s pour ce voyage, qui pour le profane semble ĂȘtre un funeste chaos empreint d’une atmosphĂšre captivante. Celui qui y assiste de prĂšs avec la curieuse intention de raconter cela dans sa contrĂ©e doit d’abord demander la permission, ces hommes modestes vous raconteront d’égal Ă  Ă©gal qui ils sont, qui Ă©taient leurs parents, depuis combien de temps leurs histoires personnelles les a amenĂ© frĂ©quenter les coulisses de la mort. Ils guideront vos pas afin de ne pas dĂ©ranger les dĂ©pouilles oĂč les esprits qui en ce lieu si chargĂ©, semblent avoir pris une forme physique Ă©tonnamment rĂ©el.Tout le quartier est informĂ© de votre prĂ©sence et de vos intentions, de qui vous ĂȘtes au-delĂ  de vos masques et de comment vous avez fait avec vos propres dĂ©funts. Il sera important de porter attention au gout et cout du lait ainsi qu’au beurre de moutarde qui ressemble Ă  du miel. Il est bienvenu, de donner Ă  partager sa vĂ©ritable histoire et de participer Ă  apporter quelques bĂ»ches pour une famille dont le corps est en file d’attente, faute du minimum requis de combustible.Une seule rue mĂšne Ă  Manikarnika, les cortĂšges la descendent, traversant la foule d’obstacles des ruelles indiennes en rĂ©pĂ©tant « Ram Naam Satya Hait », aucun corps ne l’a remontĂ©. Des parents plus pauvres encore, seraient allĂ©e directement Ă  Harish Chandra GhĂąt oĂč la crĂ©mation Ă©lectrique ne coute que trois euros.Mark Twain l’a dĂ©crit :« BĂ©narĂšs est plus vieille que l’histoire, plus vieille que la tradition, mĂȘme plus vieille que la lĂ©gende, et elle a l’air d’ĂȘtre plus vieille que toutes les trois ensemble.»

Il y a plusieurs façons de pĂ©nĂ©trer les rĂ©alitĂ©s du monde spirituel et des esprits. L’ascĂšse rustique et engagĂ©e d’un moine, d’un prĂȘtre, d’un chargĂ© d’ñmes, d’un sage ou d’un Ă©tudiant en sciences de l’esprit, est une bonne piste. Vous rĂ©galez pas trop vite ; ce n’est pas vraiment le type de connaissance que vous pourrez vous payer Ă  grands coups de dĂ©veloppement dit spirituel, du style plus tu raques, plus tu seras illuminĂ©. L’engagement comme le stipule Goethe est un bon dĂ©but. De se servir de ses connaissances en se tendant vers l’altruisme est une des conditions obligatoires.Les chamans traditionnels grĂące aux plantes et un train de vie clean sont Ă  l’aise avec ces autres mondes; leur but Ă©tant de soigner les leurs. Je ne parle pas du tourisme psychĂ©dĂ©lique, des toxicomanes actifs, ni d’une Ă©ventuelle rencontre avec Flash Gordon ou des Jedis, faites gaffe y en a beaucoup qui sont restĂ©s collĂ©s du plafond.Certaines maladies psychiatriques, avec des causes organiques subtiles font vivre Ă  des personnes qui ne l’ont pas choisi de terribles mĂ©saventures oĂč l’esprit et le corps sont en grande souffrance. S’ils sont accompagnĂ©s durant leur Ă©volution des grandes Ă©tapes de la vie par des personnes ayant elles-mĂȘme bĂ©nĂ©ficiĂ© d’enseignement et d’initiation solide, ils vivront. Les autres s’ils survivent finiront leurs jours sous camisole chimique Ă  l’HP. Le reste souvent n’est que philosophie, poĂ©sie et interprĂ©tation douteuse, Ă  la petite semaine. Ce que mon Oeil peut voir en temps normal, c’est toute la richesse de l’univers, la vie est dĂ©jĂ  magique et incroyable en soi. Certains pourtant auront besoin de comprendre comment fonctionne ce cosmos, d’oĂč ils viennent, qui ils sont et que se passe-t’il aprĂšs la mort. Les rĂ©ponses vertigineuses leur seront donnĂ©es. À Manikarnika, le centre mythique et mystique de VĂąrĂąnasĂź, la plus vieille ville habitĂ©e du monde oĂč les bases de grandes religions ont Ă©tĂ© Ă©crites.Un soir d’Ă©tĂ©, au centre du bĂ»cher principal, ce vieux professeur dont je vous parlais l’autre nuit, brĂ»le. Il semblerait que ces tourbillons de fumĂ©e et feux follets pourraient ressembler aux mouvements possibles et imaginaires du visage des esprits, qui se seraient imprimĂ©s dans la boĂźte noire en « pose » lente. Cette dame ĂągĂ©e, assise sur le trottoir oĂč elle vit Ă  Bombay, me rappelle que la vie est triste, je ne sais pas Ă  quoi elle rĂȘve, ni ce qu’elle voit. Elle partage sa nourriture avec un corbeau, en fait je crois qu’elle attend la mort.

Manikarnika / Bombay

Encore un mort dont on prend soin avec ferveur et la souffrance d’un homme comblĂ© de malheur. Ce n’est pas vraiment important de savoir si le noir et blanc sont des couleurs.La palette des gris est riche en profondeur et ça limite l’horreur. À Manikarnika, lorsque le Ganges a bĂ©nĂ©ficiĂ© des eaux de pluies de mousson puis de la fonte estivale des glaces en Himalaya, le fleuve dĂ©bite toute sa puissance. Il rĂ©duit l’espace oĂč deux cents corps seront quotidiennement brulĂ©s. Cette promiscuitĂ© rend ce lieu, bien plus chaleureux. Babu un jeune de dix-sept ans me raconte que sa mĂšre a Ă©tĂ© incinĂ©rĂ©e ici lorsqu’il avait onze ans, depuis ce jour, il fait partie du clan.Les temples des rives de la citĂ© sont complĂštement immergĂ©s plusieurs mois par an. Le feu qui ne s’éteint jamais n’est donc pas celui qu’on vous montre d’une façon rassurante. Un soir Madan, que je suis partout et qui possĂšde toutes les clefs du site, nous fait traverser, une grotte encavĂ©e Ă  flanc de colline oĂč se trouve la sauvegarde principale de cette flamme Ă©ternelle. Les hindous s’intĂ©ressent Ă  leur propre histoire d’une façon trĂšs diffĂ©rente de la nĂŽtre, ils sont bien trop occupĂ©s Ă  rembourser aux dieux leur viscĂ©rale dette karmique.La vache mythique et bĂ©nite, Ă  coup de bouse, enrichit les sols et fournit le lait durant de son passage sur terre. On sait bien ici que ce sont les Anglais qui ont tirĂ© les premiers, leur point de vue sur l’histoire n’est que rationnel, chez eux il reste de spirituel le foot, la saucisse et la reine. J’en vois passer Ă  la pelle des conneries sur les bovins qui dĂ©truiront soi-disant la planĂšte en pĂ©tant du mĂ©thane et dont le nectar serait du poison !La sentence comme quoi c’est scientifique me fait halluciner. Quand t’entend dans ta caisse, coincĂ© dans les bouchons industriels Ă  la pĂ©riphĂ©rie des villes plombĂ©es d’un truc quasi radioactif, le mec de la mĂ©tĂ©o qui se gaufre sur les ondes en confondant brume matinale et pic de pollution. Moi je te dis que dans 50 ans ta trouvaille sera une lĂ©gende et qu’il faut arrĂȘter net de mettre des hublots sur Marguerite et que comme d’hab, si tu n’a rien Ă  dire que je ne sais dĂ©jĂ  ce serait bien que tu mouftes pas. C’est agrĂ©able de faire de longue tirade sous des photographies, le noir est blanc attire l’Ɠil et le cerveau d’un coup d’un seul. Pourtant nous ne voyons pas, ne rĂȘvons pas et ne pensons pas en Black & White c’est une tromperie que vous allez pourtant savourer.Ce type que j’ai approchĂ© au grand angle a une vie de merde.Je ne connais pas son prĂ©nom, la lĂšpre l’empĂȘche de parler. S’est-il pĂ©tĂ© la face au gaz butane, lui a-t-on renversĂ© de l’acide de batterie dessus ou tout ça et bien plus encore Ă  la fois. Ici les ĂȘtres dĂ©figurĂ©s ne se cachent pas, en effet me dira-t-on d’une rĂ©plique tout faite- ĂȘtre mendiant lĂ -bas c’est un mĂ©tier ! Bah, alors voilĂ , ce jour-lĂ  j’ai eu la chance de rencontrer l’employĂ© du mois. Je ne sais toujours pas ce qu’il pense, certes il sera nourri et sucera des chappattis. Il gagne maximum 10 roupies par jour, je regarde dans deux secondes le cours de la bourse et on fera les comptes.Tout ça fait beaucoup de violence d’un coup, je me rappelle que j’avais pris une prune de 250 roupies Ă  250 mĂštres de lĂ  parce que je fumais une clope dans la rue, aux abords d’un Ă©difice religieux trĂšs somptueux, la mosquĂ©e Haji Ali Dargah.5 euros lĂ -bas c’est Ă©norme et ça peut crĂ©er un ameutement, 10 roupies, personne ne bouge.(ps) y a un type en maillot de bain au milieu des bĂ»chers..

