Merde in France ! đŸ“· âœ…

Petit article Ă©crit suite Ă  la lecture du LibĂ© du jour et de la photographie symbolique de © Michael Bunel / Le Pictorium: https://www.liberation.fr/france/2020/11/23/a-paris-plusieurs-centaines-de-migrants-installent-des-tentes-place-de-la-republique_1806517, puis des autres mĂ©dias concernant la violence place de la rĂ©pugnante rĂ©publique, de la nuit derniĂšre: 23/24 novembre 2020… j’ai pondu ces souvenirs… ⇣

Un soir de Noël 2011, place de la République, un Turc et deux Bulgares sans-abris se réchauffent avec un sapin.
Les Ă©diteurs de livres d’art Cohen&Cohen
https://www.cohen-cohen.fr/au-bord-du-monde-le-livre 
Costel, un Roumain sans-abri qui dort sous le pont Louis-Philippe de Paris depuis plus de deux ans. Janvier 2013.
Les Ă©diteurs de livres d’art Cohen&Cohen
https://www.cohen-cohen.fr/au-bord-du-monde-le-livre 
Hiver 2012, Gare d’Austerlitz
Le cocon d’un mort vivant…
Ce soir-lĂ , j’irai le sortir de lĂ . Je tournais Wenceslas pour le film « Au Bord Du Monde » avec Claus et Nicolas, lorsque soudain, j’ai vu ce type en face Ă  cĂŽtĂ© de la gare sur le trottoir dĂ©sertĂ©, vers 2h du mat une nuit d’hiver humide et glaçante, dĂ©sespĂ©rĂ© et transi de froid, arracher un sac-poubelle de l’abri de bus et retourner s’allonger sur sa bouche de chaleur: la condensation commençait Ă  se faire, il allait mourir gazĂ© et Ă©touffĂ©, cherchant par rĂ©flexe cet abri de malheur… Alors, tout naturellement et juste pour ne pas le voir crever comme ça, je l’ai sorti de lĂ . Un piĂ©ton tardif a assistĂ© Ă  la scĂšne et en passant m’a dit juste avec des grands yeux : « Flippant ! » Je lui ai refilĂ© le parapluie du moment pour qu’il finisse sa nuit assis. Quelques jours aprĂšs je l’ai croisĂ© : mĂȘmes fringues Ă©videmment mais loin d’ĂȘtre un clochard, juste un sans boulot, sans argent, sans famille active, sans toit et en rupture avec que sais-je ? Ils sont nombreux lĂ  Ă  Paris, cette nuit… Un de plus va crever tout seul comme une merde. Donnez un coup de main aux grandes associations sĂ©rieuses et aux structures de l’État. Eux seuls peuvent et doivent faire quelque chose de dĂ©cent.
Comme eux par exemple: ❀ https://www.miedepain.asso.fr/au-bord-du-monde-le-livre-et-blu-ray/ mais pas que non plus…

« Les enfants oubliĂ©s de Paris » janvier 2015 –
Les Ă©diteurs de livres d’art Cohen&Cohen: https://www.cohen-cohen.fr/au-bord-du-monde-le-livre

Merde in France !

C’est vers 2010 que ma quĂȘte photographique auprĂšs des grands exclus m’a rendu insomniaque et que j’ai arpentĂ© durant des annĂ©es, chaque nuit jusqu’au petit matin les bas fonds de Paris ville lumiĂšre. J’ai rencontrĂ© des milliers d’ñmes errantes avec qui j’ai partagĂ© quelque chose et parfois je leur ai tirĂ© le portrait au milieu de ce qu’ils vivaient. Novembre et dĂ©cembre sont des mois durs, l’humiditĂ© glaçante s’installe et pĂ©nĂštre les chairs, il va falloir se calfeutrer et attendre pĂ©niblement que ça passe, si cela passe.

