Jean-Michel Barussaud đŸ“· âœ…

(texte en cours d’Ă©criture)

🙂 Les Ă©diteurs de livres d’art Cohen&Cohen: https://www.cohen-cohen.fr/au-bord-du-monde-le-livre N’hĂ©sitez pas une seconde Ă  offrir ce livre trĂšs bientĂŽt, notre Ă©diteur reverse une somme d’argent pour chaque vente aux ƒuvres de la Mie de Pain. Nouveau lien internet vers le livre : https://www.cohen-cohen.fr/pages/detail.php?id=18

Et quelques autres souvenirs de Jean-Michel ↓

L’ñme honnĂȘte du vieil homme Jean-Michel, 65 ans et sans-abri, en octobre 2012, se met un soir de pluie Ă  l’abri sous un arrĂȘt de bus dans le quartier de la gare d’Austerlitz.

Je me suis trĂšs souvent arrĂȘtĂ© devant de la grille chauffante au bord du passage cloutĂ© oĂč vivait Jean-Michel, au tout dĂ©but du Boulevard de l’HĂŽpital cĂŽtĂ© Jardin des Plantes en face de la gare d’Austerlitz, place Valhubert. À chaque fois c’était la mĂȘme rengaine, tous les maraudeurs de Paris la connaissent


« Ah
 Si j’avais mes papiers ça ferait longtemps que je ne serais plus lĂ . »

14/05/2012 – Sylvain Leser / Le Pictorium

« SatanĂ©es cigarettes, je ne bois pas d’alcool, mais ce tabac, j’aimerais bien m’en sĂ©parer ! »

Il Ă©tait touchant et attachant. Alors j’ai passĂ© du temps avec lui ; nous l’avions “tournĂ©â€ des nuits entiĂšres avec Claus et Nicolas durant une annĂ©e. Chaque soir de tournage, notre point de rendez-vous Ă©tait Ă  100 mĂštres de lĂ , pour lui comme pour les autres
 Ce qu’il nous raconte dans “Au Bord du Monde” est encore une autre histoire, bien plus profonde que les politesses habituelles offertes Ă  ceux qui lui apportent de la nourriture au quotidien et trĂšs souvent remplaçaient aussi son couchage complet. Sa tente Ă©tait rĂ©guliĂšrement enlevĂ©e par la police, il gĂȘnait sans gĂȘner, le bougre. Il crĂ©chait en plein milieu du carrefour ou presque. Tout le monde s’arrĂȘtait ; il Ă©tait sympa et souriant avec tous, il ne faisait chier personne.

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RĂ©alisation Claus Drexel – Image Sylvain Leser – Son Nicolas Basselin…

je l’avais surnommĂ© l’Artilleur d’Austerlitz, je ne sais pourquoi


Je me souviens bien de l’odeur, non pas la sienne, il Ă©tait clean, mais celle de la grille chaude humide et fumante. Une des nuits oĂč nous filmions, elle s’était mise Ă  cracher tout son souffle : il en disparaissait et rĂ©apparaissait dans un brouillard Ă©pais, une atmosphĂšre Lynchienne. J’ai encore ces scĂšnes surrĂ©alistes qui planent dans mes souvenirs… Si nous n’avions pas ça sur la pelloche, j’en serais Ă  me demander si tout ça Ă©tait bien rĂ©el
 Elles Ă©taient trop fictionnelles pour ĂȘtre exploitĂ©es dans le film, un jour peut-ĂȘtre les verrez-vous


                               

J’allais toujours lui chercher un cafĂ© avec deux sucres au McDo avant minuit. Je lui passais aussi un paquet de clopes ou la moitiĂ©. En revenant, j’avais le droit Ă  un : « Avant, j’allais au MarchĂ© d’Aligre
 » 
 et puis c’était parfois d’un coup le roi de l’absence : une apnĂ©e verbale grandiloquente, genre arrĂȘt sur image une fois la cassette usuelle dĂ©bitĂ©e, une suspension du temps magistrale : il dĂ©crochait et partait dans une rĂȘverie… puis revenait si l’on allait le chercher avec un « Ă§a va ? »

                                                                                                                                                                                     

« Ah le bon Dieu, sois bon, sois juste
 Elle est belle la rĂ©compense
 »

Je le connaissais d’avant notre aventure cinĂ©ma, mais Ă  l’époque le voyais rarement, c’est Ă  l’autre bout de chez moi. À la suite du film j’avais tellement pris l’habitude du trajet que j’y retournais automatiquement. Il ne voulait pas lĂącher son prĂ©cieux caddy et ne voulait pas mettre les pieds dans un cinĂ©ma. Alors j’ai amenĂ© l’ordinateur portable et nous avons regardĂ© le film ensemble dans sa tente : il a pleurĂ© avec des larmes chaudes et m’a serrĂ© dans ses bras
 Bouleversant.

Un soir avec une des ses amies du quartier…
« Ah le bon Dieu, sois bon, sois juste
 Elle est belle la rĂ©compense
 »

                             

« Avant, j’allais au MarchĂ© d’Aligre
 »

Il vivait sous le pont avec et pas loin des autres Ă  cĂŽtĂ© de la brigade fluviale avant de monter quelques annĂ©es lĂ -haut et avait passĂ© quelques annĂ©es Ă  la fontaine Saint-Michel. Il Ă©tait Ă  la rue depuis 1996, mĂȘme s’il vous a racontĂ© qu’il n’était lĂ  que depuis un ou deux ans. Il est dĂ©cĂ©dĂ© Ă  l’hĂŽpital le 6 octobre 2017.

Je ne l’avais pas revu depuis la mi-septembre


« Ah… Si j’avais mes papiers ça ferait longtemps que je ne serais plus lĂ . »  

[ Le Livre « Au Bord Du Monde » ci-dessous contient en effet les plus belles photographies autour du film. Toutefois ce que j’ai Ă©crit au dessus n’en fait pas partie. Pour les images, certaines que vous connaissez y sont et d’autres, encore plus fortes, y sont en exclusivitĂ©. Et lĂ  c’est une façon dont je vais pouvoir vous parlez avec du recul de ce qu’ils sont devenus
 ]


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La suite plus tard…

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