La peur est celle de la mort. L’angoisse est la crainte de Dieu. Voici deux fidĂšles compagnons de la vie de l’homme. La honte aussi, elle est la pour te protĂ©ger. Ce soir je ne ferai que regarder ces images. Le reste est-il intĂ©ressant ?

49 photos · Updated il y a 3 ans

L’Inde a TuĂ© la Mort
PrĂ©ambule-Permission-Note d’intention Lecture Un p’tit cafĂ© ? 2009 Le retour du pĂ©nible Jamais je n’avais tant essayĂ© en vain de changer le destin d’une jeune femme, dont le rĂȘve le plus fort Ă©tait de rejoindre sa dĂ©funte sƓur jumelle. Cela faisait un an que je ne l’avais revue. Un soir d’hiver, elle m’appela pour me faire part de son suicide imminent. Alors, j’ai fait tout ce qui est humainement possible pour tenter d’empĂȘcher son geste et j’ai remuĂ© ciel et terre pour la sortir de cette impasse. Le prĂȘtre, le psychiatre, le commissaire, son pĂšre mĂ©decin, sa famille ont compris ce qui allait se passer et personne n’a rien pu faire. Florence a mis fin Ă  sa souffrance au moi de mars ; sa schizophrĂ©nie Ă©tait bien trop violente pour supporter la vie. Au mois de juin, je me suis pris un autre camion dans la tronche en dĂ©couvrant le corps inerte de ma mĂšre en pleine dĂ©composition, dans son lit, lĂ  ou elle voulait partir et non dans un hĂŽpital. Alors, il a fallu la casser pour la mettre dans le cercueil avant de clouer. J’en avais vu des choses dĂ©rangeantes, mais lĂ  tout de mĂȘme… Le coordinateur des fossoyeurs m’alluma un cigare pour garder le cƓur accrochĂ©, un solide RomĂ©o de mon pĂšre. Lui Ă©tait parti au ciel depuis l’hĂŽpital quelques annĂ©es avant. En quittant la chambre du service oĂč il est dĂ©cĂ©dĂ© , un moment, mes jambes ont failli et j’ai dĂ» m’appuyer pour ne pas vaciller. C’est important d’assister Ă  la mort de son pĂšre. A ce moment lĂ , je me suis souvenu physiquement que lorsqu’enfant, mes jambes ne me portaient pas encore, c’était bien lui qui s’occupait de me porter. Me voilĂ  dans cet appartement oĂč j’ai grandi une partie de mon enfance et il faut Ă  prĂ©sent que je le nettoie puisque le bail a pris fin. Ma sƓur, elle, vit Ă  la campagne dans une autre famille. Elle est complĂ©tement invalide. Je la prĂ©viendrai demain. Pour me donner du baume au cƓur, je chantonne et je fais revenir en souvenir mes deux frĂšres dĂ©cĂ©dĂ©s quelques annĂ©es plutĂŽt : l’un se suicidant, ne pouvant supporter sa psychose, s’Ă©tait mis en croix devant le train direct ; l’autre, le grand, je l’avais retrouvĂ© mort en plein dĂ©gazage le lendemain de NoĂ«l, parti violemment d’une overdose. Je me souviendrai assez longtemps de cette odeur indĂ©collable que j’ai dĂ» garder sur moi quelques jours jusqu’Ă  la fin de l ‘autopsie, Ă©tant retenu par les services judiciaires en tant que premier tĂ©moin d’une mort suspecte… Je rencontre une femme cet Ă©tĂ© lĂ … La vie semble revenir, elle attend un enfant de moi. Elle ne veut/peut pas le garder : enceinte de trois mois, elle avorte. Je m’étais plongĂ© dans cette paternitĂ©. La douleur fut physique ; c’est comme si j ‘avais pris un coup de genou dans les parties.

Ma colĂšre va vers Dieu Ă  qui je reproche de m’avoir montrĂ© la lumiĂšre de la vie qui prend forme pour me la retirer si violemment. Putain de karma. Putain de blasphĂšme. Mon grand-pĂšre spirituel meurt en juin, c’est la mort du grand acupuncteur, ses funĂ©railles ressemblent en grandeur Ă  un opĂ©ra de Faust. J’ai 5000 sur mon Codevi. Je pars en Asie, ThaĂŻlande, les Ăźles, Bkk, Siem reap au Cambodge oĂč je vis un souvenir Ă©trange : c’est dans ce pays que le petit frĂšre de ma mĂšre,mon oncle, a disparu en 1970 durant la guerre. BKK, Luang Pra Bang au Laos, sympa ! mais c’est un chouia comme Venise : c’est mieux Ă  deux… Bkk puis VĂąrĂąnasĂź : me voilĂ  foulant les pas de mon grand frĂšre ayant vĂ©cu plus de quinze ans en Inde. Me dĂ©barquant Ă  BĂ©narĂšs, le chauffeur de taxi se retourne et avec un sourire gĂ©nĂ©reux me dit :  » Bienvenue dans la citĂ© des Dieux !  » En fait, ça fait bientĂŽt deux mois que je n‘ai pas parlĂ© avec quelqu’un en dehors des Ă©changes de convenances. Une aprĂšs midi, je tombe sur un couple, au moins du Larzac ! Le mec est curieux ; je lui balance ma sauce sur mes derniers mois. Au fil de la conversation, je vois ses Ă©paules se voĂ»ter… Je dĂ©ambule prĂšs d’Haris Chandra burning ghĂąt et assiste au dĂ©part d’une crĂ©mation d’une vieille femme qui pourrait ĂȘtre ma mĂšre… Il y a une dizaine de touristes occidentaux et des centaines d’Indiens. Un gamin me tire par la manche : un sĂądhu vĂȘtu de noir veut que je vienne m ‘asseoir avec d’autres sĂądhus plus en couleur autour du feu sacrĂ©. Il me propose le chilom ; je lui fais dire par un pseudo laĂŻc que j’ai arrĂȘtĂ© de bĂ©dave il y a quelques annĂ©es de ça pour des raisons de santĂ© et lui fais pĂ©ter un cigare… Baba Gopal ne parle pas un mot d’anglais. D’ailleurs ici, on ne parle pas pour ne rien dire, les gens viennent ici pour mourir. Je passerai la journĂ©e avec lui et l’accompagnerai le long des rives du Gange comme deux vieux compĂšres de toujours jusqu’Ă  Manikarnika. (Fin de la premiĂšre partie)