L’étĂ© c’est pas mieux: les miasmes sont virulents, les chiffres le disent, ça fera autant de morts dans les rues. J’y croisais aussi les acteurs du terrain, je me suis fait plein de copains, la misĂšre a besoin de compagnie. Parfois on m’a demandĂ© : « Mais combien sont ils ? ». Alors je rĂ©flĂ©chissais pour essayer de ne pas dire une connerie et me remĂ©morer quelques 9000 qui dormaient dans des conditions dĂ©sastreuses en intra muros en dehors des refuges et des structures, par sĂ©curitĂ© proches des lumiĂšres qui ne s’éteignent pas, d’oĂč le titre d’une de mes sĂ©ries: “ les cloches des monuments ”.

La plupart restaient gisants ou terrĂ©s sous un porche dans des cartons, sur des bancs, dans des buissons, des talus, sous des ponts, dans le mĂ©tro, en plein carrefour, sur une bouche de chaleur quelconque, sur une voie rapide, dans des trous, des tunnels, dans la merde Ă  chaque fois avec toujours les rats qui ne perdent pas une miette de ces scĂšnes sordides. Le Samu social en dĂ©nombrait autant. Parfois je voyageais pour prendre l’air ailleurs sur un autre continent pour regarder et pouvoir comparer, prendre du recul sur chez nous.

Vers 2012 je sentais que le nombre de personnes livrĂ©es Ă  la survie allaient augmenter. Je n’ai pas documentĂ© cette partie de notre histoire, celle de l’arrivĂ©e des rĂ©fugiĂ©s qui d’ores et dĂ©jĂ  vivaient des trucs franchement inadmissible Ă  Grande-Synthe, Calais ainsi que les arrivĂ©es morbides et les sauvetages en Mer MĂ©diterranĂ©e. Toutefois j’ai un peu suivi ce qu’il se passait avec les mineurs Ă©trangers isolĂ©s boulevard de la Villette et le sketch quotidien pour les assocs et la ville qui se battaient pour leur trouver un abri chaque nuit. Ces gamins dans la ville, le ventre vide. C’était effrayant de les savoir Ă  la merci des pĂ©dophiles et autres prĂ©dateurs qui tournaient autour.

Lorsque je lis les propos rĂ©cents d’un Zemmour Ă  leur sujet, je suis choquĂ©. Dix ans aprĂšs, le nombre de personnes qui vivent dans des conditions honteuses s’est multipliĂ© par deux ou trois j’imagine et en plus ils se font taper sur la gueule, c’est dĂ©gueulasse.

C’est une photographie de la place de la RĂ©publique et des violences de la nuit, d’un photographe de l’agence Le Pictorium, paru ce jour dans LibĂ© qui m’a poussĂ© Ă  vous raconter ça. ↓

(https://www.liberation.fr/france/2020/11/23/a-paris-plusieurs-centaines-de-migrants-installent-des-tentes-place-de-la-republique_1806517 & l’Ă©dito de Polka: http://www.polkamagazine.com/la-journee-des-dupes/ © Michael Bunel / Le Pictorium.)


Paris vidĂ© de ses habitants de la journĂ©e, nous l’avons filmĂ© une annĂ©e avec Claus Drexel, qui nous en a fait le chef d’Ɠuvre qu’est  » Au Bord Du Monde « . Ce film qu’il faut voir est tristement et toujours d’une grande actualitĂ©. DĂšs que les salles de cinĂ©ma rĂ©ouvrent, allez voir son nouveau film : « Sous Les Étoiles de Paris » oĂč une clocharde (Catherine Frot) qui, elle seule pouvait jouer ce rĂŽle !, vit une aventure bouleversante avec un Ă©mouvant gamin rĂ©fugiĂ©.

La Chapelle → vers BarbĂšs-Rochechouart. À chaque fois que je passe par lĂ , j’hallucine ! 2015

Le Livre « Au Bord Du Monde » ci-dessous contient en effet les plus belles photographies autour du film, Toutefois ce que j’ai Ă©crit au dessus n’en fait pas partie, (heureusement j’allais dire, ça reste un blog), et c’est la façon dont je vais pouvoir vous parlez avec du recul de ce qu’ils sont devenues…

Nouveau lien internet vers le livre : https://www.cohen-cohen.fr/pages/detail.php?id=18

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