Manikarnika GhĂąt est le lieu du passage de la mort Ă  la vie Ă©ternelle. Les bains dans le Gange permettent de laver de tous les pĂ©chĂ©s. Le feu purificateur des bĂ»chers de crĂ©mation : permet d’en finir avec le cycle des rĂ©incarnations (le samsara) et d’atteindre la moksha (l’équivalent du nirvana pour les bouddhistes). Ici, en ce lieu le plus sacrĂ© de VĂąrĂąnasĂź, chaque parole et chaque geste prennent une importance fondamentale pour les Hindous qui viennent accompagner leurs dĂ©funts ou qui s’y rendent de leur vivant pour y attendre la mort. C’est sans doute un des lieux les plus saints de cette ville considĂ©rĂ©e comme l’une des villes les plus anciennement habitĂ©es du monde. La tradition Mythologique la fait remonter Ă  3000 ans avant notre Ăšre. VĂąrĂąnasĂź,est pour les occidentaux,la capitale spirituelle de l’Inde. L’auteur amĂ©ricain Mark Twain Ă©crit: « BĂ©narĂšs est plus ancienne que l’histoire, plus ancienne que la tradition, plus ancienne mĂȘme que la lĂ©gende, et a l’air deux fois plus ancienne que toutes les trois rĂ©unies .» Manikarnika burning GhĂąt : serait selon la transmission orale des chargĂ©s des bĂ»chers le plus vieux lieu de BĂ©narĂšs. Ces hommes appartiennent Ă  la caste impure des Doms, de ce fait, ils peuvent ĂȘtre en contact avec les cadavres. Ils sont trĂšs respectĂ©s car leur mĂ©tier consiste Ă  aider les Ăąmes des morts Ă  se libĂ©rer. La crĂ©mation obĂ©it Ă  un rituel trĂšs codifiĂ©. Le feu est allumĂ© avec la flamme sacrĂ©e et Ă©ternelle de Shiva. Celle-ci brĂ»le dans le temple qui lui est dĂ©diĂ© et ne s’est jamais Ă©teinte, depuis des siĂšcles. « Ram Nam Satya Hai/Ram Nam Satya Hai » (« Le nom de Ram/Dieu est vĂ©ritĂ© »). A intervalles rĂ©guliers, ce cri rĂ©sonne dans les ruelles tortueuses de la vieille ville de VĂąrĂąnasĂź. Quelques secondes plus tard apparaĂźt un cortĂšge funĂ©raire, les hommes de la famille transportant une dĂ©pouille sur un brancard de bambous. Un coup d’Ɠil au linceul suffit pour renseigner sur l’identitĂ© du dĂ©funt: blanc pour un homme, rouge pour une femme. Jaune dorĂ© s’il s’agit d’une personne ĂągĂ©e: or, un vieil homme, orange une vieille femme Certains ne seront pas incinĂ©rĂ©s : – les SĂądhus et Yogis car ils ont atteint un niveau spirituel Ă©levĂ©. – les femmes enceintes, car le fƓtus n’est pas encore formĂ©. – les enfants ĂągĂ©s de moins de 10 ans en raison de leur immaturitĂ©. -les personnes mordues par un serpent. Cet animal Ă©tant liĂ© Ă  Shiva, il n’est pas nĂ©cessaire de les incinĂ©rer. – les lĂ©preux et variolĂ©s afin de ne pas se brouiller avec les Dieux. Une barque attend pour emmener ses cadavres lestĂ©s d’une grosse pierre au milieu du fleuve et les y immerger.

L’homme le plus riche de BĂ©narĂšs est un intouchable de la caste des Doms. Sa bonne fortune vient des bĂ»chers, rare sont ceux qui connaissent le juste prix d’une crĂ©mation, c’est une nĂ©gociation estimĂ©e au prix du stĂšre de bois, Ă  la tĂȘte du client. Il y a une chose unique dans ce mĂ©tier, et nous seul savons ce que c’est. Ici on ne badine pas avec l’odeur, les corps sont lavĂ©s, enduits d’onguents et rĂ©guliĂšrement trempĂ© dans les eaux sacrĂ©es du Ganges, considĂ©rĂ© comme la longue chevelure du Dieu Shiva. Le parfum savamment Ă©picĂ© et ce lacustre rituel resteront gravĂ©, chez celui qui a passĂ© sa journĂ©e et sa nuit en cet endroit de passage de la mort terrestre vers l’univers cĂ©leste, le regard sera Ă  tout jamais envoutĂ©. La caste de ces gardiens de brasiers passeur d’ñmes, force le respect, ils sont fiers d’achever adroitement, les modalitĂ©s pour ce voyage, qui pour le profane semble ĂȘtre un funeste chaos empreint d’une atmosphĂšre captivante. Celui qui y assiste de prĂšs avec la curieuse intention de raconter cela dans sa contrĂ©e doit d’abord demander la permission, ces hommes modestes vous raconteront d’égal Ă  Ă©gal qui ils sont, qui Ă©taient leurs parents, depuis combien de temps leurs histoires personnelles les a amenĂ© frĂ©quenter les coulisses de la mort. Ils guideront vos pas afin de ne pas dĂ©ranger les dĂ©pouilles oĂč les esprits qui en ce lieu si chargĂ©, semblent avoir pris une forme physique Ă©tonnamment rĂ©el. Tout le quartier est informĂ© de votre prĂ©sence et de vos intentions, de qui vous ĂȘtes au-delĂ  de vos masques et de comment vous avez fait avec vos propres dĂ©funts. Il sera important de porter attention au gout et cout du lait ainsi qu’au beurre de moutarde qui ressemble Ă  du miel. Il est bienvenu, de donner Ă  partager sa vĂ©ritable histoire et de participer Ă  apporter quelques bĂ»ches pour une famille dont le corps est en file d’attente, faute du minimum requis de combustible. Une seule rue mĂšne Ă  Manikarnika, les cortĂšges la descendent, traversant la foule d’obstacles des ruelles indiennes en rĂ©pĂ©tant « Ram Naam Satya Hait », aucun corps ne l’a remontĂ©. Des parents plus pauvres encore, seraient allĂ©e directement Ă  Harish Chandra GhĂąt oĂč la crĂ©mation Ă©lectrique ne coute que trois euros. Mark Twain l’a dĂ©crit : « BĂ©narĂšs est plus vieille que l’histoire, plus vieille que la tradition, mĂȘme plus vieille que la lĂ©gende, et elle a l’air d’ĂȘtre plus vieille que toutes les trois ensemble.» La suite en cours d’Ă©criture….

Je les aime bien, ces deux lĂ  :
Le sadu, en orange, me dit : 
– Va pas voir le type en noir, i sait tout mais c‘est imbitable
. 
Le sadu en noir me dit : 
– Maintenant que t’es lĂ , le mieux, c‘est qu’on parle pas, le moins possible. 
On risquerait de dire une connerie. Le mec devant, il est quand mĂȘme en train de brĂ»ler, on va observer. Tu vas voir : A chaque fois, i se passe un truc, mais faut pas le rĂ©pĂ©ter au type en orange…

SĂądhu Aghori
2009
ApparentĂ©s au ShivaĂŻsme tantrique, les aghoris ont la rĂ©putation en Inde d’utiliser des pratiques subversives, telles la consommation d’alcool et de drogues ainsi que la mĂ©ditation sur des lieux considĂ©rĂ©s comme impurs par la sociĂ©tĂ© hindoue comme les crĂ©matoires (Smashan) ; autant de moyens d’accĂ©der Ă  la libĂ©ration de l’esprit et Ă  l’émancipation finale des cycles de rĂ©incarnation (Moksha). Quoique pouvant consommer des charognes humaines, ils se dĂ©clarent vĂ©gĂ©tariens.

2009-BĂ©narĂšs, Harishchandra ghat

« Il y a un point dans la conscience oĂč rien n’existe. Choc. NĂ©ant. Silence. Vide. Transe. Absence. Gouffre. VacuitĂ©. Vacuum. Tant de mots et cependant rien ne capte ce point, le point de vie, le point de mort… C’est pour le dĂ©couvrir que BĂ©narĂšs est, ce n’est pas parce que ses sages ont trouvĂ© ce point, mais, prĂ©cisĂ©ment, parce qu’ils ne l’ont jamais trouvĂ©. »

Vijay Singh dans « Jaya Ganga, Le Gange et son double »..

– Sarvajeet Mukherjee :
Actually Aghoris in their own way follow the essential spirit of Hinduism , which speaks about freeing onself from the bondage of Dualism ( Ugly/ Beautiful , Good / Evil , Clean / Unclean … etc ) . Dualism gives birth to ego which essentially prevents oneself from being One with The Supreme / The Eternal Ego . All modes of practice enshrined in Hinduism , essentially are aimed upon attaining this Oneness . Thus , Aghoris attack the basic problem by trying to remove the distinction between the so called Clean and Unclean . Thus by attaining mastery over this they try to attain that state where the ego/ self gets annihilated and only the Ego/ Self remains . Thus in the path of Spirituality if a being attains so called magical powers / supernatural powers this to him just serves as an indicator that he is progressing in right direction . Thus , these powers are but byproducts of his strive towards attaining Oneness , only to be used as Destiny Commands . If one falls prey to the powers , in the sense that one gets lured into using them driven by ones ego , the individual immediately loses his goal , since he / she falls prey to the whims and fancies of the very ego/ self that he/ she desired to annihilate.

Le bal des Ăąmes …

Je sais bien les amis, l’actualitĂ© est bouillante, tout augmente ! Les publications se multiplient, on se parle Ă  soi-mĂȘme, chacun expose une partie de son reflet, certains postes sont crĂ©atifs, intelligents, utiles, drĂŽles. Parfois ils se retrouvent perdus dans la masse, d’autres sont complĂštement Ă  la ramasse et traduisent un rĂ©el vide, un sĂ©rieux manque de consistance. Nous jugeons l’autre, le clique est un bĂąton, en permanence avec nos propres grilles de lecture, l’opinion se fait. En effet, vous ĂȘtes le plus souvent clair comme de l’eau de roche sur vous-mĂȘmes. Votre prĂ©sence ou votre absence dans ce rĂ©seau social virtuel est une sorte d’empreinte imaginaire. L’imagination Ă©tant une des portes du monde spirituel, votre esprit devient visible. La volontĂ© que tu y mets laissera sans doute la trace minĂ©rale de ta beautĂ©, ta bontĂ© et ta sagesse. L’outil peut t’aliĂ©ner et t’enfermer vers un isolement bien sombre. Si tes bricolages narcissiques trouvent Ă©cho, tes amis s’identifieront ou selon te dĂ©laisseront. Une partie de toi est lĂ , le robot ne dit pas souvent non. Il y a les pages, les groupes, vous trouverez votre public. Les relations se font et se dĂ©font.Vos prĂ©dateurs sont lĂ , ils disent ce que vous voulez entendre, ils font mĂȘme des choses Ă  votre place, vous appartenez enfin Ă  quelque chose de plus grand que vous, vous interagissez. Vous ĂȘtes en plein dedans, proche de la transe et de l’addiction, il n’y a pas de rĂšgles, les limites sont fragiles. Vous pouvez vous retrouver: un prospect idĂ©al, faire confiance et foutre votre vie en l’air. En gros chacun ses merdes et ses lumiĂšres, une facette de nos sociĂ©tĂ©s, anthropologique et ethnologique existe bel et bien sur cette toile, vous dites vraiment qui vous ĂȘtes, l’Ăąme s’incarne et se dĂ©crit d’elle-mĂȘme. Moi? J’ai choisi la voie du spam tĂȘtu, si ce que j’ai Ă  dire me semble juste et important. je ratisse large !Je ne lĂącherai rien et je vais user mes relations jusqu’à les perdre ou me faire Ă©vincer de leurs fil d’actualitĂ©s. Les mecs ils ne me supportent plus et ne me valident plus, le public change. À quoi bon ces potes, s’ils ne cautionnent pas mon brin de folie. Je ne crois pas ĂȘtre un militant au fond, nĂ©anmoins sans limite. Quand tu me reproches un truc, pile poil c’est de toi que tu parles. Lorsque tu me trouves une qualitĂ© sympa, si tu la reconnais chez l’autre c’est simplement parce qu’elle existe avant tout en toi.

Chez D.ieu

« Turban People »

Cela faisait quatre jours que j’allais chaque matin et pour toute la journĂ©e tourner dans le bons sens autour du somptueux Temple d’Or d’Amritsar tel un pĂšlerin confirmĂ©. Depuis que j’ai pris goĂ»t Ă  voyager en Inde, je me lĂšve bien avant l’aube. Ma jambe se dresse d’un coup et retombe au saut du lit ; c’est nouveau et cela me surprend ! Ce premier geste me sortant de la nuit me semble fantĂŽme et me rappelle la posture d’un conducteur de rickshaw enjambant sa bicyclette. Un sage vivant en pleine forĂȘt amazonienne rencontrĂ© au PĂ©rou lors d’une retraite et d’une purge me confirmait que les deux pays les plus chargĂ©s en spiritualitĂ© Ă©tait Madagascar et l’Inde. Il est donc de mise, lorsque l’on dĂ©passe la simple quĂȘte touristique, d’ĂȘtre en paix avec les dieux pour ne pas subir de dĂ©convenance avec les esprits. Mais qui est vĂ©ritablement Ă©tanche aux royaumes des esprits ? Alors je me suis laissĂ© dire que j’étais parasitĂ© par un rickshaw, pas si grave que ça et ne nĂ©cessitant ni thĂ©rapie ni exorcisme
Beaucoup de voyageurs pĂštent littĂ©ralement un plomb en Inde ; il y a mĂȘme des cellules de crise psychologique dans les aĂ©roports internationaux. C’est la curiositĂ© qui me fait retourner en Inde et me fait marcher des heures durant avant le lever et aprĂšs le coucher de soleil. Lorsque j’arrive dans une ville, je m’achĂšte la trĂšs pratique carte locale ; j’irai visiter tous les monuments, les temples et les sites mais en dehors des horaires habituels des touristes. En fait c’est la lumiĂšre du photographe, la mĂȘme que celle du peintre qui dĂ©cide de « oĂč et quand » je dois ĂȘtre… Alors, je la suis intuitivement. histoire de sublimer en image les rencontres et les dĂ©couvertes du jour. Je vais tout voir : les bidonvilles, les mouroirs, les temples, les marchĂ©s. Je porte des pantalons longs, une chemise, des baskets et les cheveux courts, ne consomme ni alcool ni drogue, ne m ‘intĂ©resse ni aux filles ni au business. Je mange quand j’ai faim et fais l’aumĂŽne assez souvent comme tout le monde ici d’ailleurs. Cela ne semble sans doute pas trĂšs excitant, mais c’est la convenance nĂ©cessaire et la biensĂ©ance de rigueur qu’il me paraĂźt indispensable pour se permettre de photographier la vie des gens. Ce matin lĂ , j’avais besoin d’entendre la cacophonie des cloches d’un temple hindouiste et de quitter quelques moments les « Turban People » du centre d’Amritsar. Alors, j’ai pris un touktouk puis j ‘ai marchĂ© comme d’hab et en allant boire un chaĂŻ avec les hommes qui se lĂšvent, j ‘ai pris en photo ce conducteur de rickshaw. Plus tard en faisant le tri dans mes images, je me suis dit que ce portrait mĂ©riterait d’ĂȘtre exposĂ©. Alors, on a fait un tirage et je ne sais plus qui m’a dit :  » on dirait Raspoutine ! « 

Amritsar 2010

Varansi people

Cette photographie peut susciter l’envie de parler du voile que portent les femmes brimĂ©es dans des conditions religieuses et archaĂŻques. Mais ce jour lĂ , Ă  BĂ©narĂšs, cette prĂ©sence m’est apparue telle un fantĂŽme au travers de la foule colorĂ©e des Indiens oĂč le voile islamique portĂ© sur place ne ressemble pas du tout Ă  ce que cette femme a revĂȘtu. Je l’ai vu entrer dans une pharmacie et en ressortir un peu comme rasant les murs… Ce voile complet ne m‘a pas semblĂ© ĂȘtre un accoutrement religieux avant tout, mais plus une façon de masquer sans doute un problĂšme que je suppose d’origine mĂ©dicale, une maladie de peau, un dĂ©lit de sale gueule, une difformitĂ©s peu banale . J’en ai vu et croisĂ© des hommes et des femmes dĂ©figurĂ©s par la lĂšpre et la peste ainsi que d’innombrables problĂšmes de peau,. J’ai d’ailleurs tirĂ© le portrait d’un mendiant de Calcutta qui souffre du syndrome rare de l’homme Ă©lĂ©phant, devant la plus vielle mosquĂ©e de cette ville oĂč il mendie. La sociĂ©tĂ© indienne ne cache pas ses monstres et d’ailleurs ceux qui souffrent de ce type de difformitĂ©s ne semblent pas souffrir ni de honte ni de culpabilitĂ© et vivent la rue au quotidien, alors que dans bien des sociĂ©tĂ©s occidentales ces personnes ne se montrent pas. Alors, devant l’émotion de souffrance volontairement cachĂ©e que cette femme m’a laissĂ©e dans cette rue animĂ©e, je suis quasiment certain que le visage de cette personne n’était pas montrable.

Lorsque la colĂšre sera changĂ©e en amour, la honte transformĂ©e en espoir, la peur mĂ©tamorphosĂ©e en foi. À notre droite, cĂŽtoie la peur ; Ă  notre gauche la honte ; la colĂšre prĂ©cĂšde nos jugements moraux. Tapie au plus profond de notre inconscient, l’angoisse remplit aussi les profondeurs de l’ñme. VoilĂ  les quatre principales Ă©motions, qui accompagnent chacun d’entre nous tout au long de la vie terrestre. J’ai beau vous dire cela, il est prudent de se demander Ă  quel point je suis perchĂ©, si je marche sur l’eau et si j’en bois assez. Qu’est-ce que cela vient foutre lĂ , Ă  qui cela s’adresse-t-il ? Et qu’est-ce qu’on va bien pouvoir en faire et d’oĂč je tiens cela ? La colĂšre est donc lĂ  pour me protĂ©ger, m’avertir d’une injustice. Elle me sert Ă  poser des limites. Oui, je suis chaud brĂ»lant et je vais te dire Ă  prĂ©sent, quel est mon avis avant que tu me le demandes. J’y vais mollement, tout ça est bien longuet, le premier lecteur s’est Ă  prĂ©sent Ă©cartĂ©, on zappe Ă  «donf». L’époque est moche, j’ai un besoin irrĂ©pressible de te le dire. Ce coup de gueule ne s’adresse pas uniquement Ă  une Ă©lite d’abonnĂ©s. Fais gaffe, mine de rien c’est le moment, d’avoir des yeux dans le dos et les oreilles en diagonale. Ne colporte jamais le message d’un suicidĂ©, ce serait comme des aveux obtenus sous la torture. Essaye plutĂŽt de recueillir les derniĂšres paroles du mourant avant que ses yeux ne se vitrifient, sa vĂ©ritĂ© sera recevable par l’homme de loi et de foi.(Ă  suivre)

MĂ©tro Cardinal le Moine / Cash de Nanterre

Albert, je le connais plus qu’il ne se souvient de lui-mĂȘme ! J’avais 14 ans, nous Ă©tions dans la mĂȘme classe et on avait fumĂ© un pĂ©tard ensemble. Je l’avais recroisĂ© ilot Chalon Ă  17 ans: il faisait la manche… Il chausse du 46, j’te l ‘jure ! J’étais ligne 10 en direction d’Austerlitz, je l’ai vu sur l’autre quai Ă  Cardinal Lemoine, demi-tour. Je me suis assis Ă  cĂŽtĂ© de lui. Il Ă©tait pieds nus, j’ai mis deux jours pour lui trouver sa pointure. Nous n’avons pas beaucoup parlĂ© ce soir-lĂ , je lui ai partagĂ© mes cigarettes et lui ai demandĂ© si je pouvais le prendre en photo ; il m’a dit : « je ne suis pas intĂ©ressĂ© », je lui dis : « c’est pour l’histoire ». LĂ , il a acceptĂ©.Je reprends le dernier mĂ©tro pour chez moi ; j’arrĂȘte ma soirĂ©e photo. Assis dans le wagon, tout un film se dĂ©roule Je me rappelle le gamin qu’il Ă©tait Ă  l’école : les prises de tĂȘte qu’il se cognait avec la prof de maths, une bagarre incroyable : il s’essoufflait en reculant tout en mettant des Ă©normes pĂȘches Ă  un autre gosse esquintĂ© psychiquement, qui encaissait tout souriant tout en avançant pour l’Ă©trangler. C’était une Ă©cole spĂ©ciale du type Steiner mais pour gamins qui ne pouvaient plus supporter, sans conflit, le collĂšge public. Perso j’ai fait 9 Ă©coles en 9 ans de scolaritĂ©, sans pour autant avoir dĂ©mĂ©nagĂ©. Puis J’ai continuĂ© mon chemin dans les foyers de la DASS de l’Ă©poque. À 16 ans, je disais au revoir Ă  mon juge pour enfants, un black, bĂšgue, qui se nommait MoĂŻse. Je venais de trouver un job de groom, au Ritz de Paris…. En maraudant avec l’Ă©quipe du rĂ©seau social de la Ratp, avec StĂ©phane et Mohammed du groupe Oscar XIV, lors du tournage d’Au Bord du Monde, je leur montrais mes photographies des personnes rencontrĂ©es dans le mĂ©tro : »le bouc » !, le surnom que ces anges de la nuit lui avaient refourguĂ© ; l’odeur chez certains est parfois saisissante.Un soir, j’avais 7/8 ans, j’avais fait le mur de ma chambre pour aller dormir dans les caves de l’immeuble. Au petit matin je m’étais rĂ©veillĂ©. Mohamed, le balayeur et homme de mĂ©nage de la rĂ©sidence m’avait mis un oreiller, une couverture et une orange avec un verre d’eau fraiche. C’est sans doute en partie pour cela, que plus tard, j’ai dĂ©cidĂ© de tĂ©moigner des histoires de sans toit stable. Les clochards se cachent pour aller mourir ! Souvent, sur la fin, ils viennent dans les structures, comme ici au cash de Nanterre, et disent Ă  leur mĂ©decin : « Ă§a y est docteur je quitte la rue. » Le praticien sourit et se garde bien de lui dire qu’il est sĂ»r Ă  80% que ce type a vraiment chopĂ© la grosse merde qui l’emportera peut-ĂȘtre trĂšs rapidement. Entre la maison de retraite pour indigents et le centre d’accueil pour sans abri de l’ancienne Maison de Nanterre. Il y a des longs couloirs tristes oĂč pourtant les hommes et les femmes semblent sereins, dans l’attente de passer l’une des portes qui mĂšnent vers le long couloir des soins palliatifs. Je ne me souviens plus du prĂ©nom de ce titi parisien, je crois que c’est Serge. J’espĂšre que David qui bosse au Chapsa pourra me le dire…


La Caverne d’Henri sous l’Arc de Triomphe

En fait j ‘ai un truc Ă  dire, un gros ressentiment en travers de la gorge, qui a le gout et l’horreur de la grotte, de mon pote Henri. Depuis quelques temps je rebalance gratos des images sur mes amis les clodos. Dans le lot il y a des perles, je sais c ‘est pas sympa en pĂ©riode de Nöel. Je cherche ici un truc que je n’ai pas encore trouvĂ©, avec mes « amis Facebook ». Je regarde qui like, qui partage, qui s’abstient. Et je juge en permanence vos posts qu’ils soient brillants ou nazes. Je sais bien que vous ĂȘtes occupĂ©s avec les Ă©lections, les attentats, Candy Crush et la taille de votre bite et des consĂ©quences absurdes qui en dĂ©coulent. Et ça fait longtemps que je vous fais chier avec ce sujet. Et c ‘est pourtant grĂące Ă  ce mĂ©dia, que j ‘ai pu tourner, l‘image du film « Au Bord du Monde »et me faire aider financiĂšrement sur plein de projets. J‘ai toujours ce putain de truc Ă  dire et j ‘ai besoin de vous, de cette audience… Je cherche le buzz et j’insiste comme un sale gosse, afin que vous partagiez, mes publications le plus possible. Il me restera bien quelques photos prises sans trop de merde dans les yeux afin que je vous raconte cette situation nausĂ©abonde Ă©troitement liĂ©e Ă  l’implacable loi du karma. Je poste et libĂšre le crachoir, affectueusement aux uns, tendrement aux autres.

C‘est une rĂ©gression Ă  l’ñge des cavernes qui se dĂ©roule sous l’Arc de triomphe de Paris. Sous la plus belle avenue du monde, dans ce long tunnel qui traverse l’avenue des Champs-ÉlysĂ©es jusqu’à celle de la Grande ArmĂ©e, c’est un lieu sans lumiĂšre et sans eau, des plus sordides et tĂ©nĂ©breux qui soit. C’est lĂ  que vit Henri, complĂštement dĂ©muni et depuis plus de 30 ans, dans le bruit, la poussiĂšre des moteurs et des freins. L’endroit est lugubre et infernal, d’une insalubritĂ© rare, l’odeur y est insoutenable. Ce tunnel semble ĂȘtre l’antichambre de la mort. L’allure de ce personnage est biblique. Il ne possĂšde rien, aucune affaire et d’ailleurs je crois qu’il n’en veut pas vraiment. Il passe ses journĂ©es et ses nuits, jonchĂ© Ă  mĂȘme le sol, vivant quasiment nu devant son crĂ©ateur et, pour ainsi dire, dans ses excrĂ©ments. La nuit, il sort fouiller dans les poubelles en quĂȘte de nourriture. Cet homme d’origine libanaise qui aujourd’hui va pieds nus Ă©tait couturier. Il a quittĂ© son pays entre 1984 et 1985. Il ne parle quasiment plus et n’a plus vraiment la notion du temps qui passe. Il me dit qu’il a 43 ans et qu’il est nĂ© en 1959. Quelque chose ne colle pas, en plus des centaines d’excrĂ©ments tout autour de sa couche, de ses pieds esquintĂ©s qu’il me montre. Sait-il qu’il tĂ©moigne ? Il semble conscient de son Ă©tat et ne demande rien. MalgrĂ© sa terrible pauvretĂ©, Henri est un clochard lumineux de gentillesse. Ce sont des retrouvailles en fait. J’avais rencontrĂ© Henri l’hiver dernier, il y a un an tout juste, avenue Marceau, le trouvant dĂ©jĂ  presque nu sur une grille d’aĂ©ration servant de sĂ©choir et de chauffage. Son histoire est connue jusqu’à Nanterre. L’un des mĂ©decins associĂ© Ă  la fondation du Samusocial (92) me l’avait dĂ©crit mais je n’avais pas fait le rapprochement Ă  l’époque avec cet homme que j’avais croisĂ©. Puis, je l’ai perdu de vue. Ce soir, je l’ai retrouvĂ© dans la nuit, en haut des Champs-ElysĂ©es. Nous nous sommes reconnus. Cet homme est l’un des sans-abris parisiens rencontrĂ©s qui fait sans doute partie du « Top Ten » de la grande prĂ©caritĂ©, tant son Ă©tat de clochardisation est avancĂ©.Devant ces scĂšnes de trĂ©fonds, je me demande ce qui se joue humainement parlant pour cet homme ayant sans doute perdu la raison et souffrant d’une immense misĂšre. – Lien Audio :https://soundcloud.com/sylvangui/henri-le-jour-comme-la-nuit-illumine

JĂ©sus le IatrogĂšne

Ici mĂ©tro citĂ©, provenance rue des Boulets. Je vous le dis en vĂ©ritĂ©… Le message de PĂąques aux clampins.

RER Charles de Gaulle Etoile

2009-2016

Dans le milieu du social en 2011, si je prononçais «les Roms», on me rĂ©torquait sĂ©ance tenante : « c’est des rĂ©seaux ! ». Discussion close. Vise le job ! MĂȘme sur les Champs-ÉlysĂ©es, « c’est pas bien payĂ© ! » Pourtant Ă  un moment, il n’y a plus que ça pour survivre. Si je passe ce soir Ă  l’improviste, elle ou son ombre est encore lĂ . Alors j’ai continuĂ© de photographier cette misĂšre de la sorte, puis je l’ai filmĂ© de la mĂȘme maniĂšre, intuitive… Afin qu’elle soit accessible au plus grand nombre, ni trop laide ni trop belle… AprĂšs cela, j’ai rencontrĂ© la majoritĂ© des acteurs sociaux qui bricolent sur le terrain. L’Etat, l’Eglise, des grandes associations, des petites, et ceux qui Ɠuvrent dans le silence sans faire de bruit.J’ai rencontrĂ© aussi les marchands de sommeil vĂ©reux qui exploitent cette misĂšre ou qui se la racontent « Bon Samaritain ». L’homme est une hyĂšne pour l’homme. J’ai vu le pire de prĂšs, le faux 115 du particulier et ouĂŻ dire de tous ceux et celles qui ont baignĂ© Ă  l’édification de cette odieuse arnaque dirigĂ©e par un abominable capot despote. Cet endroit ne durera pas, il ne peut en ĂȘtre ainsi. Je n’aurai eu de cesse ces derniers mois de demander Ă  ces personnes autrefois impliquĂ©es et perverties de nous aider Ă  dĂ©noncer cela. Pire que le mal lui-mĂȘme, il y a ceux qui laissent faire sans rien dire, se cachant sous un monticule de prĂ©textes plus tordus et noueux que la branche pourrie elle-mĂȘme.La pauvretĂ© et la misĂšre attirent les faux prophĂštes comme les colonies de vacances les pĂ©dophiles. Oui, en ce moment j’ai l’impression de goĂ»ter Ă  notre histoire de France de l’époque des collabos. OĂč sont les justes ? Lezer, photographe et bĂ»cheron retraitĂ© !

Eté 2012

« Grande exclusion »

De tous temps il y a eu et il y aura des humains vivant en complĂšte marge du systĂšme, c’est pas un scoop. Dehors, dans les rues de Paris, l’étĂ© 2012, je comptais, Ă  force d’arpenter tous les carrefours de la capitale chaque nuit, une dizaine de milliers d’ñmes errantes. Dans le lot de ces rencontres nocturnes, j‘ai rencontrĂ© ceux que la sociĂ©tĂ© dĂ©crit et nomme les exclus. Qui rassemble, sans ĂȘtre exhaustif, une fourchette trĂšs large d’individus comprenant des itinĂ©rants, des vagabonds, chez qui l’étiquette de sans domicile fixe prend du sens, ainsi que des pauvres complĂštement sĂ©dentarisĂ©s dans une misĂšre pouvant aller jusqu’à l’état de clochardisation avancĂ©. Des personnes qui ont Ă©lu domicile dans les rues, sur des talus, dans des trous, dans des tunnels, sous des ponts ou en plein carrefour, au fond d’un couloir de mĂ©tro, le long d’une voie rapide et qui survivent des miettes et des poubelles de la sociĂ©tĂ©.Certains survivent de mendicitĂ©, d’autres n’ont pas ou plus cette force et ne demandent plus rien. La condition de certains est si terrible, choquante et bouleversante qu’il a Ă©tĂ© nĂ©cessaire au grĂ© des dĂ©cennies d’envoyer sur place des professionnels et de fabriquer des structures d’accueil. Pour tenter d’empĂȘcher une non assistance Ă  personne en danger et offrir des mesures d’accompagnements sociaux mĂ©dicales pour des personnes qui, pour une infinitude de causes et de raisons , se retrouvent Ă  ne pas pouvoir s’adapter et vivre, sans le soutien de leur prochain, dans les normes d’une sociĂ©tĂ© emplie de contingences telle que nous la connaissons. Ces populations de sans toit fixe soulĂšvent un tas de questions philosophiques et humanitaires. L’Etat, l’Église et les grandes associations oeuvrent sur le terrain. Cette misĂšre est et sera secourue. Victor Hugo la voulait supprimĂ©e, l’intention est noble mais la rĂ©alitĂ© est toute autre. Un grand mĂ©decin « Clodologue » fondateur du Samusocial (92) et mĂ©decin chef du tristement cĂ©lĂšbre CHAPSA de Nanterre, qui connait ses patients par le menu, qui par centaines viennent passer la nuit dans cet hĂŽpital et parfois restent Ă  la maison de retraite pour clochard, ceux qui aprĂšs des dizaines, voire une vie entiĂšre passĂ©e dehors dans des conditions extrĂȘmes et qui enfin montent dans le camion direction la demande d’aide et de soins, ceux-lĂ  mĂȘme qui ont commencĂ© Ă  se dĂ©grader et dont l’appellation clochard relĂšve plus aujourd’hui de la pathologie qu’un terme pĂ©joratif. Le Dr Jacques Hassin me disait: Y a t’il un tronc commun qui dĂ©finirait qu’un jour certains d‘entre nous finiront dans un laisser aller des plus total, comme muĂ© par un destin commun Ă©crit il y a fort longtemps , sans doute dans les abandons de la petite enfance. Ce serait le manque !? le manque de tout, bien plus fort que celui du voisin. On ne fabrique pas une Jeni ou un Henri* sous le coup de la perte d’un emploi , d’une rupture amoureuse ou d’un loyer de retard ou comme disait le docteur Patrick Henry :  » Parce qu’un jour, en rentrant chez moi, j‘ai trouvĂ© un autre homme dans le lit avec ma femme, alors j ‘ai connu la descente aux enfers et j‘ai fini sous un pont !  » Si c’était le cas, il y aurait des foules immenses vivant dans les poubelles d’Île-de-France
 L’autre docteur, Jacques H me posa ainsi la colle : – Qui Ă©tait les deux premiers SDF ? : – Adam et Ève


Pourtant, dĂšs l’étĂ© 2012, lĂ -dehors, le dĂ©cor Ă  la Zola dĂ©jĂ  se transformait ; la paupĂ©risation gagnant du terrain, amenant des hommes et des femmes aux souliers cirĂ©s travaillent le jour, survivant dans des difficultĂ©s croissantes dans des accueils d’urgence ,de plus en plus saturĂ©s, dormant dans une voiture, luttant pour se sortir de cette mauvaise passe implacable, de plus en plus pauvre avec des aides sociales bien prĂ©caires, se nourrissant Ă  la cloche. La crise Ă©conomique et sociale annonçant sans doute la grande crise.Alors tout le monde a parlĂ© de chiffres et de pourcentages Ă  la hausse. Aux derniĂšres nouvelles, j ‘ai appris qu’il y a en fait une volontĂ© politique de fermer « la maison de Nanterre » . Le lieu mĂȘme oĂč la premiĂšre consultation officielle de l’assistance publique et EuropĂ©enne auprĂšs d’un laissĂ© pour compte , avait Ă©tĂ© donnĂ© au dĂ©but des annĂ©es 80 par un jeune mĂ©decin, lui aussi devenant le de pilier de la fondation du Samusocial, le Dr Patrick Henry qui dirige aujourd’hui le recueil social de la RATP et qui depuis longtemps s’occupe de ramener Ă  la lumiĂšre les habitants du mĂ©tro. Alors bon, que penser ? En fermant cette structure mythique qui sans doute ne rapporte pas grand chose question pognon, l ‘État a-t’il eu une idĂ©e absolument gĂ©niale et ça va ĂȘtre super… ou cela prend-il une tournure des plus inhumaines.. Que vont devenir les 300 habituĂ©s du CASH qui grimpait dans les bus de la RATP, la brigade des gris, pour aller dormir Ă  l‘abri plus ou moins trĂšs rĂ©guliĂšrement. Ce bus qui emmĂšne chaque jour les grands perdus, victimes de la trĂšs grande prĂ©caritĂ©, rien de luxueux et c’est bien le minimum que la sociĂ©tĂ© française se doive de faire auprĂšs de cette population trĂšs abĂźmĂ©e qui prend refuge, Ă©prouvĂ©e par la rudesse de la rue.Puis, voila les migrants ! Les grands reporters nous avaient dĂ©jĂ  prĂ©venus et la Presse a, par chez nous, commencĂ© a s’intĂ©resser Ă  ce phĂ©nomĂšne depuis la catastrophe de Lampedusa et ces cortĂšges de drames et de naufrages annonçant une Ăšre nouvelle trĂšs sombre, une rĂ©gression dans du dĂ©jĂ  vu ? En tous cas, une page et un chapitre sordides de notre histoire Ă  tous ..

J’ai arrĂȘtĂ©, un temps, de photographier cette misĂšre que je cherchais Ă  immortaliser et a dĂ©noncer le jour oĂč j‘ai participĂ© au chef d’oeuvre du film de Claus Drexel, faisant l’image de ce film : « Au bord du Monde » sorti en janvier 2014, qui me semble dĂ©peindre au plus juste la triste rĂ©alitĂ© de la grande exclusion, marquant comme la fin d’une Ă©poque en dĂ©crivant et dĂ©voilant intimement un regard profond sur l’ensemble de notre sociĂ©tĂ©; donnĂ©e et transmise en confiance par la parole authentique et innocente de ceux qui sont les plus en marge et qui, finalement assis au premier rang, nous regardent dĂ©river dans une sociĂ©tĂ© qui protĂšge de moins en moins. Bon, il y a ceux qui n’ont pas vu ce film, qu’ils le fassent ! C’est de nous qu’il s’agit et ce monde qui dĂ©jĂ  change, partant vers un avenir douteux ou dĂ©rivant vers quelconques rĂ©gressions.

« La sĂ©rĂ©nitĂ© ne peut ĂȘtre atteinte que par un esprit dĂ©sespĂ©rĂ© et, pour ĂȘtre dĂ©sespĂ©rĂ©, il faut avoir beaucoup vĂ©cu et aimer encore le monde. » Blaise Cendrars

Dashashwamedh Ghat

Spiritu sancti

L’autre jour, il y a une dizaine d’annĂ©es, j’avais lu un bouquin formidable, traitant de la psychiatrie et de l’antipsychiatrie. Je l’ai prĂȘtĂ© ou paumĂ© lors d’un dĂ©mĂ©nagement. Hier je l’ai cherchĂ© en vain. Il coĂ»te 8$ sur l’Internet. C’est un must. Je vais tenter de reformuler ce que j’en avais compris et voir oĂč cela me mĂšne… Il y aurait trois voies principales pour dĂ©couvrir les rĂ©alitĂ©s du monde spirituel. L’une d’entre elles Ă©tant le travail ascĂ©tique du moine ou de son Ă©quivalent, en tout cas de celui qui se met en route Ă  la recherche du divin, de l’origine du cosmos, du sens de la vie, de la connaissance et du savoir, de l’amour et de la confiance etc… et qui par un travail assidu, arrivera Ă  dĂ©couvrir avec ou sans maitre les mondes et les royaumes des esprits, des Ăąmes, l’univers des dieux, la thĂ©ologie, la thĂ©osophie
 Et cela est accessible Ă  tous, Ă  partir du moment oĂč la personne le dĂ©cide et en Ă©prouve le besoin. Nul besoin de savoir lire et Ă©crire, d’appartenir Ă  tel caste ou telle religion ou mouvement philosophique. Depuis la nuit des temps, des hommes cherchent et disent avoir trouvĂ©, sans pour autant avoir le besoin de vous le prouver autrement qu’en vous invitant vous-mĂȘme Ă  emprunter ces chemins multiples et infiniment variĂ©s qui peuvent vous amener Ă  rĂ©pondre aux nombreuses questions que les croyants et les non croyants peuvent se poser Ă  un moment de leur vie. Ce type de voie exige toutefois et afin de porter ses fruits un grand nombre d’engagements dans le quotidien et est Ă  considĂ©rer comme un vĂ©ritable travail sur soi. L’ñme et l’esprit vont porter attention, grĂące Ă  l ‘exercice, Ă  faire germer, avec de plus en plus d’exactitude possible, la vision de ces mondes invisibles et improbables aux profanes..Une autre de ces voies est l’usage de substances modifiant la conscience, que les chamans du monde entier utilisent depuis des millĂ©naires, pour les besoins de la communautĂ©. Il s’agit lĂ , Ă  nouveau, de travaux ascĂ©tiques oscillant entre initiation, vision et sagesse. OĂč les hommes prennent ces substances en rituel sacrĂ© amenant Ă  ce que l ‘on appelle des rĂ©gressions et oĂč certains sens sont modifiĂ©s physiquement et psychiquement. Le chaman est considĂ©rĂ© comme un sage et fait le bon usage et la bonne manipulation de certains poisons comme le mĂ©decin de la sĂ©cu le fait par ailleurs. Le mot pharmaco vient du mot poison, le remĂšde souvent en est un mais le voici donnĂ© Ă  la bonne dose…Le psychiatre lui aussi est mĂ©decin de l ‘Ăąme. Nous ne pouvons balayer du revers de la main ces milliers d’annĂ©es d’études empiriques et traditionnelles, les mĂ©decines autres que celles qui ont pignon sur rue (et qui s’appelle l’allopathie) sont et seront toujours liĂ©es Ă  l’évolution de l‘Homme. Au temps de l’ Égypte ancienne, l’on soignait l‘homme par l’esprit et non par le physique en utilisant en rituel l’ergot de seigle ( LSD moderne). Oui, MoĂŻse en descendant de la montagne Ă©tait pĂ©tĂ©, sous acide. On ne peut ignorer non plus l’Ayahuasca du PĂ©rou et le bon usage du tabac, les peyotls, la mescaline et autres champignons mexicains ainsi que les potions des druides – mandragore, belladone et datura et l’ iboga africain.Sans oublier que le livre des secrets d’Hippocrate, pĂšre de la santĂ© moderne, est un livre de recettes de cuisine. Souvent, ces substances, autrement que dans le but de soigner la communautĂ©, amĂšnent Ă  des connaissances et des franchissements du seuil du monde spirituel, des visions et en tous cas un voyage garanti dans des sphĂšres du cerveau habituellement inaccessibles… Les chamans ont des vies trĂšs saines et sont rĂ©glĂ©s comme des poules. Une autre voie est celle de la maladie qu’elle soit physique ou psychique ou les deux. Le droguĂ© lui aussi utilise des substances psychĂ©dĂ©liques maladivement, comme les chamans, mais le faisant n’importe comment, il se retrouve dans la transgression. Ses voyages, au lieu de l’ emmener vers quelque libĂ©ration imaginaire, finissent par l’enfermer dans la rĂ©gression et, selon la dope utilisĂ©e, le conduisent Ă  ras-de-terre ou perchĂ©, au point de finir Ă  l’asile, souffrant de dĂ©lires mystiques. Petit joint du matin ne devie pas le pĂšlerin ?. Certaines maladies dites psychiques, entrainent des visions hallucinatoires de toutes sortes. L’esprit se barre Ă  droite Ă  gauche et on ne sait pas bien oĂč. Le malade n’a absolument pas la maitrise et il n’en rĂ©sulte bien souvent que de la souffrance . La maladie avec des causes physiques et organiques, elle aussi, va pouvoir entraĂźner des suractivations pathologiques du pĂŽle psychique. On le voit bien en pneumologie avec le capnique… Dans les deux prĂ©cĂ©dents domaines, on parle de la recherche d’une maĂźtrise plus ou moins consciente, alors que dans le domaine de la maladie, la personne n’a aucune maitrise de ces incursions dans des mondes autres qu’il traverse involontairement. HĂ©, bah voilĂ  ma petite balade du soir, je ne suis pas certain qu’en achetant le bouquin dont je vous parlais,vous y trouviez autant de sornettes que ce qui vient d’ĂȘtre Ă©crit, je me relirai plus tard. Ah oui ! je me souviens : il n’y a que deux choses dans le cosmos : c’est l’amour et la lumiĂšre. Ça fait dix mille ans qu’on vous le dit. La science avance et bientĂŽt la science de la sĂ©cu , celle qui a pignon sur rue et qui actuellement est sortie du fondamentalisme et ne se retrouve que dans l’industriel, bientĂŽt, rejoindra Ă  fond les croyances dont on vous parle lorsque l’on parle d’amour et de lumiĂšre avec enthousiasme (in thĂ©os). La lumiĂšre, ils ont enfin trouvĂ© : tout ce qui est matiĂšre physique est lumiĂšre. On n’est pas loin de comprendre que tout ce qui est psychique est Ă  la base une volontĂ© de vie immatĂ©rielle qui se nomme au sens le plus large possible, afin de comprendre, l’intention originelle de l’amour pur, de celui qui prĂ©cĂšde simplement Ă  la rĂ©alitĂ© physique… Avant la poule et l’Ɠuf, il y avait l’intention crĂ©atrice. Le verbe se fit chair, l’esprit prĂ©cĂšde toujours la pagaille qui en dĂ©coule , AllĂ©luia. Trainez pas trop au rayon Ă©sotĂ©rique de la Fnac et bon dimanche…

MĂȘmes les photographes ont une mĂšre ! Calcutta 2010

Kedar Ghat – Varanasi – 2009.
Premier boitier numérique Clux III

Kedar Ghat
Cela m’a fait du bien de ressortir cette image, prise en Nov 2009 Ă  BĂ©narĂšs.
Photographie prise avec mon premier boitier numĂ©rique qui n’est plus z’en vente depuis 2010, un tout petit Leica Clux3 de 10 millions pixels moins grand qu’un Iphone.
De ça on s’en fout, la flamme de Varanasi ne s’est jamais Ă©teinte.
De regarder cette peinture m’apaise et me laisse rentrer dans les rĂȘves et les songes..
C’est mon endroit prĂ©fĂ©rĂ© de Varanasi, une ville qui m’a complĂštement envoutĂ©, de tous ses innombrables charmes. J’espĂšre m’y rendre Ă  nouveau, histoire d’assister Ă  nouveau au coin du feu Ă  ses grillades si chargĂ©es de dĂ©votions. Tous lĂ  bas et d’ailleurs, se savent Ă  l’endroit de libĂ©ration, sous l’oeil contemplatif et bienveillant de la caste impur mais vĂ©nĂ©rĂ© des Doms. L’Inde a donc tuĂ© la mort. « Ram nam satya hei, »
BĂ©narĂšs purifie tout ce qui entre en son sein, les crĂ©matoires situĂ©s en pĂ©riphĂ©rie des villes en raison de leur impuretĂ©, se trouvent, Ă  Kashi, en plein cƓur de la citĂ©.

Alors ce matin, 10 ans aprĂšs, j’Ă©coute ça: https://www.youtube.com/watch?v=4rURry0UFB8

Ă©crit il y a 10 ans, t’Ă©tais oĂč ? Hot !?! ouais i fait chaud : tempĂ©rature Ă  l ombre entre 37 et 40°… Je suis Ă  BOMBAY. C’est ce building qui entre-autres m’avait donnĂ© l’envie de venir dans cette ville. L’humiditĂ© y est Ă  80% ; ce n’est pas la saison des touristes ni des festivals. Lorsque l’on parle de tourisme en Inde, c’est les pĂšlerinages en fait. Il y a bien entendu une petite masse de voyageurs occidentaux qui se cantonnent souvent dans une rue dĂ©diĂ©e Ă  ça dans chaque ville… II suffit de faire 100 m Ă  pinces et on n’en croise plus ! Il m’est arrivĂ© de marcher des journĂ©es entiĂšres sans en croiser et vous avez beau les croiser avec un sourire, les gens ne vous calculent pas… comme dans notre mĂ©tro, les occidentaux qui se parlent entre eux en Inde sont ceux qui se retrouvent dans des bungalows en bord de plage et prĂȘts Ă  socialiser. Ici dans les rues, c’est moyen, mĂȘme si vous faites l’effort de… je rentre le soir dans des cybercafĂ©s. FaceBook bat son plein. Je dis bonjour… La rĂ©ponse est rare !!! je suis assez sociable et fais souvent l’avance de la parole, c’est ma nature, je sais dire oui et non, m’y tenir et renĂ©gocier mon jugement. Ce que la communication virtuelle a appportĂ© a enlevĂ© aussi beaucoup de mon temps (le vieux con) hĂ©hĂ©… pour prendre un bus ou trouver un hotel fallait Ă  tout prix des infos… LĂ , les gens n’ont plus besoin les uns des autres jusqu’à ce que ???? Fermer ma gueule et fermer tout court je sais faire… Demander aussi… Tant mieux je ne suis pas venu ici pour rencontrer des Blancs. Cela peut arriver et c’est chouette mais ceux qui m’intĂ©ressent, c’est les autres et MOI parmi eux. J’ai retrouvĂ© en Inde mes marques de voyageur : je ne prĂ©pare pas grand-chose, j’y vais, je trouve un hĂŽtel sans chercher et je vais tout voir ! Je marche toujours plus que prĂ©vu… LĂ  oĂč je croyais qu’il y allait avoir quelque chose, je me retrouve parfois sur une avenue qui mĂšne je ne sais oĂč… Je me dirige vers les temples etc… J’achĂšte un plan local, je les trouve super ceux d Inde … Je discutais avec un pote qui me disait : celui qui veut voir autre chose doit aller en Inde !! Il se souvenait de son voyage sac Ă  dos Ă  Benares. Moi j ai passĂ© l Ăąge du sac Ă  dos : je voyage ultra lĂ©ger avec un p’tit sac de cabine Ă  roulettes, je garde toujours un truc propre pour l’avion et la douane ou, si je suis invitĂ© au polo club du Lyon’s, ce qui n’est jamais arrivĂ© ,,,hahahhaaa ,,, Je trouve tout sur place mon petit sac est vide lorsque j’arrive, jsuis pas un bon client tapis ,,,, J’ai un projet sujet de fond : une histoire que je veux raconter sur les gens qui en chient et ceux qui les aident , mon idĂ©e bien prĂ©cise, mon sujet de fond, la belle histoire. Cela fait trois fois que je viens aux Indes… (Ça se dit plus ça fait colon). J’ai l’impression de ne pas avoir commencĂ© ou du moins c’est plus complexe car il y a beaucoup de monde ici et cela met plus de temps dans sa rĂ©alisation… mais je sais que j’avance. L’autre matin, j’appelais avec un payphone un Hollyman local pour approfondir ma quĂȘte ; nos dates ne convenaient pas et c’était trĂšs beau de l’entendre dire : « next time will be the wright time for us too meet each other… ». La rencontre ne s’est pas faite ; je retournerai donc, sans Ă  nouveau vraiment savoir oĂč je vais rencontrer ceux que je cherche. Pour tĂšmoigner de ce qui me parait magnifique … Et en chemin m’arrĂȘterai Ă  nouveau avec ceux qui dans la survie font preuve de foi, et d humilitĂš et qui souvent ont des tronches pas possibles et oĂč je me dis « pitain ça existe ! » Certain ici m’ont touchĂ© en vrai. Je me suis inquiĂ©tĂ© pour eux, certain m’ont aussi rassurĂ© comme cet ange aux ailes dans le dos me rappelant juste : « That’s life ! » Oui, j’oubliais : la vie est dure ici comme partout, mĂȘme si lĂ , cela a pris ou n’a jamais quittĂ© le moyen-Ăąge ,,, D autre pays d’autres lieux attirent le voyageur que je suis : prendre l’avion, dĂ©couvrir d’autres lieux est toujours riche. En regardant le monde, on se connait. En se regardant, on dĂšcouvre le monde… Il y a un temps pour tout au sein de cette alternance… En chemin, le plus chouette est de se retrouver dans le dĂšpouilement avec D.ieu comme interlocuteur, un pote d’ici fb ; Franck H voyant mes images me disait : «tu en mets plein la gueule au crĂšateur »… C’est vrai : le soir, je lui parle avant de m’endormir en me repassant le film de la journĂ©e en rewind … J’ai eu un grand rĂȘve sur la Mort l’autre nuit au petit matin… sans superstition ce n’ùtait pas anodin et il est vrai que ce pays s’y prĂȘte : ces odeurs, ces scĂšnes, cette misĂšre ! Alors je profite au jour le jour car je ne sais pas quand mon avion va pĂ©ter en vol !!! Je ne fais plus ou pas de projets Ă  plus de 3 mois depuis des annĂ©es et trois mois, c’est les grands grands projets… Bon, by ! Paris m’attend. Je m’étais promis de papoter que 15 min, en voilĂ  30…